L'engagement au feminin - Table ronde enregistrée à Avignon avec Emilie Avias, Ingrid Balcer, Laetitia Beauvois et Aurélie Lecaudey

L’engagement au feminin – Table ronde Talent’elles avec l’APEC Avignon

Qu’est-ce que signifie : s’engager au féminin ?
Lors de la journée Talent’Elles organisée par l’APEC Avignon, j’ai eu le plaisir d’animer une table ronde où quatre femmes du territoire ont partagé leurs expériences et leurs convictions. Un sujet qui me touche particulièrement et qui résonne avec l’esprit d’Esperluette à l’écoute du Vaucluse : donner la parole à celles qui font bouger les lignes dans le Vaucluse, pour inspirer ici et partout en France.

Avec moi autour de la table :

  • Émilie Avias : Directrice générale chez FDS
  • Ingrid Balcer : DRH Spie Batignolles Valérian et Présidente de l’ANDRH Vaucluse et Vallée du Rhône
  • Laetitia Beauvois : Directrice artistique de l’agence de communication Jenesuispasuneagence & Présidente du CJD
  • et Aurélie Lecaudey : Déléguée Générale du MEDEF Vaucluse 

Pendant près d’une heure, nous avons échangé avec ces femmes aux parcours variés, pour montrer que l’engagement peut prendre mille formes, qu’il soit professionnel, personnel, associatif, culturel ou citoyen.

Pourquoi parler d’engagement au féminin ?

Parce que dans le Vaucluse comme ailleurs, les femmes s’impliquent, s’organisent, portent des projets… mais elles doivent encore composer avec des freins visibles & invisibles, des (mauvaises) habitudes bien ancrées, ou tout simplement un manque de reconnaissance.
Et pourtant, leur engagement forme notre société, change la vie des équipes, des associations, des entreprises, des territoires.

Ce que j’ai retenu de la table ronde

  • Prendre sa place, même quand elle n’est pas donnée d’emblée.
  • Ne pas rester seule : l’engagement est toujours une aventure collective.
  • Penser aussi à celles qui viendront après : ouvrir la voie, transmettre, rendre possible.

Autant de paroles fortes que vous retrouverez dans l’épisode que je vous propose d’écouter… ou de lire, puisque la retranscription complète est disponible plus bas dans cette page.

Les références citées dans cet épisode

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Marie-Cécile Drécourt - production de podcast à Avignon, Carpentras, Vaucluse, Monteux, Orange. Credit Photo : Audrey Papadopoulos

Produit par Marie-Cécile Drécourt

Productrice des podcasts Esperluette à l’écoute du Vaucluse & Esperluette en Mode Festival depuis 2018, je donne la parole aux acteur·ices locaux et aux initiatives culturelles et sociales de notre territoire.
Avec 20 ans d’expérience en communication, j’accompagne aussi les entreprises, associations et indépendant·es du Vaucluse et de la Région Sud dans la création de leur podcast.

👉 Plusieurs manières de travailler avec moi :
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Pour les malentendant·es ou celles & ceux qui préfèrent lire, l’épisode est entièrement retranscrit ci-dessous :

Marie-Cécile : Bienvenue à toutes à cette table ronde et à cette journée. Merci à l’APEC d’organiser cette journée et nous accueillir. Moi je suis vraiment ravie d’être là. Je suis Marie-Cécile Drécourt, productrice de podcast. Je produis aussi un podcast avec Valérie Legendre sur le recrutement : « Parlons recrutement« . Et dans mon métier, j’ai la chance de donner la parole aux femmes et aux hommes aussi, mais principalement des femmes, pour que ces personnes parlent de leur passion, de leur métier, de leur création artistique, de leur association. Donc évidemment, quand l’APEC m’a appelée pour participer à cette table ronde et l’animer, j’étais ravie de pouvoir le faire. Parce que l’engagement féminin, je pense que c’est vraiment quelque chose qui est important et qu’on s’engage toutes d’une manière ou d’une autre dans notre famille, dans notre vie professionnelle. Et aujourd’hui, on a la chance d’avoir quatre intervenantes qui vont essayer de vous parler de leur parcours, vous présenter leur entreprise, de leurs associations aussi. Je vais commencer par Ingrid. Est-ce que tu peux te présenter rapidement et nous expliquer quelle est ton entreprise ? Et puis aussi, qu’est-ce que c’est l’ANDRH ?

Présentation d’Ingrid Balcer

Ingrid : Bien sûr. Donc Ingrid Balcer, je suis originaire du nord de la France. J’ai su assez vite dans la vie que je voulais faire des ressources humaines, que ça allait être un métier, mais que ça allait être presque un métier passion, comme dit ma fille. Et donc, j’ai suivi un parcours assez classique. Je suis descendue dans le Sud de la France, sur Aix-en-Provence, pour faire ce qu’on appelait à l’époque un DESS, parce que je suis quand même un dinosaure maintenant. Et puis, je suis restée en région PACA. Je m’y suis trouvée quand même pas mal, il faut bien se le dire, d’abord dans les services, dans des petites structures, mais j’ai toujours voulu être Responsable Ressources Humaines. Donc, je n’ai pas failli à ça, c’est-à-dire que j’ai commencé comme RRH dans des petites structures. Et puis, petit à petit, j’ai été dans l’industrie agroalimentaire pendant une dizaine d’années.

Et puis aujourd’hui, je me retrouve dans le BTP, donc Spie Batignolles Valérian, c’est un groupe du BTP qui est un groupe assez gros au niveau national, qui fait 8-9 000 collaborateurs. Et je m’occupe plus particulièrement de la branche terrassement, on va dire. Et Valérien se situe à Sorgues, où on a 500 collaborateurs sur tout le territoire, par contre. Et j’ai également en charge une filiale plutôt en région Rhône-Alpes de 200 salariés. Voilà pour le parcours professionnel.

Pour l’ANDRH, comme je vous l’ai dit, ça fait très longtemps que j’aime ce métier. Chaque année, je m’émerveille encore de ce métier. Et donc, c’était assez naturel, et c’est à l’école que j’ai connu l’ANDRH, comme on en avait parlé au cours de mes études. Un regroupement de RH qui échangent entre eux, je trouvais ça encore plus formidable. Et donc, assez vite, quand j’ai eu un CDI et que je me suis un peu installée dans le Vaucluse, j’ai été adhérente de l’ANDRH. Et il y a trois ans, après Covid, l’association a eu quelques difficultés, on va dire, comme beaucoup, puisqu’il y avait moins de monde qui se regroupait. Et donc, du coup, un petit appel de mes collègues pour reprendre le flambeau. Et c’est ce qu’on a fait. Et du coup, on est parti d’assez bas, je dois dire, en termes de membres. Et aujourd’hui, on est une petite trentaine. Alors, ça reste très modeste. Mais l’objectif, c’est aussi qu’on puisse justement partager. Donc, on a huit réunions par an à différents moments, sous différents formats, qui se veulent aussi un peu conviviaux pour échanger sur notre métier, sur nos problématiques, sur nos interrogations, sur des dysfonctionnements, etc. De toutes tailles et de toutes typologies de métiers.

Présentation d’Aurélie Lecaudey

Marie-Cécile : Merci beaucoup. On va passer le micro à Aurélie. Aurélie, déléguée générale du MEDEF Vaucluse. Quand on a préparé la table ronde, tu m’as dit que tu étais arrivée là un peu par hasard. Est-ce que tu peux expliquer et réexpliquer peut-être ce que c’est le MEDEF ? Parce que c’est un nom qu’on entend souvent, mais peut-être qu’on ne connaît pas vraiment ce que vous faites.

Aurélie : Effectivement, donc, je suis Aurélie Lecaudey. J’ai fait, moi aussi, un DEA et un DEESS, donc du temps des dinosaures en droit, en droit des contrats et droit des affaires. J’ai travaillé pendant très longtemps en collectivité territoriale comme directeur des marchés publics. J’étais à Nice pendant de longues années. Je suis revenue dans le Vaucluse pour des raisons personnelles. Mon mari était là. Voilà, donc comme Directeur général des services dans une collectivité. De la volonté de changement, j’ai basculé sur un poste de collaborateur parlementaire. Là, c’était pour un peu rechercher le côté politique en me disant peut-être que je réintégrerai une collectivité, mais côté cabinet politique. Bon, ça, c’est pas fait, mais pour xx raisons, parce que finalement, c’était pas ce, forcément, à quoi je m’attendais. J’avais pas forcément, finalement, l’appétence pour ça.

Voilà, j’ai eu une fille. J’ai arrêté de travailler pendant quelques années pour m’occuper d’elle. J’ai un mari qui est souvent absent. Donc, il a fallu que je me dise, bon, maintenant, je vais retrouver du travail. Parce que rester à la maison, c’était pas dans mon ADN.

Quel travail ? Pour me laisser du temps, donc, je me suis orientée vers l’enseignement. Donc, j’ai tout repris à zéro. Pendant trois ans, j’ai été remplaçante en cours de français en collège. Ça a été passionnant, mais il me manquait quelque chose. C’était pas ma vocation. Et je suis arrivée, donc, au MEDEF, par hasard.

Donc, le MEDEF, le Mouvement des entreprises de France, donc, qui existait dans le Vaucluse. Je suis arrivée en septembre 2023 comme chargée de développement et communication dans une structure qui était un peu vieillissante et, voilà, qui n’était pas très dynamique. À tel point que le MEDEF national s’est dit, on va radier cette association. On va lui enlever la marque MEDEF parce qu’elle ne remplit pas le cahier des charges sur le territoire. Et on va créer une nouvelle association. Donc, il y a eu un nouveau MEDEF qui a été créé en mars 2024. Donc, on va fêter son premier anniversaire bientôt. Et j’ai été recrutée par le MEDEF national pour m’occuper du développement de ce nouveau MEDEF.

