Nicolas Chabanne présente la marque solidaire C'est qui le Patron ?! sur Esperluette, le podcast à l'écoute du Vaucluse

Nicolas Chabanne : Le consommateur a le pouvoir avec C’est qui le Patron ?!

27 exploitations agricoles ferment en France chaque jour faute de revenus suffisants et 100 000 ont disparu en 10 ans. Et pourtant il leur manque souvent seulement quelques centimes pour s’en sortir et continuer. C’est un constat alarmant et depuis 8 ans, Nicolas Chabanne, carpentrassien, se bat avec les sociétaires de la marque C’est qui le Patron ?!®  pour que les personnes qui nous nourrissent chaque jour soient payées dignement. Et ce prix, il n’est pas décidé dans une salle de réunion mais par les consommateurs et les consommatrices.

Et oui c’est possible et depuis le lancement du premier produit, une belle brique de lait bleu très facilement reconnaissable dans les rayons, il y a maintenant tout une gamme de produits créés par la coopérative C’est qui le Patron ?!®. 

100 millions de produits CQLP sont vendus chaque année sans pub et sans commerciaux. Alors évidemment j’ai souhaité partager avec vous cette incroyable réussite et Nicolas a eu la gentillesse d’accepter mon invitation (merci à Marie pour l’organisation). 

Vous allez prendre une bonne dose d’inspiration dans cet épisode, je vous l’assure.


Références citées dans l’épisode :

Pour retrouver tous les cahiers des charges des produits C’est qui le Patron?! avec le détail des prix en tout transparence, devenir à votre tour sociétaire, savoir où retrouver les produits vous pouvez aller visiter leur site :

cestquilepatron.com/

Pour devenir sociétaire : https://agir.cestquilepatron.com/adhesion/informations

Les suivre sur les réseaux sociaux : Facebook LinkedIn Instagram 

Dernière action que vous pouvez faire pour soutenir C’est qui le Patron ?!® : partager cet épisode au maximum pour que la marque soit encore plus connue.

Les autres références citées :

Confrérie de la Fraise de Carpentras : https://www.facebook.com/ConfrerieFraisesdeCarpentras/?locale=fr_FR

Gustatif et solidaire : https://gustatifetsolidaire.fr/

Le classement NielsenIQ : https://cestquilepatron.com/cqlp-a-la-1ere-place-des-nouvelles-marques-de-ces-10-dernieres-annees/

Cet épisode d’Esperluette a été pensé, enregistré (en mai 2024) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

Pour les malentendant·es, l’épisode est entièrement retranscrit ci-dessous

Merci à Autoscript qui me permet de faire toute la retranscription de mes épisodes

Introduction de l’épisode

Marie-Cécile :

Je suis ravie de vous accueillir pour ce nouvel épisode d’Esperluette. Si vous découvrez Esperluette aujourd’hui, petit rappel. Esperluette, c’est le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Moi, je suis Marie-Cécile Drécourt, la productrice de ce podcast depuis maintenant 6 ans. Et même si ici, je veux faire découvrir mon territoire autrement, vous n’avez absolument pas besoin d’être Vauclusien pour l’écouter, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez.

Présentation de l’invité : Nicolas Chabanne

Et quoi de mieux pour vous inspirer que de vous proposer une petite série d’épisodes sur des Vauclusiens et Vauclusiennes qui s’engagent, chacun et chacune à leur manière.

Après Anaëlle Marot et le Projet Azur, cette semaine, niveau inspiration, vous n’allez pas être déçus. Mon invité est né à Carpentras, il vit à Mormoiron, il est passionné et très engagé. Il se bat avec son équipe depuis 8 ans pour que les personnes qui nous nourrissent chaque jour soient payées dignement. Ça peut paraître logique, mais malheureusement, ce n’est vraiment pas le cas en France.

Et ce prix, il n’est pas décidé dans une salle de réunion, mais par les consommateurs et les consommatrices. Et oui, c’est possible ! Et depuis le lancement du premier produit, une belle brique de lait bleu très facilement reconnaissable dans les rayons, il y a maintenant toute une gamme de produits créés par la coopérative C’est qui le Patron ?!®.

Nicolas Chabanne, le créateur de la coopérative qui a fait exploser les règles pour soutenir nos agriculteurs, a eu la gentillesse d’accepter mon invitation. Aujourd’hui, C’est qui le Patron ?!®, c’est plus de 3000 producteurs et productrices soutenus partout en France, et plus de 14 000 sociétaires engagés dans la démarche. Je vous laisse écouter nos échanges. Et on se retrouve en conclusion de l’épisode pour que je vous donne toutes les infos pour devenir à votre tour sociétaires et soutenir cette marque formidable.

Bonne écoute !

Nicolas Chabanne se présente

Nicolas :

Je suis Nicolas Chabanne, je suis un des consommateurs dans cette aventure collective C’est qui le Patron ?!®. Je viens de Carpentras, puisque j’ai passé toute mon enfance à Carpentras. Ensuite, j’ai travaillé à Velleron et au Grand Avignon. Et c’est là que j’ai intégré la confrérie de la fraise de Carpentras avec le Président de l’époque, Robert Rouch, qui œuvrait pour faire connaître cette fraise merveilleuse, qui était en concurrence trop frontale avec d’autres produits bien moins bons.

