Anaëlle Marot - Projet Azur - agir pour dépasser son indignation

Anaëlle Marot & le projet Azur, agir pour dépasser son indignation

Cette semaine, je vous propose une nouvelle rediffusion.

Et quoi de mieux pour vous inspirer que de vous proposer une petite série d’épisodes sur des vauclusiens et vauclusiennes qui s’engagent, chacun et chacune à leur manière.

Avant de vous proposer une nouvelle interview ultra inspirante, je commence cette série sur l’engagement avec Anaëlle Marot, rencontre que j’ai faite en 2021 mais dont l’engagement n’a depuis pas baissé.

Imaginez partir vivre quatre mois en nomade à pied ou en kayak, avec des pauses chaque weekend pour organiser des collectes de déchets et sensibiliser les habitants à la pollution des eaux. C’est le défi fou que s’est lancé Anaëlle Marot l’année dernière en méditerranée, et elle réitère l’aventure en ce moment même sur la Loire. Anaëlle est éco-aventurière et a créé le Projet Azur, une expédition scientifique pour récolter des données et alerter sur les dangers de la pollution des fleuves. 

Vous allez l’entendre Anaëlle a énormément d’idées pour continuer son action. Sa grande curiosité et son envie de transmission l’animent au plus profond et ce que j’aime particulièrement c’est sa manière d’allier militantisme et sérénité.

Je vous laisse écouter son histoire que j’ai eu beaucoup de plaisir à réécouter quand j’ai décidé de rediffuser cet épisode

Bonne écoute !


Références citées dans l’épisode :

Le Projet Azur : projetazur.com InstagramFacebook 

Les Esperluettes d’Anaëlle :

Solène, la nouvelle éco-aventurière qui vogue en méditerranée en ce moment

Stéphane Hessel – Indignez-vous

Les autre références :

Jean-hugues Gooris et son aventure Cyclo Balkanique 

La Licence pro Tourisme et Economie Solidaire 

Le festival Escales Voyageuses

Le film Le Grand Saphir de Jérémi Stadler

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Cet épisode d’Esperluette a été pensé, enregistré (2021) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

Pour les malentendant·es, l’épisode est entièrement retranscrit ci-dessous

Merci à Autoscript qui me permet de faire toute la retranscription de mes épisodes

Introduction de l’épisode

Marie-Cécile :

Cette semaine, pas de nouvel épisode mais comme vous êtes beaucoup à avoir découvert le podcast récemment et qu’il y a déjà plus de 200 épisodes, entre deux montages de nouveautés, je vais rediffuser des anciens épisodes pour vous donner l’occasion de les écouter ou les réécouter. 

Si vous découvrez Esperluette par cet épisode, petit rappel ’Esperluette c’est  le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Mais pas besoin d’être vauclusien ou vauclusienne pour l’écouter, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez.

Et quoi de mieux pour vous inspirer que de vous proposer une petite série d’épisodes sur des vauclusiens et vauclusiennes qui s’engagent, chacun et chacune à leur manière.

Avant de vous proposer une nouvelle interview ultra inspirante, je commence cette série sur l’engagement avec Anaelle Marot, rencontre que j’ai faite en 2021 mais dont l’engagement n’a depuis pas baissé.

Imaginez partir vivre quatre mois en nomade à pied ou en kayak, avec des pauses chaque weekend pour organiser des collectes de déchets et sensibiliser les habitants à la pollution des eaux. C’est le défi fou que s’est lancé Anaëlle Marot l’année dernière en méditerranée, et elle réitère l’aventure en ce moment même sur la Loire. Anaëlle est éco-aventurière et a créé le Projet Azur, une expédition scientifique pour récolter des données et alerter sur les dangers de la pollution des fleuves. 

Vous allez l’entendre Anaëlle a énormément d’idées pour continuer son action. Sa grande curiosité et son envie de transmission l’animent au plus profond et ce que j’aime particulièrement c’est sa manière d’allier militantisme et sérénité.

Je vous laisse écouter son histoire que j’ai eu beaucoup de plaisir à réécouter quand j’ai décidé de rediffuser cet épisode

Bonne écoute !

Présentation Anaëlle Marot

Anaëlle :

Je m’appelle Anaëlle Marot, je suis éco-aventurière, j’ai 27 ans et je suis basée à Avignon.

Alors, être éco-aventurière, c’est faire des aventures, ou plutôt des expéditions, au service de la protection de la nature.

Le projet Azur en 2020

Pendant plusieurs mois, je vais partir seule, autonome, sur mon kayak et mon vélo. Je vais récolter des données scientifiques pour faire avancer la science et faire des ateliers de sensibilisation.

En ce moment, la problématique qui me touche le plus, c’est la plastification des océans. Alors, tous les dimanches, sur mon parcours, j’organise des ramassages avec les associations locales, les collectivités territoriales, qui connaissent bien leur territoire et qui vont pouvoir m’accueillir pour qu’on fasse des ramassages de déchets avec le plus de personnes possible.

Ces ramassages-là, ils vont être super importants parce que toutes les personnes qui vont venir ramasser avec nous vont faire cet acte fort qui est de ramasser un déchet qui n’est pas leur. Et ça, c’est pas anodin. Et c’est une première manière de réfléchir un petit peu à notre surproduction, à l’impact qu’on peut avoir à travers nos actions.

Et la deuxième action qui va servir la cause, c’est que tous les déchets qu’on va ramasser vont être catégorisés un protocole européen avec plus de 200 items. Et ces données-là, on va les envoyer donc à des associations qui, elles, vont s’occuper de rassembler toutes les données de la France, voire de l’Europe entière, et de faire du lobbying au niveau européen. Le projet Azur Méditerranée 2020, c’est 1000 kilomètres en kayak et à vélo. C’est 41 collectes de déchets avec plus de 735 participants, dont 56 associations qui ont répondu à l’appel, et 18 villes qui nous ont accueillies.