Donc, le MEDEF, qu’est-ce que c’est ? C’est une organisation patronale. On a des entreprises qui sont adhérentes. On a des fédérations professionnelles qui sont adhérentes. On est porteurs de mandats patronaux. Donc, avec le MEDEF, les chefs d’entreprise peuvent s’engager dans des mandats, dans des instances paritaires. Donc, par exemple, les conseillers prud’hommes. On a des mandataires à l’URSSAF, à la CPAM, à la CAF, dans les instances de santé au travail. Voilà. Le MEDEF Vaucluse est reparti de zéro, avec zéro adhérent l’année dernière. Voilà. Donc, on était… Enfin, je dis « on », mais j’ai… Voilà, parce que j’étais toute seule. J’avais un président par intérim qui était le président du MEDEF régional.

Donc là, on a maintenant, je dirais… 120, 130 adhérents. On a les plus grosses entreprises du département qui sont adhérentes. Nos entreprises adhérentes vont de zéro salarié jusqu’à 800. On a absolument toutes les typologies d’entreprises qui sont représentées. Donc, ça va de l’industrie, de la chimie, du BTP à la start-up. Enfin, vraiment, on a absolument tous les cœurs de métier. On a une dizaine de fédérations professionnelles aussi qui sont adhérentes. Donc, on redémarre plutôt bien. On a un nouveau Président depuis le mois de novembre, qui est quelqu’un de formidable, qui s’appelle Roland Paul, qui est le président de GSE à Avignon. Donc, voilà, je ne sais pas si vous connaissez cette entreprise qui est une très belle ETI sur le territoire. Et ça redémarre plutôt bien. Et donc, depuis le 1er janvier, je suis salariée maintenant par ce nouveau MEDEF Vaucluse en tant qu’en qualité de déléguée générale. Voilà, donc c’est un titre. C’est très bien, mais voilà, le quotidien est le même. Mais c’est passionnant et j’adore, j’adore, j’adore ce que je fais !!

Présentation d’Émilie Avias

Marie-Cécile : Ça se sent, merci beaucoup. Émilie, tu es Directrice générale chez FDS, donc France Détection Service. Tu m’as dit que toi, ce qui t’avait animée dès le départ, c’était une indépendance. Je pense que c’est ta manière de t’engager dans ta vie professionnelle. Est ce que tu peux nous raconter aussi toi ton parcours et comment t’es arrivée jusqu’à FDS ?

Émilie : Alors, ça a été moins linéaire que les précédentes, mais j’ai beaucoup de points communs puisque je viens du Nord aussi. On est nombreuses. Je le revendique parce que c’est important pour moi et puis c’est ancré en moi.

J’ai fait des études. Au départ, je suis partie dans le droit parce que je voulais être commissaire de police. Alors j’ai dit, allez, on va faire du droit. Donc, j’ai encore un point commun. J’ai fait un peu de droit et puis j’ai dû financer mes études parce que mes parents ne m’ont pas aidé. Donc, à 18 ans, il fallait que je paie mes études. Donc, j’ai commencé à travailler et c’est là où on commence à trouver l’indépendance parce que je travaillais, c’était super bien. Je n’avais plus du tout envie d’aller faire mes études.

Donc, en fait, j’ai arrêté de faire mes études et puis j’ai travaillé. Je faisais des petits boulots. J’étais je travaille dans des restaurants, dans la téléphonie. Il y a beaucoup de téléphonie dans le Nord : Orange, Boulanger, tout ça, voilà. Et puis, à un moment, j’ai rencontré quelqu’un dans un de mes boulots qui m’a dit « Tu ne veux pas passer une étude graphologique parce que, OK, tu fais ça, mais bon, peut-être que tu pourrais faire autre chose. » Et puis, peut-être que ça se voyait que j’étais motivée à faire plein de choses. Je parle de ça parce que j’en ai parlé et je trouve que ça m’a déclenché quelque chose. Je me suis dit bon, peut-être que je pourrais reprendre mes études.

Donc, j’ai repris mes études à zéro. J’ai fait AES. Donc, ça faisait un petit peu tout de la compta, des RH, de l’économie, de la finance. Je me suis passionnée pour l’économie. J’ai dit bon, on va faire un master économie. Là, j’ai découvert le marketing. Je suis passionnée pour le marketing. Voilà, toutes des choses qu’en fait, pendant les études, on ne connaît pas. Et puis, au fur et à mesure, j’ai découvert plein de nouvelles choses. J’étais dans le public puisqu’il fallait toujours financer mes études. Et grâce à ma motivation et à mon envie de faire de nouvelles choses, la fac m’a permis de m’offrir une école privée. Donc, j’avais un double cursus. J’ai intégré une école privée où j’ai rencontré mon mari. Lui, il avait un seul objectif. Lui, c’est un entrepreneur dans l’âme. Et donc, il voulait reprendre une entreprise dans le sud. Parce que lui, il est de Nîmes, donc on s’est rencontrés dans le nord. Mais lui, il voulait revenir dans le sud. Il m’a dit : « Moi je vais reprendre une entreprise du commerce ». Donc des créateurs d’entreprises qui sont les primo créateurs. Donc, il n’y avait pas eu de revente entre deux. Il a visité plusieurs entreprises : un concessionnaire moto, un supermarché. Et on a été visiter France Détection Service à L’Isle-sur-la-Sorgue en plein hiver avec du Mistral. Je me souviens, ça ne donnait pas du tout envie, je vous le dis. J’étais glacée, c’était pire que le Nord !!

Et puis voilà, ça a avancé sur la démarche de racheter cette petite entreprise qui faisait un peu moins de 2 millions et qui avait six collaborateurs. C’était un couple qui avait l’entreprise. Et donc il a dit on va avancer et tout. Moi : Qu’est-ce que je vais venir faire dans le Sud ? Et on m’a dit c’est un couple, t’as qu’à essayer de travailler avec lui. On verra bien ce que ça va donner. J’ai dit OK. Comme je disais, ça fait plus de 15 ans que je ne me demande pas ce que je fais tous les jours.

Voilà, donc j’ai commencé à… Grâce à mon parcours, je savais faire plein de choses. Je me suis donnée à fond dans cette entreprise en faisant tout ce qu’on peut faire dans une entreprise. Donc les fournisseurs, la compta, les RH, les achats, le commerce, etc. Et puis, au fur et à mesure, ça a grossi. Aujourd’hui, on est 140, on fait 50 millions. Et donc aujourd’hui, je m’occupe plus spécialement des RH parce que je pense que c’est le côté humain qui me porte et qui m’anime depuis tout le temps.

Et nous, on vend pour répondre sur ce que fait France Détection Service. À la base, ça vient de la passion de quelqu’un à vendre des détecteurs de métaux pour chercher des trésors. Et aujourd’hui, c’est à peu près les mêmes outils, mais aussi pour les professionnels. On fait tout ce qui est réseau enterré. Donc on cherche des fuites, on détecte des canalisations, on passe des caméras d’inspection, etc. On vend principalement en France, on essaye l’international. Voilà, on est sur tout le territoire et notre siège est au Thor.

Présentation de Laetitia Beauvois

Marie-Cécile : Et enfin Laetitia. Alors Laetitia, tu es fondatrice et Directrice artistique de l’agence de communication Je ne suis pas une agence. Et Présidente du CJD, le Centre des Jeunes Dirigeants. On va voir que la communication, c’est important aussi dans le parcours professionnel. Toi, ce que tu m’as dit, c’était que ce que tu avais envie, avec le CJD notamment, c’était de mettre l’entreprise au service du vivant.

Laetitia : Oui, tout à fait. Ça, c’est vraiment la raison d’être du CJD. Après, je vais parler moi aussi de mon parcours. Alors moi, je ne viens pas du Nord-Nord, mais du Nord-Ouest. Je sens un peu la pression de devoir mettre mes origines en avant (rires). De Normandie. Donc j’ai grandi à Normandie. J’ai fait un bac éco, tout classique. Et puis en fait, moi, je ne me voyais pas du tout faire AES, ce genre de choses. Je n’avais pas du tout cette mentalité. Et du coup, je suis partie dans l’art appliqué. J’ai fait un BTS d’art appliqué, design graphique et communication visuelle. Et j’ai dû monter à Paris pour ça. J’y suis restée 18 ans. J’ai bossé 15 ans en agence de publicité.

Alors, on parlait aussi beaucoup d’égalité, de bienveillance. Les agences de pub, il y a 10 ans, ce n’était pas vraiment ni bienveillant, très machiste, etc. Donc, en même temps, j’y ai fait mon trou. Je suis partie à Bordeaux suite à la naissance de mes jumelles. Donc, j’avais déjà un enfant. On habitait 30 mètres carrés à Boulogne. Des jumelles en plus, c’était très compliqué. Donc, on a décidé de quitter Paris. On voulait vivre ailleurs. On est parti pour Bordeaux avec absolument zéro job. Mais on avait 35 ans, 40 ans. Et on avait la croyance qu’on pouvait y arriver. Du coup, à Bordeaux, il y a quand même nettement moins d’agences de com. Donc, c’était extrêmement difficile de trouver un poste. En plus, la croyance qui est « je suis parisien, tout savant, je vais arriver et je vais vous sauver de votre médiocrité », en fait, c’est totalement faux parce qu’il y avait déjà plein de parisiens avant qui sont arrivés.