Notre vocation, c’était d’essayer de faire en sorte que les producteurs carpentrassiens arrivent à être payés au juste prix déjà à l’époque. Moi je m’occupais de la communication. Et puis, en même temps que cette démarche qui existe toujours, maintenant c’est devenu « Gustatif et solidaire ».

Et ensuite, vous avez Les gueules cassées, les fruits et légumes moches, parce que quand vous avez des fruits d’exception comme chez nous, et que vous voyez quelqu’un qui jette certains abricots, comme Thierry Saint-Michel le faisait aux portes du Luberon. On lui demande « mais pourquoi tu jettes ces abricots incroyables, si bon ? ». Simplement parce qu’ils avaient un petit défaut de forme, une petite marque, et qu’ils risquaient d’être refusés par la Grande Distribution. Tu te dis, « c’est quand même dommage ! »

Et c’est comme ça qu’on a fait naître Les gueules cassées. Donc tous les fruits, et au-delà, les produits qui pour des petits défauts d’aspect, de couleur, de forme, sont écartés, alors qu’ils pourraient être tout à fait consommés et même vendus moins chers. Pour info, chaque année en France, c’est le Stade de France rempli à ras bord. Voilà ce que chaque année, gaspille le système global, alors qu’on pourrait évidemment consommer ces produits. Et c’est comme ça qu’après Les gueules cassées, il y a eu un article dans le New York Times, qu’on voit toujours en ligne, qui décrivait cette initiative française qui ensuite est dans tous les pays, il y en a partout maintenant, et tant mieux. Et de là est arrivée la discussion autour de C’est qui le Patron ?!®.

Marie-Cécile :

Alors concrètement, pour quelqu’un qui ne connaît pas C’est qui le Patron ?!®, on parle de sociétaires, comment ça fonctionne en quelques mots C’est qui le Patron ?!® et un produit C’est qui le Patron ?!® , comment il est produit ?

C’est qui le Patron ?!® c’est quoi donc ?

Nicolas :

Alors C’est qui le Patron ?!® c’est une coopérative de consommateurs, mais très dynamique ! Ce n’est pas l’association qui peut un peu ronronner, c’est vivant. Cette coopérative elle nous rassemble. On paye un euro, c’est la loi, sinon on l’aurait même fait gratuit, et puis on devient tous sociétaires. Et là on a une voix, un vote. Moi ma voix compte comme celle de tous les gens ici du bureau, pas plus, pas moins que celle d’un autre sociétaire.

Et quand on est rassemblés à cet endroit-là, on est à peu près 15 000 dans la coopérative, et on est 16 millions d’acheteurs des produits – tout le monde n’est pas dans la coopérative, tout ça se mélange – et bien quand on est dans la coopérative, la première chose qu’on fait c’est créer des produits solidaires, se poser des questions simples :

Combien il manque sur une brique de lait ? Ok, 8 centimes par litre, bon, ça nous fait combien : 4 euros de plus par an ?

Sur le jus de pomme, il manque 9 centimes par kilo de pommes. Ah bon, les producteurs arrachent leurs arbres pour 9 centimes. On en boit combien ? Ça fait 1,60 euro par an, très bien !

Et une fois qu’on a fait ça, non seulement on va créer un produit équitable pour les producteurs, mais on va créer un produit grâce à des questions collectives, qui va nous permettre de faire attention au bien-être animal, à l’impact environnemental, avec une énorme originalité qu’on doit à Laurent Pasquier qui est un des initiateurs de C’est qui le Patron ?!®, c’est de se dire, si je choisis des fourrages locaux et pas des fourrages qui viennent du fin fond de l’Europe, ça coûte combien de plus ? Bah, 1 centime, ok, je prends !

Des produits solidaires et éthiques créé par les consommateurs

Il y a parfois des choses comme : on met dans le beurre depuis des années, de la carotène pour qu’il y ait cette couleur uniforme toute l’année, on s’est dit… C’est à chaque fois un vote, c’est pas l’équipe qui décide dans son coin. Si on enlève ça, on aura un peu la couleur du beurre en fonction des saisons comme avant, comme ça a toujours été, ah ben vous économisez 1 centime, bon ben on l’enlève !

Donc on a des questions, on a des réponses très simples, et ça nous permet de finalement faire un produit solidaire, avec un cahier des charges cohérent, où le prix, qui finit d’ailleurs sur le produit, est le témoin de nos choix.

La transparence pour un prix juste

On sait tout sur le produit, on sait tout sur le produit solidaire. Et c’est comme ça qu’un lait un peu plus cher, parce qu’il était un peu plus cher à son arrivée, est devenu le plus vendu, parce que tout le monde avait oublié finalement de se dire, mais cette transparence, est-ce qu’elle me donne pas envie d’acheter le produit ?