La genèse du Projet Azur

J’ai commencé ce projet à 25 ans, puisque depuis deux ans, j’ai développé le dispositif du service civique, dans un premier temps à la Mairie de Carpentras, puis à Uns-cité Vaucluse. Donc j’accompagnais les associations à développer des missions d’intérêt général pour les jeunes, pour qu’ils s’investissent dans différents domaines : le sport, l’environnement, la solidarité, les échanges intergénérationnels. Et j’accompagnais aussi les jeunes dans leurs projets d’avenir et dans leurs missions.

J’ai adoré ! Franchement, c’était un super job, j’ai adoré. Mais ce qui me manquait, c’était le côté aventure, le côté extérieur, le côté sport. Et puis je me suis dit, mais je pense que je peux continuer à promouvoir le volontariat, promouvoir l’engagement, tout en faisant ce que j’aime, c’est-à-dire être dehors, faire du kayak, faire du vélo.

Et comme souvent, des actes sont plus forts que les mots, je me suis dit : Je vais m’engager, je vais monter ce projet-là, en espérant que ça continue à inspirer des jeunes et des moins jeunes à s’engager et à se réapproprier les questions sociétales que parfois on laisse de côté.

Prendre le temps de trouver sa voie

Quand j’étais ado, comme n’importe quel ado, je pense, on ne sait pas trop ce qu’on veut faire. Donc j’avais fait un bac S général pour apparemment m’offrir le plus de portes possibles, ne m’enfermer pratiquement aucune. Et à la suite de ça, je me suis dit, OK, maintenant j’ai ce bac S, qu’est-ce que j’en fais ? Je peux tout faire.

Bon, qu’est-ce que tu as envie de faire ? J’aimerais bien améliorer les conditions de vie de mon entourage, plus ou moins proches. Je me suis dit, OK, fac de psycho, ça me paraît pas mal. Ça va pouvoir me permettre d’aider ceux qui peuvent avoir besoin d’une oreille et d’un soutien moral. Et puis, ça pourrait peut-être me permettre aussi d’être professeure des écoles. Et ça, ça me plaît bien, cette transmission-là. Dans ma famille, on a pas mal cet état d’esprit-là. Beaucoup sont profs. Donc j’ai commencé par faire ça. Deux ans en France, un an en Italie.

Et là, en Italie, j’étais en Sardaigne, dans le cadre des échanges Erasmus. Et j’ai découvert la mer. Magnifique, la mer Méditerranée, les plages de Sardaigne, c’était fou. J’ai fait mes premières plongées avec un ami qui était chasseur. C’était un chasseur sous-marin. Un peu un Poséidon de mer, tu vois. Donc j’ai trouvé ça assez impressionnant. Et là, je me suis… J’ai vraiment aimé la mer, en fait. Ce moment-là a été assez important.

Ensuite, je suis revenue, je suis sortie de l’eau et je me suis dit, OK. En fait, je crois qu’il y a quelque chose à jouer avec la nature. Elle est super belle et à son contact, on se sent quand même vachement bien. Et je pense que ça pourrait résoudre pas mal de problèmes.

Donc en revenant en France, je me suis intéressée à l’éthologie. C’est le comportement animal. Après le comportement humain, je me suis intéressée donc au comportement animal. Je vais pouvoir apprendre à protéger tout cet écosystème-là. Et puis, au fur et à mesure, je me rends compte que non, c’est toujours pas ça. Si je veux protéger cet environnement qui nous apporte énormément de choses, c’est pas en apprenant mieux à le connaître, mais plutôt en contrant les sources de destruction de cet environnement-là.

OK, alors, rechangement ! Comment faire ? Vas-y, on se creuse la tête, tout ça. OK. Il y a quelque chose qui pourrait être pas mal. C’est qu’apparemment, le transport des personnes et la surconsommation a un impact très fort. Donc, c’était le tourisme, en fait, ce domaine-là qui était très polluant. Je me suis dit, ouais, mais en même temps, le tourisme, c’est génial. Moi-même, je l’ai expérimenté. En Sardaigne, par exemple, ça m’a permis de m’ouvrir à d’autres cultures, à m’ouvrir à d’autres milieux. il y a quand même beaucoup de bénéfices. Alors, est-ce qu’on ne pourrait pas juste transformer ce tourisme de masse en un tourisme plus vertueux ?

Et donc, j’ai fait cette super licence qui est la LPTES, la Licence Pro de Tourisme et Économie Sociale et solidaire à Avignon, qui est absolument fabuleuse, qui est portée par une équipe pédagogique incroyable. Et j’ai appris énormément de choses. J’ai été avec des personnes qui étaient dans les mêmes systèmes de valeurs. Je sentais que j’avais trouvé quelque chose, j’avais trouvé ma voie.

Je ne savais pas exactement comment, mais en tout cas, j’avais compris que ce n’est pas vraiment le secteur qui est un problème, c’est plutôt comment on le construit, comment on interagit avec ce secteur-là. Le problème, ce n’est pas le tourisme, c’est le tourisme de masse. On peut faire un tourisme plus vertueux. Le problème, je pense, par exemple, n’est pas nécessairement la viande ou la pêche, c’est la façon dont on pêche. C’est la façon dont on fait grandir ses poulets en batterie, etc. Tout est une question de manière d’aborder le problème.

Ça a été une super formation qui, ensuite, a abouti justement à montrer comment on peut allier compétence, militantisme et aussi se faire plaisir. On n’est pas obligé de se torturer, de se priver, pour avoir un impact positif. Non, on peut vraiment faire ce qu’on aime et ce pour quoi on est douée, tout en ayant un impact positif.