Du coup, j’ai commencé parce qu’on m’a toujours dit « il vaut mieux être quelque part que nulle part ». Et ça, je trouvais ça intéressant. Donc, j’ai commencé en freelance et j’y ai pris goût. J’avais plus aussi de paternaliste à me dire « c’est pas bien ce que tu fais, tu devrais regarder derrière les écrans des autres, on se fait un petit hôtel entre midi et deux ». J’avais qu’à me plaindre à moi-même si j’avais du chiffre, pas de chiffre et ce que je faisais. Et donc, voilà, c’est pas toujours facile. Mais en tout cas, il y a une forme de liberté qui me convient.

Et puis, on a redéménagé, suivi du conjoint pour Avignon. J’avais déjà fait des réseaux sur Bordeaux, plutôt type BNI, ce genre de choses et j’avais entendu parler du CJD. Donc, en arrivant ici il y a 5 ans, je suis rentrée en tant que membre au sein du Centre des Jeunes Dirigeants, dont les valeurs premières sont effectivement l’entreprise au service du vivant. Alors, c’était au service de l’humain avec un grand H, de l’homme et de la femme. Mais il y a une touche très importante aussi au sein du CJD qui est la transformation écologique, la transformation des entreprises pour essayer d’être plus pérenne à la fois en social, en environnemental, etc.

Et puis, j’ai été co-opté. Donc, je ne me suis pas présentée type Emmanuel Macron avec ma bande. Je ne m’y attendais pas du tout. En fait, j’ai trouvé ça, j’étais hyper fière que sur les 57 membres. Donc, je me suis dit tiens, c’est cool, allons-y, osons ! Et puis, de toute façon, je ne suis pas toute seule. Il y a tout un bureau qui m’accompagne. Mais en tout cas, je suis très fière d’essayer, de tenter, d’améliorer, d’expérimenter sur la section du CJD.

Le CJD, c’est un réseau national à la région et au national et on a beaucoup de formations. L’idée, c’est vraiment l’école du dirigeant, donc de devenir un meilleur entrepreneur, meilleur dirigeant, de travailler le management transversal, de proposer la semaine de quatre jours, d’expérimenter tout un tas de choses et aussi pour que ça redescende dans nos entreprises. Donc, quand on est un meilleur dirigeant, on est aussi un meilleur leader, un meilleur patron, un meilleur RH, etc. Et puis, on ne nous apprend pas à être dirigeant. On ne nous dit pas, tiens, il va falloir que tu fasses. On sait faire nos métiers. Donc, moi, je suis directrice artistique, mais je ne sais pas faire la prospection. Je ne suis pas commerciale, je ne suis pas comptable, etc. Et tout ça, il va falloir le devenir et avoir cette vision globale. Voilà, suivre ses rêves et essayer de les mettre en pratique, c’est ce qui m’anime. Voilà.

S’engager, qu’est-ce que ça signifie ?

Marie-Cécile : C’est pas mal ! Justement, tu parlais d’oser et le fait de se lancer. On parle d’engagement aujourd’hui. En quelques mots, pour vous, ça veut dire quoi s’engager ? Vous êtes dans des associations, vous avez votre engagement professionnel, votre famille. Ça veut dire quoi pour vous s’engager ?

Laetitia : Moi, c’est assez naturel dans ma personnalité de m’engager ou d’aller de l’avant, d’aider les autres aussi. Il y a quelque chose de très satisfaisant à l’engagement. De voir que ce qu’on peut apporter aux autres, ça les fait avancer ou ça les fait se remettre en question, en toute bienveillance, évidemment. Donc, je suis quelqu’un d’engagé naturellement.

Ingrid : Moi, je dirais que c’est mettre son énergie au service des autres, en fait. Pour moi, l’engagement, c’est ça. Aussi bien dans ma vie professionnelle qu’à l’ANDRH. J’essaye de vraiment faire que les gens soient bien là où ils doivent être et que du coup, ça se passe le mieux possible pour eux. Donc, dans la vie professionnelle, c’est les collaborateurs dans l’entreprise, forcément. Parce que l’entreprise a gagné aussi. Et puis, côté ANDRH, c’est ce partage justement, cette énergie commune, ce boost quand justement quelqu’un est un petit peu plus en difficulté, etc. Donc, s’engager, c’est mettre toute son énergie au service des autres.

Émilie : Oui, c’est donner un peu de soi, de son temps, de son énergie. Moi, j’étais très heureuse aussi d’être au CJD. Je pense aussi, quand on a des enfants, faire partie des assos d’école. Moi, je l’ai fait pendant longtemps. Donc oui, c’est vraiment donner de l’énergie parce que je pense quand même que ça en prend. Mais c’est tellement satisfaisant aussi d’apporter des choses et puis de pouvoir voir les gens en profiter. C’est ça, s’engager.

Aurélie : Oui, c’est ça, s’engager. Je suis d’accord. Moi, par exemple, je suis administratrice de l’OGEC de l’école où est scolarisée ma fille. Donc voilà, c’est un engagement. Et après, dans le cadre du travail, je pense que c’est peut-être pouvoir réussir à mettre ses idées en musique. Je vois, par exemple, le Vaucluse qui est un département très pauvre. Le cinquième département le plus pauvre de France, mais il y a de très, très belles entreprises. C’est de pouvoir réussir justement à réunir tous ces chefs d’entreprise et voir qu’est-ce qu’on peut faire ensemble pour le territoire, pour les rapprochements. Je vois qu’il y a l’Université qui est là, les rapprochements école-entreprise, aller chercher les gens qui sont éloignés du travail depuis longtemps. Donc en fait, tout ça, je pense que c’est un engagement aussi. Ça fait partie en tout cas de mon engagement.

Être une femme dans un secteur masculin, y a-t-il des freins ?

Marie-Cécile : Merci. Alors, on a vu vos parcours. Alors, ce n’était pas une obligation de venir du nord de la France pour participer aujourd’hui (rires). On a entendu que plusieurs d’entre vous étaient dans des secteurs très masculins. On a le BTP, FDS, c’est pareil c’est très masculin. Comment ça se passe aujourd’hui, en 2025, en tant que femme dans un secteur masculin ?

Ingrid : Alors, ça se passe très, très bien parce que figurez-vous que les hommes sont très, très respectueux dans le BTP puisqu’il n’y a pas beaucoup de femmes. Et en plus, j’ai un poste quand même de direction. Donc, c’est vrai que j’oublie toujours que je fais un peu peur. Il faut bien être honnête. Le DRH dans une entreprise, ça fait un peu peur. Donc, moi, je ne m’en rends pas du tout compte. Et donc, effectivement, j’ai plutôt été très respectée.

Par contre, ce que j’ai trouvé, parce que j’ai toujours été plutôt dans des ambiances mixtes précédemment, et on dit souvent que travailler les femmes ensemble, c’est un peu difficile parce que ça se monte la tête, etc. Travailler dans un milieu masculin, on ne s’imagine pas, mais en fait, les hommes ont un égo. (rires) On ne sait pas forcément trop ce que c’est, nous. Et donc, en fait, quand je suis arrivée, quand même, malgré tout, on va dire plutôt dans la sphère de direction, j’ai été bien accueillie encore une fois. Mais c’était à celui qui allait parler plus fort, qui allait tirer un peu la couverture à lui, etc. Et donc, je pense que la mixité a vraiment du bon. Donc, mon précédent job, j’avais le fondateur de l’entreprise qui était vraiment exceptionnel, qui est très connu dans la région, Yves Bayon de Noyer, qui disait toujours que la mixité avait du bon à tout niveau, que ce soit homme, femme, plus ancien, plus jeune, arrivé dans l’entreprise, etc. Parce que ça donnait un angle de vue complètement différent et ça équilibrait. Et j’ai compris quand je suis arrivée dans le BTP ce qu’il disait, en fait.

Être la femme de …

Marie-Cécile : Et Émilie, en dehors de travailler dans un secteur très masculin, tu es aussi la femme de…

Émilie : Oui, c’est ce que j’avais évoqué quand on s’est parlé. Je rejoins vraiment ton expérience sur les hommes. Je les recrute tous, donc ils passent par moi. Et puis bon, mais j’essaie vraiment de mettre une proximité. Donc on se tutoie. J’essaie vraiment d’être proche de tout le monde, aussi bien des hommes que des femmes. Souvent, ça les touche quand il y a des difficultés dans leur vie et qu’on les appelle, qu’on leur parle. Ils n’ont souvent pas l’habitude de ça. Après, ça n’empêche qu’ils peuvent penser des choses derrière et qu’on ne le saura jamais.

Et puis oui, j’évoquais parce que nous, on est un couple. Avec mon mari, je me posais la question et je me dis au début, c’était toi le dirigeant. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, c’est nous les dirigeants. Il y a une évolution dans le ressenti des collaborateurs. Mais n’empêche qu’encore hier, j’y ai repensé parce qu’hier, il y avait un fournisseur qui venait. On fait la visite et c’est Émilie, c’est la femme de Vincent. Non, je ne suis pas ça. Je suis ça, mais pas que.

Marie-Cécile : Comment tu réagis quand c’est comme ça ?

Émilie : Alors bon, je prends la rigolade. Après, c’est vrai que je ne suis pas une grande féministe dans l’âme. C’est-à-dire que moi, je ne vais pas me braquer. Je leur dis, moi, je m’occupe des RH. Je suis là depuis autant de temps que Vincent. Mais même Vincent hier me l’a dit parce que les gens, en effet, souvent, ils le voient lui. Et voilà, j’avais aussi raconté une anecdote très personnelle sur la notaire et sur notre contrat de mariage où elle avait tout fait pour pas que j’aie des parts de la société parce que c’était Vincent. Et il a dit, mais Émilie, elle est avec moi depuis le début et on a tout fait ensemble. Mais de la vision des gens et souvent des femmes, d’ailleurs…

Marie-Cécile : Parce que c’est une notaire.

Émilie :Oui, c’est une notaire. Et puis souvent, les femmes, je pense qu’elles ont une autre vision. Et donc, c’est peut-être… On a peut-être plus à notre place à se faire auprès des femmes que des hommes. Je suis en train de me dire. Donc, voilà, non, je réagis pas mal. C’est juste après, je leur dis bon, peut-être que j’apprécie moins que tu me présentes comme la femme de Vincent. C’est moins important que ce que je fais dans l’entreprise.

Marie-Cécile : Mais il y a quand même une mixité dans l’entreprise. Alors, tu me disais que c’était plutôt dans les bureaux, les femmes et sur le terrain…

Emilie : Oui, nous, on a quand même… Alors, on n’est pas du tout à l’égalité hommes-femmes. On est environ 30, 40 % de femmes. Et pourtant, si on vient chez FDS et qu’on demande aux… Tous les collaborateurs d’FDS, ils ont l’impression qu’il y a plus de femmes que d’hommes. Donc, c’est qu’on est là. On est représentés à des postes clés. Et puis, on est là en nombre dans les bureaux.

Donc, c’est vrai que nous, on a beaucoup de commerciaux qui sont salariés de FDS, mais qui sont itinérants, donc, on les voit pas toujours. Et là, c’est beaucoup d’hommes parce que c’est quand même un métier où on travaille avec les TP (Travaux Publics), on travaille avec les sociétés des eaux, c’est des produits très techniques. Donc, nous avons des femmes, mais on a beaucoup d’hommes.

Recruter des femmes dans un secteur d’activité dit ‘masculin’

Marie-Cécile : Et c’est difficile de recruter des femmes ou pas ?

Émilie : Alors, sur ces métiers-là, c’est difficile, oui. C’est difficile parce que… Enfin, il n’y a pas de candidature de femmes, quoi. C’est très rare. Alors, nous, au RH, on est une équipe mixte. Mais dès qu’on voit un CV de femme pour les commerciaux, on se jette dessus. Donc, je disais, il n’y a pas de discrimination. C’est-à-dire qu’on ne va pas… Nous, on ne fait pas de la discrimination aussi envers les femmes. On ne va pas se dire, bon, il faut recruter une femme. Non, c’est les compétences. On est un homme, on est une femme, on a des compétences. Donc, nous, on est vraiment sur cette base-là. Donc, je sais qu’il faut l’égalité homme-femme. Bon, nous, on se dit qu’il faut surtout une égalité de compétences, que tout le monde trouve sa place. Mais par contre, c’est vrai que quand il y a un CV, même si elle ne remplit pas les cases sur le CV, on va recevoir la personne et on va essayer de voir si ça peut fonctionner. Parce que je suis d’accord aussi, ça apporte autre chose d’avoir des femmes dans un service qui est composé principalement d’hommes. Il y a une autre vision. Elles sont attirées quand même par le secteur, donc, ça leur plaît, quoi, l’outillage.

Marie-Cécile : Je suppose, Ingrid, aussi, que dans la société, c’est compliqué de recruter, en tout cas, de trouver des profils féminins.

Ingrid : Oui, exactement. Enfin, au poste opérationnel, parce que pareil, plutôt côté fonctionnel, service support, on n’a pas trop de mal en comptabilité, en RH, etc. Mais par contre, effectivement, côté opérationnel, donc nous, on a des métiers qui vont du chargé d’études pour étudier une offre dans le TP. Donc, c’est des grosses opérations de terrassement. Je ne sais pas si vous voyez ce que c’est. Mais en fait, on intervient au niveau du sol avant l’ouvrage final. Donc, en fait, on va faire que l’ouvrage puisse tenir, que ce soit de la route, que ce soit un train, que ce soit un pont, que ce soit une construction, etc. C’est un peu ça, notre métier. C’est un métier très technique. Et effectivement, on va de l’appel d’offres à la réalisation avec des métiers comme ingénieur, on va dire, d’affaires ou conducteur travaux. On va sur du bureau d’études, sur tout ce qui est géotechnique, etc.

Et donc, je suis d’accord, on ne trouve pas énormément de femmes. Sans faire de discrimination positive, c’est vrai qu’on étudie quand même plus attentivement les CV des femmes. Parce qu’une femme qui se lance dans un métier technique et dans un métier masculin, déjà, un petit coup de chapeau, quoi, un petit coup d’énergie en plus. Après, effectivement, je suis d’accord. On recrute à compétences équivalentes. Et si, effectivement, elle a les mêmes compétences, on va recruter la femme. Mais on ne va pas nécessairement donner tous les points systématiquement et automatiquement, on va dire, aux femmes. On va bien étudier quand même les candidatures hommes également.

Le MEDEF se féminise petit à petit

Marie-Cécile : Aurélie, au MEDEF, je suppose que c’est très masculin aussi ?

Aurélie : Alors, le MEDEF, certes, très masculin, oui. Mais de moins en moins. Ça se féminise beaucoup. Alors, au niveau national, sous l’ancienne présidence de Geoffroy Roux de Bézieux, qui était le prédécesseur de Patrick Martin, le président actuel du MEDEF, ont été créées les femmes du MEDEF. Et ça marche plutôt bien.

Donc, c’était Dominique Carlac’h, cheffe d’entreprise et ancienne sportive de haut niveau qui a présidé pendant longtemps. Et c’est elle qui a créé les femmes du MEDEF, qui se déploie dans beaucoup de départements. Ça marche vraiment bien. Et justement, pour féminiser le MEDEF, mettre en avant les dirigeantes d’entreprises pour effectivement donner une autre image, finalement, de l’entreprenariat. Et puis casser aussi cette image que se traîne le MEDEF qui n’intéresse que les hommes blancs de plus de 50 ans qui fument leurs cigares entre eux. Enfin, voilà.

Marie-Cécile : C’est difficile de sortir de ce cliché !

Aurélie : Exactement. Donc, tout ça, évidemment, ce sont des stéréotypes qu’on essaye de clasher, en tout cas, moi, sur le département. De dire que ce n’est pas réservé qu’aux grosses entreprises, que ce n’est pas réservé qu’à des barons locaux. Non, non. Tout le monde peut adhérer au MEDEF. Là, j’ai des nouveaux adhérents qui arrivent et qui sont des petites entreprises et qui me disent, mais finalement, enfin, nous aussi, on peut venir ? Mais bien sûr ! Et puis, tout ce qu’on fait, c’est pour vous aussi. Enfin, voilà. Donc, les femmes, c’est important. Alors, nous, sur le Vaucluse, pour l’instant, on redémarre. Vous l’avez compris, le MEDEF va avoir un an. Donc, ce n’était pas la priorité pour l’instant. Dans le département, on a un réseau qui marche bien, ça s’appelle les femmes chefs d’entreprise, qui est présidé par Stéphanie Marchal, qui est avocate. Et ça, ce qui marche plutôt bien. Donc, en fait, les FCE vont devenir adhérentes du MEDEF Vaucluse et on fait des choses ensemble. Voilà. Ça se féminise.

Marie-Cécile : Ça va évoluer petit à petit, le temps de sortir des clichés.

Aurélie : Oui, en tout cas pour le Vaucluse. Mais en tout cas, au niveau national, les femmes du MEDEF, ça prend bien et c’est une organisation patronale qui se féminise et c’est plutôt bien.

La communication, un secteur plutôt féminin

Marie-Cécile : Laetitia, tu nous as dit que dans tes expériences passées, c’était très macho, machiste.

Laetitia : Oui, alors la com, c’est quand même très féminin. Donc, on va dire que c’est les postes de direction qui étaient très masculins, associés, fondateurs, décideurs, dirigeants, pyramidaux, tout ça.

Marie-Cécile : Comment tu gères, toi, dans ton agence aujourd’hui ? Est-ce que tu as eu cette expérience-là ? Tu as envie de construire autre chose ?

Laetitia : Alors, il y a des profils, en fait. C’est une question de profils. Il y a des profils qui sont plus faciles et plus difficiles à gérer. Moi, il y a le profil que je n’arrive pas du tout à gérer, ce que j’appelle le vieux beau qui a besoin d’être adulé. Parce qu’en tant que femme, ça m’insupporte totalement de faire la petite fille naïve qui… C’est tellement intéressant ce que tu dis. (rires) Et ça, je n’y arrive pas, en fait. Et donc, je pense que ceux-là le sentent. Et donc, dans mes expériences passées en agence, j’ai eu deux harcèlements là-dessus parce que du coup, je ne rentre pas dans le cadre. Je ne suis pas malléable, etc. Et donc, j’ai été mise un peu à l’écart pour ça.

Aujourd’hui, je ne travaille plus avec ces gens-là. Quand il n’y a pas de feeling aussi, c’est un moment quand vraiment on sent que la relation va être difficile, que ça va être un supplice. Ça ne sert pas à grand-chose. Le fait que ça soit plus à distance aussi, le fait qu’il faut que je traite quelqu’un comme ça, mais pas au quotidien. Bon, sur une réunion, deux réunions, trois réunions par an, c’est à peu près gérable. Mais en général, j’essaie de ne pas travailler avec ces gens-là. Et puis, il n’y en a plus tant que ça. Il y a eu #MeToo depuis quand même. Mes clients ne sont pas comme ça. Effectivement, il y a beaucoup de clients qui sont des clients plutôt masculins, chefs d’entreprise. Mais les choses ont l’air quand même de bouger.