La recherche de la solitude sans perdre le contact avec autrui

C’est arrivé à un moment de ma vie aussi où j’étais très sollicitée et je sollicitais aussi beaucoup de monde. J’étais en permanence avec beaucoup de personnes et ça m’a énormément apporté. J’avais aussi un besoin un peu de solitude, je pense. Et donc, je me suis dit comment on fait tout en étant seule pour quand même arriver à faire une aventure qui soit participative et collective.

Et du coup, j’ai vu le film Le Grand Saphir au Festival Escales Voyageuses d’Avignon. Et c’est l’histoire de Manu qui a nagé 200 kilomètres entre Marseille et Toulon et qui a ramassé tous les déchets qu’il trouvait sur son passage.

Et ça a été un moment très, très fort parce qu’en le voyant, en voyant ce film, en voyant ce qu’il dégageait, en voyant ses actions, ça sonnait comme une évidence. Je me suis dit mais OK, en fait, il me montre que ça, c’est possible. Et en fait, ça me parle, mais tellement ! C’est exactement ça que je veux faire. C’est allier défis sportifs, dépassement de soi, défi solitaire, tout en ayant un impact positif.

C’est un impact quand même sur le collectif, puisque c’est une question sociétale et que j’avais envie de coupler ces moments de solitude en semaine avec des moments collectifs les week-ends pour transmettre toute l’énergie que j’avais en semaine toute seule, j’avais envie de la partager les week-ends. Du coup, je me dis « vas-y, c’est génial, je vais faire ça. Je vais prendre mon kayak… »

Les mobilités douces pour avoir le temps de s’imprégner de l’écosystème

Le kayak, en fait, j’adore l’itinérance douce. J’aime beaucoup l’idée de voyager mais voyager plutôt lentement, avoir le temps de m’imprégner de l’écosystème. Il me semble que les Amérindiens, quand ils partaient sur des longs voyages, ils se posaient quand même assez longtemps pour laisser le temps à l’esprit de revenir se rattacher au corps. Et j’ai trouvé ça magnifique. L’idée de se dire que voilà, on est plutôt à une échelle humaine, on est à une échelle naturelle plutôt que l’avion, par exemple, qui peut être très bien, mais qui n’a pas la même temporalité.

Un kayak, c’est du 6 km heure à peu près. Donc, c’est plutôt lent. Alors après, ça dépend de la houle, ça dépend du vent, ça dépend de sa condition physique aussi. Mais c’est suffisamment lent pour vraiment pouvoir voir beaucoup, beaucoup de détails. Donc, ça ne fait pas de bruit. Pour les poissons, les mammifères marins, c’est génial de pouvoir les observer, c’est top. C’est un moyen de transport que très peu de personnes utilise. C’est un moyen de faire des choses. J’en ai très, très peu vu.

Sur les deux mois de navigation des kayakistes, j’ai dû en croiser cinq, pas plus. Donc, c’est vraiment, on a cette impression là un peu d’explorateur qui est absolument génial. Le kayak est petit. Donc, tu peux aller pratiquement n’importe où. Tu peux rejoindre des îles, tu peux aller dans des criques qui ne sont accessibles que par la mer, qui ne sont pas accessibles par les bateaux qui sont trop gros. Donc, ça, c’était vraiment fabuleux.

Et du coup, ça m’a permis de vraiment comprendre au mieux l’écosystème marin et comment bien le protéger.

La préparation de sa 1ère expédition

Pour préparer mon expédition, je me suis beaucoup inspirée d’autres aventuriers qui avaient pu faire des trajets ou dans le même état d’esprit ou similaires. Et j’ai rencontré Jean-Hugues Gooris, qui est un aventurier qui a à peu près mon âge et qui, lui, a fait l’Aventure Cyclo-balconique. Donc, il a traversé tous les Balkans à vélo.

Et il m’a conseillé de prévoir que 50% du parcours. Et 50% du temps qui reste doit être un temps libre, justement, pour être à l’écoute des opportunités qui se présentent. J’ai trouvé ça génial. Il résume ça, cet état d’esprit, en disant que quand rien n’est prévu, tout est possible. Et moi, j’ai trouvé ça génial.

Alors, je prévois quand même pas mal, parce que je ne savais pas naviguer, parce que c’était la première fois que je partais en kayak, en solitaire. Et puis, si on veut que tout se passe bien, il faut assurer un minimum de sécurité. Donc, je me suis renseignée sur les grandes consignes de sécurité, les grandes erreurs à ne pas commettre. Et puis, j’ai fait en sorte que 50% de mon temps soit dédié au parcours, donc à la navigation et au ramassage. Et 50% était vraiment du temps libre.

Donc, du lundi au vendredi, je naviguais, deux à cinq heures par jour. Le soir, je bivouaquais. Ou parfois, j’étais accueillie par des personnes qui avaient une plage privée, ou par la maison du Parc national de Port-Cros, qui m’a ouvert ses portes. C’était génial.