Et il y a aussi des femmes dirigeantes, des femmes d’entreprise. Il y en a plein. Au sein du CJD, nous, on a la chance – on n’y travaille pas particulièrement – on a une parité quasi OK. On est à 49 % de femmes versus 51, de femmes qui ont monté leur entreprise, créé leur boîte, géré les enfants. Souvent, on se dit adhérer à une association, devenir femme cheffe d’entreprise, c’est compliqué parce que je dois aussi être à la maison. Je dois gérer l’école, le médecin, etc. Je pense qu’être femme de caractère, c’est mettre aussi ses époux à contribution ou trouver des solutions annexes, la famille pour garder les enfants, etc. Et que quand on a des ambitions, quelles qu’elles soient. Et aller petit à petit, mais les tenir, les assumer et aller de l’avant.

Comment intégrer les moments de vie d’une femme dans l’entreprise ?

Marie-Cécile : Bonne transition avec ma prochaine question, justement, tu parles des enfants. Dans les différentes structures ou entreprises que vous avez rencontrées, comment on intègre les moments de vie d’une femme ? Donc le fait d’avoir des enfants, des changements peut-être professionnels, des évolutions professionnelles. Comment vous intégrez ça dans vos entreprises respectives ?

Ingrid : Alors, avec mes différentes expériences, il y a eu différents schémas, on va dire. Quand j’étais dans l’industrie agro-alimentaire, il y a quelque chose qui a beaucoup fonctionné et que je trouve qui est un dispositif en RH assez intéressant, mais qui n’est pas suivi toujours par les grands groupes, qui est le compte épargne-temps. Et ce compte épargne-temps, quand il est bien utilisé, quand il est utilisé vraiment à bon escient, on peut se libérer du temps, soit en prenant entre guillemets un temps partiel, mais en étant payé finalement à temps complet, parce qu’on a épargné avant, pour pouvoir s’octroyer cette liberté.

Donc moi, c’est des cas très concrets que j’ai eus, ou alors de coupures plus longues, on va dire, au moment de la maternité, parce que laisser un bébé de deux mois et demi, toutes les mamans sont quand même tristes, il faut bien se le dire. Donc ça, ça a été plutôt bien fait. Après, je dirais qu’aujourd’hui, à l’heure du flexi-travail, puisqu’on n’est plus qu’au télétravail, on est au flexi-travail, les mentalités ont quand même un peu évolué et on n’attend plus forcément, au moins dans les bureaux, quand c’est possible, de faire un 8h – 17h pile poil. Alors il y a encore beaucoup de personnes qui font ces horaires-là, parce que c’est aussi une routine et ça leur permet aussi d’avoir accès à une disponibilité à un autre moment pour la maison. Mais en tout cas, les femmes cadres de direction ou dirigeantes peuvent aménager aussi leurs horaires avec ce flexi-travail, soit en étant à la maison, soit en étant en bureau déporté, soit en faisant varier les horaires du matin et du soir pour répondre aux contraintes familiales. Et après, il y a celles qui, de toute façon, font tout passer avec une aide d’un conjoint souple. Et je suis plutôt de cette graine-là.

Émilie : Alors moi, c’est plutôt sur autre chose. Ce n’est pas vraiment sur l’aménagement du travail, mais c’est plutôt sur, quand il y a l’arrivée d’un enfant ou même de la famille, c’est de l’intégrer à l’entreprise. Donc nous, on a des temps, la chasse aux oeufs avec tous les enfants. Enfin maintenant, ça fait 15 ans, donc il y en a que j’ai vus tout petits et ils font un peu partie de l’entreprise. On a aussi un parti pris où les enfants, ils aiment bien venir voir le lieu où travaillent papa ou maman. Et voilà, donc c’est des autres moments conviviaux où ils retrouvent, en fait, ça devient leurs copains, les autres enfants. Donc c’est un petit peu là-dessus où il y a moins la barrière entre le travail et la vie perso. Il y a un moment où peut-être ça se rejoint un peu et on peut un petit peu mixer. Après, nous, on est sur des horaires très faciles, quoi. À 16h30, ils ont fini. Bon, c’est une nouvelle journée. Donc il y a moins besoin d’aménagement. Voilà, c’est pas…

L’arrivée des enfants dans une carrière de femme

Marie-Cécile : Et dans votre vie perso, vous, comment vous avez géré l’arrivée de vos enfants et ces périodes de transition dans votre carrière ?

Émilie : Alors moi, je n’ai pas géré. (rires) Voilà, alors je l’évoque souvent et peut-être le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir pris mes congés maternités de 2 mois. Voilà, donc oui, je suis allée au travail jusqu’au jour de l’accouchement et je suis revenue après pour les faire les fiches de paye. Le bébé était là et balançait à côté. Voilà, donc c’est autre chose.

Après, moi, je suis très fière parce que mes enfants, ils ont l’ADN, justement, qu’on a pu leur donner. Donc ils sont super contents de venir au travail, d’organiser des choses, de s’investir. On parlait tout à l’heure d’investissement. Alors c’est les premiers. Là, c’est l’arbre de Noël. J’ai dit non, mais quelqu’un va nous aider. « Ah non, maman, tu peux pas nous faire ça. C’est nous qui faisons l’arbre de Noël !! » Ah oui, mais bon, voilà. Donc moi, c’est plutôt on les a impliqués. Et puis voilà, ils savent qu’on travaille. Ils savent qu’on travaille beaucoup. Mais bon, après, il y a d’autres moments de qualité à côté. Et on essaye plutôt que les moments à côté, ce soit des moments importants où on va faire des choses, on va passer du temps avec eux, faire des choses avec eux.

Marie-Cécile : Mais peut être qu’aujourd’hui, tu le ferais peut être différemment.

Émilie : Peut être les premiers mois de naissance.

Marie-Cécile : Te poser un peu.

Émilie : Voilà, le reste, ça va, mais les premiers mois…

Laetitia : Alors moi, je me dirais, me reposer un peu sur les premiers mois de naissance quand on a des jumelles, bof ! C’était vraiment pas l’idée de se reposer. Enfin, de dormir quand on peut, de tomber, de se réveiller, etc. C’était vraiment difficile. J’étais salariée à cette époque là pour mes deux grossesses. Donc pour la première, j’ai eu deux mois. Et puis moi, j’avais la volonté de reprendre le travail. Personnellement, en tout cas, je trouvais que d’être sortie du côté social, de faire des lessives, et de m’occuper des enfants, c’était un peu dur pour moi, en tout cas.

Parce que tout le monde parle beaucoup de boulot, en fait, quand on est avec les amies. Qu’est ce que t’as fait aujourd’hui ? Qu’est ce que t’as fait dans ton job, etc. Et donc, et toi, qu’est ce que t’as fait ? J’ai été en pyjama toute la journée. Bon, c’est pas ma nature, en fait. Mais je respecte celle qui, voilà, il n’y a pas de chacun fait exactement ce qu’il veut et ce qu’il peut aussi. Et pour les jumelles, c’est cinq mois. Alors, c’est pas cinq mois de vacances ou de congés. Nos employeurs souvent disent, c’est un peu ça, congés parentales, etc. Non, non, c’était vraiment du boulot. C’était vraiment nécessaire. C’était vraiment fatigant. Et en même temps, très chouette.

Nous, on en a profité pour déménager et quitter Paris à ce moment-là, pour un suivi du conjoint avec du chômage qui m’a permis à ce moment-là de faire ça. Mais ça m’a aussi permis de monter ma boîte, de commencer à trouver mes premiers clients au moment où je ne faisais pas la sieste et où je ne changeais pas des couches. Mais ça m’a permis de vivre aussi ce moment-là. Donc, j’étais super contente pour en avoir parlé avec d’autres entreprises aussi qui font partie du CJD. Alors, ce n’est pas forcément sur la partie femme, mais c’est plus la partie homme, du coup, et sur une parité et qui est aussi le congé paternité de deux mois avec la mise en place dans certaines entreprises. Et ça, c’est un truc assez rigolo parce que j’ai parlé avec une des boîtes et qui me dit, nous, on essaie plutôt de challenger les hommes à redescendre un peu leurs ambitions et à montrer aux femmes qu’elles ne négocient pas suffisamment. Et puis, apporter parité dans les deux sens, c’est sur le congé parental. Je trouve ça bien.

Marie-Cécile : Et puis, permettre ce congé parental pour le père.

Laetitia : Oui, qui n’est pas légal, ni obligatoire, ni quoi que ce soit, mais simplement une équité.

Marie-Cécile : Et justement, est-ce que vous avez d’autres exemples ? Ingrid ?

Ingrid : Ah oui, alors moi, j’ai une expérience un peu douloureuse d’ailleurs. Sur mon premier enfant, j’étais en mutation parce que mon mari travaillait dans la distribution. Donc, tous les deux, trois ans, on bougeait, on va dire. Donc là, il venait nous emmener du côté du Var. J’étais seule, pas de famille, puisque vous l’avez compris, je suis originaire du nord de la France, etc. J’ai trouvé un job, ce qui n’était pas chose facile parce qu’encore une fois, on était du côté de Brignoles, etc. Donc, secteur un peu compliqué. J’attaque et en fait, je ne m’étais pas préparée, mais j’ai eu une grossesse que je n’avais pas imaginée en fait. Et que j’ai découvert un peu par hasard en tombant dans les pommes et en faisant quelques examens. Comme Nathalie l’a dit, je suis quelqu’un d’assez transparente et simple. Donc, bien sûr, je m’en suis ouvert à mon employeur parce que j’avais besoin de cette relation de confiance. Et mon employeur m’a dit au revoir, ça va s’arrêter là. Voilà…

Donc, effectivement, j’ai passé le reste de ma grossesse à me morfondre dans le Var toute seule sans pouvoir trouver un emploi. Puisque du coup, étant enceinte, je m’étais dit on ne va jamais me prendre si je suis enceinte. Ce qu’il y a de bien en France à cette époque-là aussi, c’est que quand vous voulez prévoir une place en crèche, on vous dit est-ce que vous travaillez ? Parce que sinon, vous n’êtes pas prioritaire. Donc, c’était un peu le serpent qui se mordait la queue et je ne savais pas si j’allais retrouver du travail à l’époque. Donc, effectivement, j’ai eu une première grossesse un peu compliquée. Donc, un premier enfant qui, en plus, l’a été un peu aussi, du coup. Est-ce que c’est l’histoire qui a fait ça ? Mais bon, peu importe.