Les villes aussi m’accueillaient très souvent. Et le vendredi midi, donc, j’arrivais sur place. J’arrivais sur l’étape que j’avais prédéfinie avant de partir. Tous les dimanches étaient prédéfinis justement pour pouvoir avoir un accueil des associations locales et des collectivités territoriales. Parce que si tu veux être efficace dans ton militantisme, il faut que tu travailles avec les gens qui y habitent, avec ceux qui connaissent le territoire. C’est compliqué d’arriver sur un territoire et de mener une action de terrain qui puisse avoir un impact si tu ne connais pas le lieu. Donc, j’étais plutôt dans l’état d’esprit où moi, j’amenais mon énergie, j’amenais mon réseau. Et donc, les locaux m’accueillaient et m’expliquaient aussi quelles sont leurs problématiques, comment ça marche, comment la mer fonctionne aussi, parce que c’est des personnes qui peuvent être là depuis des générations,

Moi, encore une fois, j’arrive avec une envie de bien faire, mais j’avais beaucoup à apprendre. Et donc, le vendredi, j’arrive sur place, le vendredi midi, on m’accueille, on regarde trois sites qu’on avait identifiés pour faire le ramassage, on en choisit un. Le samedi, on va découvrir tout ce qu’on peut découvrir, souvent, on allait pêcher, on allait naviguer sur certains endroits, on allait plonger. On allait rendre visite à telle ou telle entreprise qui recycle les filets de pèche, ou cette association qui fait beaucoup pour la sauvegarde des mammifères marins.

Et le dimanche, on faisait le ramassage avec tout le monde. Et là, on était entre, je crois, le plus petit, on était 18 et le maximum, on a été jusqu’à 60 personnes. C’est ça qui était assez dingue, c’est que justement, on n’avait pas trop, trop prévu. Et l’aventure étant longue, elle a quand même duré quatre mois. C’est au fur et à mesure de mon parcours que le bouche à oreille a commencé.

À Cavalaire-sur-Mer, le vendredi, et que cinq jours plus tard, tu es à 100 kilomètres ou même pas à 50 kilomètres parfois à côté, forcément ils se font passer le mot. Tout le monde se connaît, c’est des voisins en fait. « Donc, i »Il y a une aventurière qui arrive dans quatre jours. Ah ouais, mais il y a Mistral, vas-y, on va l’aider. On emmène les bateaux. » Et c’était fabuleux. C’était super chouette. Le bouche à oreille fonctionnait très, très bien. Et c’est ça aussi qui est intéressant avec l’idée de l’itinérance douce. C’est qu’on respecte un rythme qui est plutôt naturel. Dans un cercle, dans des périmètres petits, ça respecte le bouche à oreille. Ça se faisait plus naturellement. Et puis, je pense aussi que le fait d’être une jeune femme seule qui navigue en kayak, ça stimule encore plus, je pense, l’esprit de solidarité.

Les gros moments de doute

Il y a eu des moments de gros questionnements, de grosses remises en question. Celui que j’avais le plus, qui était justement avant de partir, c’était la peur de la solitude. J’avais terriblement peur de me sentir seule. Je suis toujours entourée de pas mal de personnes. J’adore partager. J’adore ça. Comme je le disais tout à l’heure, avant de partir sur le projet, j’étais négligente. J’étais énormément sollicitée et je sollicitais aussi beaucoup de monde. Et j’avais ce besoin de solitude-là, mais en même temps, je savais que ça allait être très difficile.

Et du coup, avant de partir, j’appelle mes amis aventuriers pour leur demander « à votre avis, comment je vais gérer la solitude ? » Ils font « tu y penses déjà? T’es déjà en train d’anticiper la solitude ? » Je fais « ça m’inquiète ». Ils font « prépare-toi, parce que c’est ça. Tu vas être un petit peu toute seule dans ton délire, parce que c’est pas quelque chose de commun, c’est pas quelque chose où tu vas avoir des repères, tu vas tout le temps bouger, etc. »

Donc j’ai été préparée psychologiquement à ça. Et au final, ça n’a pas été si dur que ça. Il y a eu quelques moments de coups de mou. C’était des moments souvent de mauvaise alimentation, qui étaient au début de l’inexpérimentation de ma part. Je ne connaissais pas assez mon corps. Je ne connaissais pas assez les nutriments que je pouvais avoir dans la nourriture. Le soleil aussi, je n’étais pas habituée à avoir autant de soleil. Il y avait peu de points d’ombre, au final. Après, je pense que oui, le mental joue énormément, c’est-à-dire que si tu sais pourquoi tu le fais et que tu es vraiment motivée, ça passe, ça n’empêche pas les coups de mou. Et c’était le cas. C’est-à-dire qu’il y avait des moments durs. Mais je savais que j’allais en ressortir en me comprenant mieux, en comprenant mieux mes besoins. Et en comprenant aussi, je pense, en étant nue, c’est une métaphore, en étant tout à fait nue comme ça, ça te permet de mieux comprendre l’essence un petit peu de ce qu’est la nature humaine, de quels sont ses réels besoins et ce sur quoi on ne peut pas faire l’impasse.

Et oui, d’ailleurs, je pense vraiment qu’on a souvent besoin d’être entourée quand même. J’ai vu ses limites à la solitude. Je ne pensais pas. Je pensais vraiment que des connaissances d’une ou deux journées pouvaient combler des amitiés de longue date, mais pas du tout. Les amitiés de longue date, c’est hyper précieux et ça n’a pas du tout la même valeur que des personnes rencontrées qui t’apportent des choses différentes. Et se suffire à soi-même, je pense qu’il y a des gens qui y arrivent. Mais non, je me rends compte que c’est hyper important d’être bien entourée.

Le projet azur c’est surtout la force d’une équipe & du collectif

Il n’y a pas eu de moment où je me suis dit que j’allais arrêter parce que mon équipe aussi, qui était derrière moi, était à fond. Il y a Adrien qui était à fond, à toujours me demander de mes nouvelles et qui s’occupait de la presse. Donc, il appelait régulièrement la presse. Et il y avait un article quasiment tous les jours qui sortait. Donc, tu as cette impression aussi de collectif qui fait que tu ne peux pas baisser les bras. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas envisageable. Et je me sentais tellement soutenue aussi que non, je ne pouvais pas m’arrêter.

C’était un hyper bon équilibre, en effet, d’être seule pour en apprendre davantage, pour prendre soin de moi aussi. Je prenais beaucoup soin de moi quand j’étais seule. Parce qu’il n’y a que sur toi que tu peux compter.

Pour naviguer, ce n’est pas anodin. Il faut être en forme. Et je prenais vraiment soin de mon kayak et de mon corps. Et puis après, le week-end, oui, c’était super fort. C’était super fort. Alterner ces moments de solitude et les moments collectifs, pour moi, c’était un super équilibre.

J’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé une pierre angulaire sur tout ce que j’aime. Ce qui n’est pas toujours le cas pour… Il y a plein de sujets où c’est un peu plus compliqué. Mais ce sujet-là, pour le coup, je me sens bien dedans. Vraiment faire ce qu’on aime, ce pour quoi on est doué et ce dont le monde a besoin. Alors, il y a cette quatrième partie qui est la partie financière, aussi, d’être payée pour ça. Pour l’instant, ce qui est chouette, c’est qu’on a des sponsors qui nous encouragent, qui nous aident, qui nous fournissent du matériel, qui nous donnent aussi un peu d’argent pour qu’on puisse mener à bien ces actions-là.

Et c’est chouette parce que ces aventures-là, on a ce coussin de sécurité qui fait qu’avec cet argent, si jamais il y a un orage… On n’est pas obligé de dormir dehors. On peut se réfugier dans un camping, on peut… Donc, on est quand même bien accompagnée. Et la force du collectif, vraiment, elle est très importante. Et c’est toujours difficile de la mettre en avant quand je raconte le projet Azur, parce que forcément, c’est souvent moi, la figure de proue, qui vais avoir la parole. Mais derrière moi, il y a toute une équipe qui est très mobilisée, qui… Eux aussi, ont trouvé leur force dans le projet. Ça, c’est super important, aussi.

Sensibiliser à chaque instant

Et la force de ce projet-là, c’est qu’on l’a médiatisé aussi. Notre envie première, c’était… Il y avait cette idée de me faire plaisir, entre guillemets, c’est-à-dire de faire ce que j’aime tout en ayant un impact positif sur l’environnement. Mais enlever les plastiques sur la plage, c’est une chose. Mais en discuter, en parler et le faire rayonner au-delà des ramassages qu’il peut y avoir avec les personnes, mais donc d’avoir… D’avoir la presse, d’avoir les réseaux sociaux, ça, c’était encore plus important, parce que du coup, la sensibilisation, elle va au-delà juste des rencontres.

Et ça, c’était très important. Donc ça a été notre premier budget qu’on a alloué, c’était à ça. C’était à… On a donné des sous à des amis pour qu’ils puissent vraiment prendre beaucoup de temps pour appeler les journalistes, faire une belle communication, parce qu’encore une fois, c’est comme ça que… c’est en inspirant, c’est en parlant de la problématique qu’on fait avancer les choses.

Et l’effet collatéral auquel on n’avait pas pensé, enfin, en tout cas, moi, je n’y avais pas pensé, mon équipe, si, bien sûr, parce qu’ils sont formidables, moi, je n’y avais pas pensé. Déjà, je pense au sens du vent, au marais, tout ça. Mais mon équipe avait bien vu, puisque le deuxième effet, c’est que ça attire des sponsors. Parce que forcément, on parle de nous dans la presse. Et donc, il y a cette visibilité-là qui est intéressante.

Et en fait, les sponsors, en tout cas, moi, ceux avec qui je travaille, j’en suis vraiment contente, puisque c’est des personnes qui, si elles sont venues vers nous, c’est parce qu’elles ont été touchées par cette problématique. Donc, il peut y avoir l’orientation de l’entreprise RSE, mais il y a aussi des personnes avec lesquelles j’ai affaire, qui sont des personnes qui sont réellement convaincues de l’action, qui sont réellement inquiétées aussi de la problématique. Et ça fait qu’au-delà de l’aspect financier, de l’aspect dons de matériel, technique, tout ça, on est face à des supporters. Et ça, ça donne une énergie de dingue.

Communiquer pour inspirer, trouver des partenaires et pouvoir continuer

Donc, communiquer un maximum, ça permet de sensibiliser au-delà des moments présentiels. Donc, c’est super important. Et en plus de ça, ça permet d’avoir du soutien. Donc, si vous faites des choses formidables, je parle aux auditeurs, si vous avez des actions qui sont formidables, ne les taisez pas, montrez-les, partagez-les, parce que ça peut inspirer. Et avec un peu de chance, ça peut donner encore plus de poids à votre action. Et ce serait bête de la minimiser, parce qu’il y a des projets formidables.

C’est pour ça que le collectif est super important. C’est parce que j’ai eu cette rencontre d’Adrien, mon ami, qui, pour lui, c’était une évidence qu’il fallait parler de moi. Et… Et moi, j’avais cette inquiétude-là de me la péter ou, tu vois, d’être mise en avant. Enfin, c’est un peu inquiétant, tout ça. Et il m’a dit : « mais en fait, on communique sur ce que tu es, c’est-à-dire une citoyenne lambda qui n’est pas une grande navigatrice. Je ne suis pas une grande navigatrice, je ne suis pas une grande sportive. Tu n’es pas une scientifique, mais ce que tu fais, c’est chouette. Donc, vas-y, on en parle ! »

Et c’est vrai que c’est ça qui est important aussi, c’est de… de ne pas se tromper sur ce qu’on veut dégager. Moi, j’essaye au plus proche de… Enfin, je suis assez transparente dans qui je suis, c’est-à-dire que je le rappelle… Quand on me demande, je rappelle que je ne suis pas scientifique, je rappelle que je ne suis pas sportive, je rappelle juste qui je suis. Et puis… Et puis voilà.