Toujours est-il que j’ai rebondi après dans le Vaucluse. Et quand je suis arrivée dans l’industrie agroalimentaire, l’expérience que j’expliquais tout à l’heure, là, j’ai eu des responsabilités avec trois usines en France, etc. Et donc, ma fille était encore petite. On venait de lui découvrir une malformation. Et mon employeur me dit j’espère que vous aimez le droit social puisqu’on va se séparer d’une usine le lendemain de mon arrivée. Et donc, il va falloir que vous alliez en Bretagne pendant trois mois parce que moi, il n’est pas question qu’on ne reclasse pas les salariés. Donc, on se débrouille. Encore une fois, sans famille. Mon mari, du coup, qui travaillait dans la distribution et qui avait toujours fait passer quelque part son boulot en priorité, ses horaires, tôt le matin, tard le soir, pas de jour de repos dans la semaine, pas de samedi, etc. On a mis une organisation en place pour qu’effectivement, on vive comme des gens séparés à la maison. Donc, quand il y en a un, il n’y a pas l’autre. Voilà, c’est un peu ça le secret.

Marie-Cécile : C’est un équilibre, enfin une sorte d’équilibre.

Ingrid : Voilà, c’est un équilibre. Et donc, on se retrouvait tous le dimanche. Mais effectivement, c’est passé. Et du coup, j’ai pu avoir un deuxième enfant. Et effectivement, mon mari est adorable et a pu mettre cette souplesse qu’il me fallait parce qu’il savait que je ne voulais pas lâcher mon métier et que j’aimais mon métier.

Les bonnes pratiques pour permettre une meilleure flexibilité en entreprise

Marie-Cécile : Parfait, merci. Et alors, au sein du MEDEF ou des entreprises que vous avez rencontrées en dehors de votre entreprise à vous, est-ce que vous avez vu des bonnes pratiques, des choses qui se font justement pour permettre cette flexibilité, cette mixité, des choses que vous auriez pu vous croiser.

Aurélie : Je sais que pour tout ce qui est parité, je le vois en tout cas dans les entreprises avec lesquelles je discute et je discute beaucoup avec les dirigeants ou les DRH. J’ai l’impression que ça devient de moins en moins un sujet. C’est inclus dans les mœurs. Une femme qui s’arrête pour un congé maternité, c’est plus … En tout cas, je vois maintenant que ça a complètement changé. Il y a peut-être quelques années, c’était encore un sujet, ça posait un problème dans l’entreprise, mais ça n’en est plus.

J’ai des exemples, je ne peux pas donner le nom des entreprises, mais c’est une jeune femme qui est venue me voir parce qu’elle est conseillère prud’homme dans les Bouches-du-Rhône et elle voudrait être désignée dans le Vaucluse. Elle a été recrutée enceinte. Donc maintenant, si le profil correspond à l’entreprise, on sait qu’on peut recruter cette personne. À mon sens, c’est de moins en moins un sujet.

Marie-Cécile : C’est une bonne nouvelle !

Aurélie : Exactement. Je trouve que c’est vraiment une bonne nouvelle parce que finalement, il y a de plus en plus de choses qui sont mises en place, que ce soit pour l’égalité salariale. Il y a encore du boulot, ce que Nathalie disait tout à l’heure, mais je trouve que les dirigeants prennent de plus en plus acte de ça et mettent en place des choses pour avancer sur le sujet.

Marie-Cécile : Ça fait plaisir.

Le recrutement sans CV

Laetitia : Je voulais parler aussi du recrutement sans CV qui se met de plus en plus. Donc, ce n’est pas une question homme-femme, mais c’est aussi âge, différence de parcours, toutes sortes de profils atypiques. Il y a une entreprise qui est bien connue dans le Vaucluse qui fait ça, qui s’appelle Peoplein, qui est une plateforme qui crée des questionnaires, etc. Donc, vraiment basée sur plutôt les compétences et les entreprises sont OK pour recruter des gens qui ne sont pas ni genrés, ni quoi que ce soit. Donc ça, je trouve que ça se met de plus en plus en place.

Marie-Cécile : Et tu as eu des retours d’expérience justement ? Ça marche bien ? Ça permet de voir des profils qui sont différents ?

Laetitia : En fait, c’est des profils de gens qui sont aussi ultra motivés parce que pour une fois, ils ne sont pas discriminés parce qu’il y a un trou dans le parcours ou parce qu’ils sont blonds ou autre chose. Ou que c’est des femmes ou qu’on leur dit « « « Oh là là, vous allez avoir deux fois deux mois et demi dans votre vie d’arrêt pour enfants » » ». Ça marche plutôt bien. Il y a pas mal d’entreprises qui le mettent en place. D’ailleurs, nous, on a une conférence bientôt et ça ira sur le thème du recrutement aussi au CJD, le 3 avril. Et c’est un des sujets qu’on va aborder avec justement des entreprises qui vont témoigner de cette mise en place. Tout à fait.

Émilie : Nous, on l’utilisait beaucoup Peoplein pour nos recrutements de commerciaux parce qu’on en avait beaucoup. Mais ça n’ouvre pas aux femmes parce que si elles ne sont pas là, elles ne sont pas là. C’est ce qu’on disait tout à l’heure, ça revient à la même chose. Donc, on a recruté, mais pas des femmes.

Marie-Cécile : Il faudrait aussi ne pas mettre le secteur d’activité peut-être ? Je ne sais pas. Je ne sais pas si c’est la solution, mais là, ça va devenir compliqué.

Émilie : C’est plutôt les candidats qui demandent beaucoup à connaître l’entreprise maintenant.

La découverte métier grâce aux « Vis ma vie »

Marie-Cécile : On parlait d’oser, de peut-être aussi évoluer dans l’entreprise ou évoluer dans sa carrière. Tu m’avais expliqué que chez FDS vous faisiez du « vis ma vie ».

Émilie : Voilà, on faisait du vie ma vie. On fait aussi beaucoup de mobilité interne. Tout à l’heure, ça m’a interpellée les chiffres dont Nathalie parlait sur le fait que les femmes osaient y aller parce que moi, ce n’est pas mon sentiment dans mon entreprise. Alors, ce n’était pas les cadres. Puisque j’ai pensé, pendant que tu parlais, Nathalie, je me disais, en fait, ce n’est pas des cadres. Alors, est-ce que ça joue sur l’enquête ? Oui, moi, ce n’était pas des cadres. On ouvrait des postes à responsabilité. Et donc là, les femmes, elles ne se présentaient pas. C’est à nous, c’est nous qui devons aller vers elles en disant, tu as les compétences, pourquoi tu n’y vas pas ? Pourquoi tu ne postules pas ? Pourquoi tu ne serais pas manager ?

Donc, c’est plutôt nous qui devons quand même aller vers elles. Il y a eu aussi un poste récemment en marketing. Donc, c’est assez technique. C’est nous, on s’est dit, cette approvisionneuse, elle pourrait très bien y aller. On a été lui proposer. Elle a dit, elle n’y avait même pas pensé. Donc, je trouve, qu’en tout cas, alors peut-être pas sur les cadres, mais sur les autres personnes. Et pour évoluer vers des postes de cadres, je ne suis pas sûre que les femmes se sentent toujours à l’aise, légitimes. Et je ne suis pas sûre qu’elles y vont. Donc, je pense que c’est notre rôle en tant que dirigeants, que de DRH, d’aller vers elles et de voir notre entreprise plutôt avec des compétences, comme on disait tout à l’heure, plutôt qu’avec des CV, avec des « toi, tu as fait ce parcours, donc tu vas aller là. » Non, ce n’est pas ça. Donc, c’est de proposer des nouveaux parcours de vie à des femmes qui ne s’imaginaient peut-être jamais faire ça. En fait, on peut ne pas avoir l’ambition et avoir les compétences et le talent pour le faire. Et donc, c’est peut-être à nous de, voilà, de leur faire découvrir ça et d’aller vers eux.

Voilà. Et en effet, on fait aussi des vie ma vie. C’est-à-dire que ça, on fait beaucoup. C’est les gens qui ont envie de découvrir d’autres métiers sans savoir ce que c’est. Donc, ça aide déjà à comprendre. Une organisation dans une société et à savoir se parler et pas dire, eux, ils font, c’est n’importe quoi ce qu’ils font. Donc, va passer une journée avec eux. On va voir si c’est n’importe quoi. Ça, ça aide beaucoup. Et après, en effet, ça crée aussi : « ben pourquoi je n’irai pas vers ce style de métier ? Pourquoi je ne ferai pas de la mobilité dans un autre service ? »

Marie-Cécile : Oui, ça crée du lien aussi entre les services et une meilleure connaissance des équipes. Et ça, c’est important aussi.

Émilie : C’est vraiment très bénéfique.