Traiter des problématiques très sérieuses, mais sans se prendre au sérieux

Après, nous, ce qui nous intéresse, c’est vraiment d’inciter, d’inciter à l’action, c’est de montrer justement qui je suis. Donc, désacraliser un peu ce côté aventurière, tout ça, c’est un grand jeu aussi. Je m’amuse beaucoup, je joue beaucoup, même si c’est très sérieux, je ne me prends pas trop au sérieux. Et en fait, beaucoup de gens sont capables aussi de traiter des problématiques très sérieuses, mais sans se prendre au sérieux. Et il suffit juste d’être OK avec l’idée qu’on peut être mise en avant, même si on est une personne normale.

Au début, c’était difficile, parce qu’il y avait aussi… Je pense que c’est dans beaucoup de familles. En tout cas, dans ma famille, il n’y a pas de personnes qui font spécialement parler d’eux. On n’a pas l’habitude d’être mis en avant. Donc, c’est vrai que ça peut être reçu un peu bizarrement, surtout que c’est l’histoire d’une nana qui ramasse des déchets. C’est quoi, cette histoire ? Mes parents, au début, ils étaient en panique, forcément. Ils se sont dit, mais pourquoi tu as lâché ton CDI pour aller ramasser des déchets sur la Méditerranée ? Alors oui, papa, maman, je vous assure, faites-moi confiance. On t’aime, ma fille, mais franchement… Finalement, ils sont fiers de moi. C’est cool. Ça, c’est vraiment chouette.

C’était un peu difficile d’aller… J’avais confiance en ce que je faisais, mais je faisais aussi un saut dans le vide. C’était complètement une aventure. Je me jetais à l’eau. Donc, je leur disais qu’il fallait me faire confiance. Mais d’un côté, je leur disais aussi, pour les rassurer, mais je ne le savais pas trop non plus. Donc, finalement, je pense qu’aussi le fait d’avoir le soutien de la presse, d’avoir eu le soutien de Yann Arthus-Bertrand, du Prince de Monaco, tout ça, ça légitime beaucoup l’action. Et désormais, mes parents sont beaucoup plus derrière moi. Au village, il y a pas mal de personnes qui se sont achetées des gourdes. Donc ça, c’est chouette aussi d’avoir cet impact.

Inspirer à son tour et faire évoluer le projet

Le projet Azur, c’était Anaëlle qui parcourt la Méditerranée. Et ça a inspiré plein de monde. En fait, ça a inspiré plein de monde. Et j’étais super contente que, comme j’ai pu être inspirée par Manu du Grand Saphir, je puisse, à mon tour, inspirer aussi des aventures au service de l’environnement. Et donc, ça a donné lieu à, désormais, un incubateur d’éco-aventuriers.

En fait, on s’est rendu compte que 80% des déchets qu’on retrouvait en Méditerranée, pour la plupart, ils venaient de la terre. Et ils étaient acheminés par le vent et surtout les fleuves. Il y avait des grosses concentrations de déchets aux embouchures de fleuves. Alors, il y a eu cette idée d’aller voir un petit peu à la source du problème, retourner un peu voir ce qui se passe dans les bassins versants, et donc de faire le plus long fleuve de France, la Loire, qui fait 1000 km. Et…

Et donc, chaque année, d’ouvrir un nouveau parcours pour qu’une aventurière, une nouvelle aventurière, chaque année, puisse reprendre le parcours précédent, qui est clé en main. C’est-à-dire que le parcours est déjà prédéfini. Tous les contacts sont sur place et ils sont ravis de voir que le Projet Azur perdure. Parce que quand tu arrives sur le site, tu apportes une énergie, tu apportes derrière toi toute une communication aussi qui est super intéressante pour montrer qu’en fait, on n’est pas tout seul dans notre coin. Il y a énormément de personnes qui se mobilisent et ça, on a tendance à oublier.

2022, le projet Azur part sur la Loire

Cette année [NDLR : 2022], il y a Solène qui reprend le flambeau de la Méditerranée pendant que moi, j’ouvre un nouveau parcours, celui de la Loire. Solène, par exemple, elle est encore plus sportive que moi, plus déterminée, plus jeune, et elle a encore plus d’énergie que moi, donc son parcours va être plus grand.

Sa force, ça va être là-dedans, ça va être dans la poésie aussi. Elle a une certaine poésie. Quand elle raconte ses voyages, ce n’est pas elle qui parle, elle fait parler son vélo : Pépito, son vélo. Et c’est magnifique. Ses histoires, elles sont super jolies, elle fait des très belles photos. Donc voilà, elle a cette sensibilité-là, aventure, qui est encore plus marquée, que moi je vais peut-être avoir davantage cet esprit participatif et collectif. Donc l’aventure va aussi s’adapter aux sensibilités de chacune.

Un incubateur d’éco-aventurière

Pour l’instant, l’incubateur d’éco-aventuriers est plutôt un incubateur d’éco-aventurières. C’est vrai que spontanément, le milieu de l’aventure, c’est vraiment un milieu où il y a beaucoup plus d’hommes. C’est très genré, beaucoup plus d’hommes. Le milieu de l’environnement, pour autant, est aussi très genré, mais à l’inverse, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup plus de femmes qui s’engagent dans l’environnement, et dans le côté aventure, beaucoup plus d’hommes. On a voulu réconcilier ces deux mondes et mettre en avant des femmes qui partent à l’aventure, que les aventurières, que les figures de proue soient des aventurières.

Il n’empêche que toute l’équipe qui s’occupe de la communication, de l’aspect scientifique, de l’aspect sportif, du parcours, etc., est mixte, mais on voulait mettre en avant plutôt des femmes.