La clé de la réussite, c’est OSER

Ingrid : Sur le oser, je dirais que, évidemment, ça a évolué puisque aujourd’hui, toutes les femmes travaillent ou presque. Donc, forcément, il y a quand même un peu plus, ça s’est un peu libéré, quoi, on va dire. En revanche, on revient à l’ego. Je pense qu’on est quand même beaucoup plus humble. Et du coup, on ose quand même moins globalement. Après, évidemment qu’il y a des femmes de caractère qui osent quand même et qui poussent les portes et qui vont plus loin. Mais ça ne représente pas quand même pour moi la majorité. Et effectivement, ce sont des exemples, ce sont des modèles peut-être pour certains. Mais on reste encore dans un stéréotype où on doit s’occuper de beaucoup de choses, on a une charge mentale très importante, est-ce qu’on va être en capacité de tout assumer ? Est-ce qu’on va réussir à le faire ? Est-ce que tout va être parfait ? Parce qu’on a une notion de la perfection qui n’est pas non plus, je pense, la même que les hommes.

Et donc, tout ça nous freine quelque part parce que du coup, on ne se libère pas totalement pensant qu’on a vraiment quantité de choses à faire et qu’on veut toutes les faire bien. Et donc, on va laisser de côté ce qui peut-être nous tient plus à cœur ou nécessite un peu plus d’investissement en se disant je préfère remplir à 90% partout plutôt que de m’engager sur quelque chose et de faire tout foirer. Je pense que les hommes se posent beaucoup moins de questions par rapport à nous et ils y vont. Ils sont beaucoup plus cash et on le voit en termes de rémunération aussi. Moi, je trouve qu’il y a une différence entre les hommes et les femmes quand il s’agit de se battre un peu ou de revendiquer quelque part un niveau, un statut, une rémunération. Nous, on va y aller à tâtons, voire on ne va pas y aller en se disant j’espère que mon manager verra ce que je fais dans l’année, que ça vaut tant, que je suis l’égal de mon collègue qui a les mêmes compétences, etc. Tandis que l’homme ne se pose pas du tout ce genre de questions. Il y va, il y va cash, il demande. Il demande 15% pour être sûr d’avoir un minimum, etc. Ce qui nous, nous semble ahurissant. Donc en fait, on ose quand même globalement moins par notre histoire, par notre façon d’être.

Marie-Cécile : C’est ce que tu vois dans les entretiens quand…

Ingrid : Je pense, oui.

Marie-Cécile : Évidemment. Donc il faut oser. Je pense que là, il y a un vrai message. Il faut oser exprimer ce qu’on sait faire, ce qu’on a fait.

Ingrid : On peut le faire. On peut s’autoriser à le faire !

Laeëtitia : Je voulais rebondir. J’ai une entreprise du CJD qui m’a dit exactement à peu près ça. Elle m’a dit les femmes en fait, elles ont bien fait leur travail et c’est OK. Donc il n’y a pas besoin de demander une grosse augmentation parce que c’est normal. Et les hommes, ils arrivent avec 15-20% en disant je veux la voiture, etc.

Ingrid : C’est ça, ça ne les effraie pas.

Laeëtitia : En imaginant redescendre un peu plus bas, mais en tout cas dans la négociation. Et cette entreprise-là, elle me dit que de toute façon, les augmentations salariales, elles sont basées sur des faits concrets et pas sur des négociations. Donc de toute façon, finalement, ces augmentations, elles sont déjà décidées en amont et elles sont égales, que ce soit des hommes ou des femmes, par rapport aux objectifs en fait. Et donc il n’y a plus ce besoin de négocier. C’est comme ça qu’ils essayent de pallier. Mais c’est vrai que l’homme est dans la négociation et la femme attend de la reconnaissance.

Ingrid : C’est exactement ça. En tout cas, en recrutement, on le ressent encore aussi.

Malgré les réussites, les périodes de doutes sont toujours présentes

Marie-Cécile : Et en préparant la table ronde, on a parlé aussi des doutes parce que là, vous avez parlé de vos profils respectifs, vos parcours. On peut se dire waouh, elles ont réussi des trucs incroyables. Elles ont relevé des challenges qui peuvent paraître incroyables. Mais vous m’avez aussi parlé de vos doutes et de vos moments de « mon Dieu, je ne vais pas y arriver !  » ou ce serait peut-être pas mal d’en parler aussi parce que ça fait partie de la carrière et de la vie perso pro.

Aurélie : Oui, alors pour le MEDEF, effectivement, repartir de zéro, j’avais l’impression, franchement, l’année dernière, à la même période, j’avais l’impression d’être en tongs au pied de l’Himalaya. Et voilà, maintenant, il faut que tu ailles là-haut. C’est-à-dire que je suis en shorts, en tongs et je ne suis pas du tout équipée. Donc j’avais vraiment cette sensation. Donc évidemment que j’ai énormément douté. Je me suis dit, est-ce que je vais en être capable ? Vraiment, la tâche était immense.

Et puis finalement, enfin voilà, c’est toujours pareil. Quand on vend, on peut. Enfin, je me suis dit, il n’y a pas de raison que tu n’y arrives pas. Ce n’est pas plus bête qu’une autre. Enfin voilà. Puis tu repars de zéro. Donc tu ne peux pas aller, tu ne peux pas creuser, tu ne peux pas aller en négatif. Donc tu ne peux que monter. Donc ça ira au rythme que tu peux. Je pense qu’il faut apprendre à se faire confiance. Puis moi, j’arrivais à une période où ma fille va avoir 11 ans la semaine prochaine. Puis finalement, ce n’est pas qu’elle a moins besoin de moi, mais ce n’est plus une toute petite fille. Donc voilà, j’ai la chance d’avoir deux grands-mères qui sont dans le secteur et qui se challengent pour s’en occuper exactement. Et finalement, moi, ça m’a complètement libérée. Donc c’est vrai que je ne suis plus très souvent à la maison.

Marie-Cécile : Il y a un moment, tu t’es dit, je n’y vais pas ou pas ?

Aurélie : Non, jamais. Non, non, non, non. Parce que là, franchement, c’était l’opportunité. Et puis de pouvoir créer quelque chose comme je l’imaginais, comme j’avais envie que ce soit. Et puis moi, j’ai vraiment eu un coup de cœur pour le MEDEF. J’ai découvert un univers vraiment passionnant. Je trouve que c’est une organisation, j’ai découvert une très belle maison et je suis très fière de travailler pour eux. Et je suis très contente que ça redémarre bien dans le Vaucluse et de faire profiter vraiment un maximum de chefs d’entreprise de ce réseau-là qui est un très beau réseau. Donc, non, non.

Marie-Cécile : C’est une belle évolution.

Aurélie : Oui, oui, oui, oui.

Laetitia : Oui, les doutes. Moi, je suis constamment tiraillée tous les jours entre les doutes, entre mes peurs et mes envies. Donc, c’est un petit pas, on y va. Un pas en arrière. Deux pas en avant. Mais finalement, l’envie est toujours plus forte et la curiosité. Donc, j’essaye de contrôler mes peurs aussi et mes doutes, de rationaliser, de faire des études de risques aussi. Quels sont les risques ? Comment j’y vais ? Et puis, je pense qu’on n’a qu’une vie et j’ai envie de l’exploiter quand même à fond, mais sans prendre trop de risques parce que, attention, etc. Tu m’as parlé pas mal de formation aussi.

Marie-Cécile : Est-ce que c’est une manière de se rassurer, entre guillemets ?

Laetitia : Oui, oui. Après, il peut y avoir le syndrome de trop de formations aussi. Mais il y a des formations, par exemple, au sein du CJD qui sont « manager dans l’incertitude », « le dirigeant face à ses peurs ». Donc, on se prend quand même des trucs assez forts en pleine figure sur notre manière de gérer les choses. En fait, ça nous apprend beaucoup de nous-mêmes. Moi, je dis souvent aussi aux entreprises, notre limite, ce n’est pas forcément une limite d’entreprise. On est notre propre limite. Donc, tout est possible. Après, il faut être accompagnéé, il ne faut pas être seul. Il faut savoir quels sont ses points faibles, ses points forts, s’entourer et puis oser.

Ne pas rester seule pour sortir des doutes

Marie-Cécile : Rester seul, je pense que c’est quelque chose de très important.

Laetitia : De rester seul ?

Marie-Cécile : De ne pas rester seul.

Laetitia : Ah oui, de ne pas rester seule, surtout quand on est seul. Quand on a des doutes, on a tendance à ne pas l’exprimer. Oui, tout à fait. De poser des questions. Effectivement, d’aller dans les assos, ça permet aussi déjà de voir qu’on n’est pas tout seul à avoir des doutes, qu’il y a plein d’autres personnes qui se posent aussi les mêmes questions. Qui ont les mêmes problèmes. Qui ont déjà peut-être résolu certaines parties. Et donc, de pouvoir échanger aussi sur tout ça. Oui, c’est important.

Ingrid : Moi, je trouve que c’est formidable de douter en fait. Parce que ça nous remet en question systématiquement. Ça nous met dans l’amélioration continue. Ça nous met dans une recherche d’efficacité. Et donc, c’est normal. C’est un sentiment humain pour moi de douter. Donc, évidemment qu’à chaque grande décision, qu’à chaque changement, que ce soit dans l’entreprise, que ce soit au niveau personnel, etc. On peut se dire, je fais le bon choix. C’est la vie. Il faut en faire. Il faut les assumer. Le plus important, c’est de les assumer par ce qu’on a choisi justement. En tout cas, c’est ce que j’essaie d’inculquer à mes filles.

On peut rater, mais on apprend aussi de ses échecs en fait. Et c’est ça qui nous fait grandir. Donc, c’est ça que je trouve bien. Et c’est vrai que, encore une fois, j’ai la chance d’avoir un mari qui est très compréhensif, qui est complémentaire déjà. Et ça, c’est important parce qu’il m’apaise beaucoup. Mais il sait aussi que dans mes choix, quand je lui parle de quelque chose, je vais le faire. Il le sait. Donc, il a compris. C’est lui qui me le dit. Il me dit de toute façon, on aura bon en discuter, tu le feras. Donc maintenant, c’est comment tu vas le faire. Voilà. Et ça, c’est important aussi, je pense.