Dans cinq ans, j’imagine, cinq nouveaux parcours, plutôt en France, quoique ça va aussi dépendre de la sensibilité des éco-aventurières, parce que ce qui est important aussi, c’est de faire ce qui nous plaît, ce qui nous touche, ce qui nous révolte.

En ce moment, ce qui me révolte, c’est l’omniprésence du plastique en Méditerranée, et plus largement dans les mers et les océans du monde entier. Mais si une aventurière arrive avec une indignation face à des problématiques sociales, je pense à quelque chose qui me parle beaucoup, on verra plus tard, mais peut-être les problématiques de migration peuvent… Enfin, il faut aussi qu’on s’y intéresse à ces problématiques-là. Et je ne ferme pas la porte à ce qu’on puisse accompagner une aventurière qui ait sa propre problématique tant qu’elle soit d’intérêt général, et donc l’accompagner sur une aventure qui nécessite un défi sportif, qui nécessite une équipe derrière, puisque c’est ça, en fait, l’idée de l’éco-aventure.

Plein d’idées pour former les futurs éco-aventuriers

C’est qu’il y a toute une équipe derrière qui va porter cette aventurière pour qu’elle puisse réaliser cette aventure-là au service de l’intérêt général. Et pour porter ces aventurières, on aimerait, dans 5 ou 10 ans, on aimerait avoir un espace, un espace suffisamment grand pour pouvoir faire des formations et pouvoir former toutes les aventurières qui souhaitent mener des aventures. Donc reprendre les parcours clés en main, mais aussi les accompagner pour créer leur propre éco-aventure. Et on aimerait beaucoup l’implanter sur Avignon, qui est un territoire qui est plutôt central, qui est bien desservi. Et voilà, il y a une nature qui est magnifique aussi. Il y a le Rhône, juste là, pour apprendre à naviguer. Et voilà. On aimerait qu’il y ait 5, 6 aventurières chaque année qui soient accompagnées. Je pense qu’au bout d’un moment, moi, je vais me mettre en retrait. J’irai moins sur le terrain, mais je vais plus accompagner ces femmes pour qu’elles, à leur tour aussi, partent sur l’aventure.

Le Projet Azur est aussi sur scène

La première fois que je me suis jetée à l’eau, c’était en Méditerranée avec mon kayak. Et la deuxième fois, c’était sur Seine. Cet automne, en revenant du projet Azur Méditerranée, je me suis… C’était complètement dingue, en fait. Cette aventure, elle était complètement dingue. C’était de la joie, c’était de l’horreur, c’était du dépassement de soi, c’était de la fatigue, c’était de l’énergie extrême. C’était très, très riche. Et j’ai énormément appris. J’ai énormément appris de choses. On m’a beaucoup enseigné. J’ai fait des rencontres fabuleuses. Et je me suis dit OK, tout ça, il faut que j’en fasse quelque chose.

Et je me suis dit que ça serait chouette de faire une pièce de théâtre sur l’aventure. Donc, je me suis fait accompagner par Isabelle Sers, qui est une metteur en scène à Marseille. Et au Théâtre de l’œuvre qui est un super théâtre à Marseille, pendant deux mois, j’ai joué sur scène, j’ai improvisé et avec Isabelle, on a écrit une pièce, une conférence gesticulée qui dure 50 minutes et qui mélange savoir froid et savoir chaud.

Les savoirs chauds, ça va être tout ce que j’ai vécu sur l’aventure, les émotions. Et les savoirs froids, ça va être des faits scientifiques sur l’état de la mer. Donc on a mélangé ces savoirs froids et ces savoirs chauds, le tout sur un fond d’autodérision. Et donc ça a fait ce seul en scène de 50 minutes sur le projet Azure Méditerranée. J’aurais pu le faire jouer par quelqu’un, mais j’avais envie de le faire… Ça aurait été plus compliqué, je pense.

J’aime bien la simplicité et je pense que c’était plus simple de le faire moi que de trouver quelqu’un qui aurait accepté de le jouer. Après, l’idée, c’est que ce texte puisse appartenir à tous. Donc s’il y a des acteurs, des comédiens, des comédiennes qui m’entendent, au plus il est joué et au plus le message passe.

Le message, c’est que on est tous capables d’agir et qu’on peut le faire en faisant ce qu’on aime. La conférence gesticulée existe maintenant en podcast de 5 fois 7 minutes. 5 chapitres de 7 minutes chacun. Je voulais aller au plus simple pour toucher un maximum de personnes. Ce qui me paraissait le plus simple entre ce que je savais faire et ce que j’aimais faire, c’était vraiment de raconter cette aventure-là sur scène.

Écrire un livre, c’est plus difficile pour moi que de monter sur scène et raconter ce qui s’est passé. On fait partie de cette génération qui est en quête de sens et pour moi, le sens que je vais mettre à mes actions, c’est de transmettre une énergie et d’alerter sur une problématique.

Des apprentissages sur le terrain qui resteront ancrés

J’ai appris énormément de choses sur la Méditerranée, sur la pollution plastique. Alors, heureusement, j’ai davantage appris de belles choses par rapport à l’écosystème marin. Ça, c’était magnifique. Mais j’ai aussi appris sur la problématique. Avant de partir, je m’étais pas mal renseignée. Je lisais beaucoup de livres. Mais rien ne vaut l’expérience de terrain. Rien ne vaut l’expérience de terrain pour vraiment comprendre la problématique.