Émilie : Moi, je suis plutôt du style au jour le jour. Donc, j’ai moins de doutes.

Marie-Cécile : C’est une bonne manière de ne pas douter, justement de moins anticiper.

Émilie : Voilà, je n’anticipe pas trop. On y va, on fonce. Les journées sont chargées. Donc voilà, il faut prendre des décisions. Après, juste par rapport, parce qu’on a parlé beaucoup des hommes, des femmes, des différences dans les carrières et tout. Je pense qu’en effet, je te rejoins Laetitia, c’est nous qui nous mettons des barrières, en fait, mais même sans le vouloir. Je pense juste à des fois. Je crois que les hommes, ils se posent moins de questions. Ils laissent les enfants, ils partent. Bon, c’est pas grave. Il y a quelqu’un qui va gérer. Bon, nous, non… Non, non, je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas les laisser. Je ne peux pas. Voilà. Donc, c’est nous. Il faut juste réussir en effet à vivre avec et trouver le bon équilibre. Ouais ou pas. Mais bon, il faut être en accord avec soi même.

Les émotions : force ou faiblesse ?

Marie-Cécile : Et une autre barrière, en tout cas, une autre, souvent, quand on parle des femmes, on dit qu’elles sont émotives et on considère que les émotions, en tout cas, montrer ses émotions en entreprise, ce n’est pas forcément bon. Qu’est ce que vous en pensez, vous ?

Ingrid : C’est encore moins bon quand on est DRH.

Émilie : Moi, ça m’est arrivé. Il y a une fois, il y a quelqu’un qui a donné sa démission, j’ai pleuré, pleuré, il ne savait pas comment me calmer. Après, peut être que des fois, il y a les hormones, il y a un peu tout. Donc, ça m’a marquée. Mais bon, moi, je suis vraiment sur l’émotion. Donc, les gens le savent. Nous, deux fois par an, on fait une réunion commerciale où on dit où on en est, on parle, on exprime ce qu’on a envie. Donc, moi, je dois faire le point sur les RH. Bon, jamais je parle vraiment des RH. Je parle plutôt de ce que je ressens, de ce qu’on est en train de créer ensemble. Donc, il y en a qui pleure. Moi, je pleure souvent. Mais bon, c’est OK. Je pense qu’ils sentent que ça vient du fond de nous, qu’on est vraiment à fond. Donc, ça fait partie de nous.

Marie-Cécile : Et si toi, tu te permets de le faire, ça permet aussi d’ouvrir ça.

Émilie : Il y en a qui viennent me voir après : « Tu sais, j’ai pleuré ». Ce n’est pas le but. Le but, ce n’est pas de faire pleurer les gens, c’est de les faire sourire et être bien. Mais bon, voilà. Non, mais bon, c’est de se permettre aussi d’être transparent et de dire ce qu’on pense et ce qu’on ressent et je pense que peut-être les femmes, elles se permettent des fois plus de le faire que les hommes, ils ont certaines barrières. Bon, je pense que ça, ça peut apporter quelque chose en plus.

Laetitia : Moi, je parlerais de compétences intellectuelles et d’intelligence émotionnelle. C’est pour ça que c’est complémentaire en fait entre l’objectif que les hommes peuvent avoir, c’est-à-dire l’atteinte de l’objectif et puis la question du sens que peuvent apporter les femmes. Moi, je suis très émotionnelle aussi. Après, je le montre beaucoup moins parce que voilà, petite, je voyais bien que ça pouvait donner de l’emprise aux autres. Donc, j’ai appris à construire aussi quelque chose de plus solide autour de moi. Donc, ça ne se voit pas toujours. En général, on voit quelqu’un de très leader, fonceur, qui va de l’avant, etc. Mais à l’intérieur, c’est de la pâte à modeler. Après, je suis très décidée aussi, mais mes émotions, j’essaie de les utiliser à bon escient et de ne pas les donner en pâture à n’importe qui aussi. Après, j’en fais mon métier quand même. On parle de communication à des fins de vente, etc. Donc, j’essaie de mettre de l’émotion dans l’image, dans l’image de marque des entreprises parce que je pense que le lien que ça crée humain, en fait, c’est qu’on est plus que vendre des produits. C’est créer du lien entre les marques et les consommateurs, les entreprises et les salariés aussi parce que la communication, elle est partout. Dans un simple email que vous envoyez, sur votre carte de visite, c’est vraiment partout. Le fait de se parler, c’est de la communication. Donc voilà, l’idée de créer du lien et de mettre justement ces compétences émotionnelles au service d’autrui, de l’entreprise et aussi de nos ambitions.

Ingrid : Pour moi, exprimer ses émotions, c’est plutôt positif parce que du coup, on reste des êtres humains. Chacun a des émotions et ressent des choses à un moment donné et je trouve que la relation est beaucoup plus sincère et elle est beaucoup plus de confiance et durable quand on peut exprimer justement un peu plus sincèrement ses émotions. Après, il faut que ce soit canalisé, bien sûr.

Il y a aussi peut-être encore un stéréotype, je pense, notamment avec les femmes justement, parce que les hommes montrent très rarement leurs émotions. Il y a peut-être un stéréotype de pour progresser, pour avancer, il ne faut pas qu’on montre nos émotions et qu’on reste un peu plus, on va dire, neutre selon les métiers en plus que l’on tient. Personnellement, je trouve ça dommage. Voilà. Personnellement, je trouve ça dommage parce qu’effectivement, c’est ce qui nous caractérise aussi en tant que personne. C’est ce qui fait qu’on est unique, qu’on est différent, etc. De ressentir les choses différemment et donc de pouvoir l’exprimer, ça permet aussi aux autres de mieux comprendre et de mieux fonctionner avec nous. Donc, c’est vrai que moi, je suis plutôt dans sa juste mesure encore une fois, mais dans l’expression des émotions quelles qu’elles soient.

Marie-Cécile : Ça aide à grandir aussi à être humain, à l’ère de l’IA, je pense que c’est pas mal.

Aurélie : Et moi, pour finir, je suis quelqu’un de très spontanée et c’est vrai que je suis très émotive aussi, j’ai la larme facile. C’est un peu gênant. Donc, ça m’arrive aussi de pleurer. Alors, pas évidemment de me jeter en sanglots, de me répandre, mais ça m’arrive et puis finalement, je me dis… mais après tout, c’est dans ma personnalité, je m’emballe. Enfin, je veux dire, j’ai 46 ans, c’est pas maintenant que je vais changer. Non, mais clairement, donc voilà. Donc, en fait, je suis comme ça et je m’accepte comme je suis.

En conclusion : l’engagement au féminin c’est …

Marie-Cécile : Ça fait une belle conclusion ça, de s’accepter comme on est. Avant de passer aux questions réponses, si vous avez juste un dernier mot pour conclure sur l’engagement féminin, sur les carrières des femmes, sur ce que vous avez ressenti et écouté des autres peut-être aussi.

Laetitia : Oui, qu’il faut oser, qu’il faut essayer de suivre ses rêves, d’essayer de ne pas avoir peur de se tromper aussi parce que les parcours, enfin, ils ne sont pas linéaires. Moi, quand on m’a dit là, vous pouvez donner l’apparence de quelqu’un qui a réussi. Moi je n’ai pas cette impression personnellement. Il y a encore des objectifs, il y a encore des montagnes, il y a encore d’autres endroits à visiter, il y a encore plein de choses à faire. Donc, je ne sais pas si j’arriverai à tout faire, mais en tout cas, j’essaye d’avancer avec envie, enthousiasme, sans trop prendre de risques. En tout cas, toujours avec passion.

Émilie : Oui, oser, c’est ce qu’on peut vous conseiller de mieux. D’être soi-même, je pense. Et puis, voilà, de ne pas avoir de regrets. Il faut faire ce que vous sentez en vous et je pense que c’est ça le plus important.

Aurélie : Moi, je dirais s’écouter et puis finalement, se dire « pourquoi pas moi ? » Mais non, mais complètement, mais c’est vrai. Moi, je suis la première à douter en permanence, à me remettre en permanence en question, me dire est-ce que ça, c’est bien ? Et finalement, oui, c’est apprendre à s’écouter, à se faire confiance, et puis se garder des objectifs. Et effectivement, après la vie fait que, il peut y avoir de barrages , des accidents de la vie. Et puis essayer d’atteindre, se garder cet objectif qu’on avait… Moi y’a pas longtemps je me disait : la vie que je m’imaginais avoir quand j’avais peut-être 18 ans, où est-ce que j’en suis de cette vie-là ? Comment, moi, à 18 ans, je me verrais maintenant ? Je me dis, bon, il y a encore plein de choses à améliorer, mais bon, voilà, il faut continuer.

Marie-Cécile : Sinon, ne serait pas drôle d’ailleurs, si on était déjà arrivé à l’objectif.

Aurélie : Oui, non, non, mais complètement.

Ingrid : Moi, je dirais aussi, s’écouter, c’est-à-dire qu’il faut que vous fassiez vos propres choix. Ça ne peut pas venir des autres et peut-être que le regard des autres est encore pesant, que ce soit dans la société, que ce soit dans la famille, que ce soit dans les amis, etc. Parfois, ce qu’on dit, ce qu’on fait, on n’ose pas, ou va temporiser ou au contraire on va valoriser parce que on a peur d’eux. Moi, je dis, l’important, c’est d’être bien dans ses baskets et pour être bien dans ses baskets, il faut faire ce qu’on aime. Donc, faites ce que vous aimez !

Marie-Cécile : Belle conclusion. Merci beaucoup à toutes les quatre et merci pour vos témoignages.