J’ai compris que on était, un peu, on est tous responsables et tous capables. C’est-à-dire que quand je parlais aux entreprises de la pollution plastique, elles me disaient, oui, mais les lois, elles sont pas favorables et puis les consommateurs, ils seront jamais prêts à ce changement-là. Les politiques, eux, vont dire que les industries pourront pas suivre et que les citoyens sont réticents et les citoyens, eux, vont dire que c’est la faute aux politiques et aux industries.

Donc, tout le monde, tout le monde se renvoie à la balle et au final, peu d’actions se font. Il y a quand même une belle mobilisation sur le littoral parce que les habitants de la mer le voient tous les jours, c’est leur chez-eux. Mais ça suffit pas. Il faudrait davantage de mobilisation de la part des citoyens, mais aussi des politiques et des industries. Si tout le monde se renvoie à la balle, ça va être compliqué d’avancer. Il faut des petits pas. Selon ses compétences, selon ses moyens, tout le monde est capable d’agir.

Chacun peut faire un pas pour faire avancer les choses

Ce n’est pas vrai que c’est pas ma faute. C’est pas totalement ma faute. Mais c’est pas pas ma faute ! On est tous un petit peu responsables, tous un petit peu capables. Et je parle pas de partir vivre en ermite au sommet du Mont Ventoux ou je ne sais quoi.

Mais tout simplement, voilà, avoir conscience de l’impact de… de sa consommation, de ses choix. Et puis ne pas oublier de rappeler aux industriels que c’est nous qui achetons les produits. Et donc là, ce qu’on aimerait, c’est plus de vrac, c’est plus de consignes, c’est plus de choix sur notre impact sur l’environnement. Et puis aux politiques aussi, d’entendre que pareil, on est en train de détruire notre planète. Et qu’au final, on pourrait peut-être faire autrement. Pour en revenir à mes études où j’ai découvert que le tourisme n’était pas nécessairement qu’un tourisme de masse qui pouvait être durable. Eh bien, pareil, peut-être qu’on pourrait avoir une gestion plus durable de l’ensemble de nos actions.

Ce qui inspire Anaëlle

Ce qui m’inspire en ce moment ? La première chose à laquelle je pense, c’est Solène. C’est l’aventurière qui reprend la Méditerranée parce que elle reprend quelque chose que j’ai fait. Donc forcément, je me projette avec elle sur ce qu’elle fait. Et en fait, elle m’épate ! Elle m’épate. Elle part dans des endroits auxquels je n’aurais pas pensé. Et elle m’inspire énormément parce qu’elle reprend le projet, elle le remet à sa sauce.

Et c’est hyper inspirant de voir un petit bébé que tu as fait – pas Solène, j’ai pas fait Solène [rires] – mais d’avoir fait ce bébé azur et de voir comment elle le fait grandir, c’est hyper inspirant. C’est magnifique parce que sinon, il n’aurait pas pu continuer le Projet Azur Méditerranée s’il n’y avait pas une aventurière qui l’avait repris.

J’aurais pu le refaire, mais ça avait beaucoup de sens d’aller voir ce qui se passe sur les fleuves qui sont des sources de pollution aussi très fortes. Et de faire avancer la réflexion. Puis il y a une deuxième personne aussi qui m’inspire beaucoup, c’est Stéphane Hessel Indignez-vous je l’ai eu à 18 ans, je crois, quand il était sorti. C’est mon tonton qui me l’avait acheté pour Noël. Et il est tout petit. J’ai cru qu’il s’était gouré, que c’était une brochure. Je me suis dit, mais c’est petit. Tonton, t’as oublié mon cadeau !! [rires]

Et c’était magnifique parce que Indignez-vous de Stéphane Hessel, je l’avais entendu à la radio à France Inter, j’en avais entendu parler. Et ça résonnait aussi avec les paroles de mon papa quand il me parlait un peu de mai 68, quand je lui parlais aussi d’à quel point j’étais triste de voir le monde qui allait mal. Et il m’a dit, mais maintenant, c’est à toi aussi de faire la révolution. C’est à toi de… Alors, il n’était pas du tout révolutionnaire, il n’a pas du tout fait mai 68. Lui, il était juste photographe, il prenait les photos. Mais il n’était pas engagé politiquement là-dedans. Mais il m’a dit… Un jour, il m’a dit ça et ça m’a vraiment bien marquée. Une révolution, chacun la fait à sa manière, mais je me sens alignée dans mes actions.

Transformer son indignation et action positive

Encore une fois, je pense que dans n’importe quel domaine, on peut rajouter cette touche d’action positive, de positivité envers le collectif. J’ai vu beaucoup de choses, j’ai vu des sources de pollution abominables, j’ai compris aussi beaucoup de mécanismes affreux : des profits personnels aux dépens de l’intérêt collectif, de notre environnement. Mais j’ai vu aussi beaucoup, beaucoup de solidarité et de mobilisation. Au final, on peut tous transformer notre indignation en action positive.

Conclusion de l’épisode

Marie-Cécile :

Merci Anaëlle pour ta bonne humeur et cette énergie positive, communicative au service de la planète et, ne l’oublions pas, de notre bien-être collectif. Je valide complètement le fait que l’on peut tous transformer son indignation en action positive, chacun et chacune à son niveau.

Et oui, pas besoin de devenir éco-aventurière et de passer 4 mois en kayak pour agir. Il y a tellement de manières de faire évoluer ces modes de consommation, de transmettre ou d’agir localement. Si vous souhaitez suivre Anaëlle et Solène dans leur périple, les soutenir dans leurs actions, voire devenir une future éco-aventurière du Projet Azur, vous pouvez les retrouver sur Instagram ou Facebook ou sur projetazur.com.

Et même, contacter Anaëlle pour lui proposer un lieu ou présenter sa conférence gesticulée, ‘Tout sur ma mer’, je l’ai vue, c’est vraiment un spectacle d’intérêt général.

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