Nous, dans C’est qui le Patron ?!® On sait où va chaque centime, vous allez sur le site, vous pouvez le voir. Là récemment il y a eu l’inflation, 28 centimes de plus, comme pour tous les produits, mais on s’est dit pourquoi ? Ben on a posé la question, on a pris les factures. On a regardé l’alimentation animale qui a monté, l’électricité de la laiterie qui est passée de 5 millions par an à 25 millions par an, ben on a compris que c’était obligatoire.

Mais aujourd’hui, on peut dire que les 28 centimes de plus, c’est beaucoup sur une brique de lait, et bien il y en a 13 qui sont allés à la laiterie, avec des factures pour comprendre pourquoi, et 15 centimes sont allés vers les producteurs parce qu’ils avaient des coûts de production qui ont explosé.

Et au moment où l’inflation a fait baisser la vente de l’ensemble des produits, notamment dans le rayon lait ; parce qu’on savait où allaient ces centimes – c’est ce que j’imagine, je n’ai pas la réponse de tout le monde – mais les ventes ont progressé, c’est absolument incroyable ! En ce moment, c’est la brique de lait qui progresse le plus en étant déjà la première, parce qu’on sait où vont chaque centime, et on sait que le producteur à l’autre bout, on peut le vérifier, il est heureux, il dort, l a des nuits normales, et il a une vie de famille normale.

Il faut un peu de folie pour changer les règles de la distribution agroalimentaire ?

Marie-Cécile :

C’était quand même un peu un pari fou à la base de se dire, on va impliquer les consommateurs, on va créer une coopérative, on va changer les choses. Il faut un peu de folie pour lancer ça ?

Nicolas :

Je ne sais pas si c’est de la folie que d’imaginer qu’on serait peut-être très nombreux à pouvoir ajouter à l’époque, le calcul c’était 4 euros de plus par an pour sauver des producteurs de lait. On était arrivé à ce calcul tout simple : il manquait 8 centimes par litre pour qu’un producteur gagne sa vie, en bossant 7 jours sur 7, dans le lait c’est beaucoup de travail. Quand on multiplie ça par le nombre de litres qu’on boit par an et par habitant, 50 litres, on arrive à 4 euros par an, 30 et quelques centimes par mois.

C’est là où on s’est dit, moi j’étais tout seul au début, mais je me rappelle, c’était une nuit, il y a une fenêtre pas loin du Ventoux, je me rappelle m’être dit 4 euros de plus !

Ne pas culpabiliser mais sensibiliser

Je ne peux pas être le seul à pouvoir le faire, même si je n’ai jamais oublié, et on n’oublie pas aujourd’hui, des familles qui ne peuvent pas même rajouter un centime de plus, quand tu as du mal à nourrir ta famille, on ne peut pas te parler de même un centime de plus. Mais tous ceux qui peuvent, il fallait qu’ils puissent le faire. On est très nombreux à pouvoir le faire.

Donc moi je ne me suis jamais dit, tiens je vais faire un produit pour les consommateurs. Je suis un consommateur. Je me suis dit en tant que consommateur : « Tu le ferais quand même, 4 euros de plus par an si tu es sûr que ça sauve les producteurs ? » Parce qu’après, il fallait qu’on ait cette transparence, c’est ce qu’on a mis en place.

On met autant d’énergie à créer les produits solidaires qu’à les vérifier, et vérifier que les producteurs gagnent leur vie. Et en fait, quand vous vous posez une question toute simple comme ça, et que la réponse est aussi simple et aussi accessible, vous avez du mal à imaginer que ça va être si compliqué que ça, et si fou, comme vous le dites dans votre question, d’y arriver.

Marie-Cécile : Est-ce que justement, ça a été compliqué à mettre en place ? À convaincre après qu’effectivement, c’était possible et que le consommateur allait suivre derrière ?

Convaincre que c’est possible de faire un produit au juste prix

Nicolas :

Et non, c’est ça qui est assez incroyable. C’est-à-dire que… Alors, c’est une vraie question que vous posez, parce que vous avez des mastodontes, des grandes marques, des grands distributeurs. Comment arriver à leur dire : il faut créer un produit un peu plus cher, mais même pas plus cher, il ne faut plus dire ça, au juste prix. Parce que c’est les autres qui ne sont pas au juste prix.

Tous ces produits qui, en les achetant, bien malgré nous, consommateurs, parce que ce n’est pas nous qui organisons ça, on nous associe, sans qu’on le veuille, à des achats qui pénalisent et qui condamnent des familles à l’autre bout. Pourquoi on nous rend complices de ça ? On n’a pas envie de ça. Faites en sorte d’ailleurs que peut-être ce n’est pas à nous, consommateurs, de tout rajouter, faites une part aussi du chemin de votre côté.

Et en fait, quand vous prenez les choses comme ça, ça devient simple. Parce que la nouveauté apportée par C’est qui le Patron ?!®, c’est d’avoir pu dire, alors que tout le monde regardait dans la direction du prix le plus bas, tout le marché mondial s’était organisé autour de l’idée que pour vendre un produit, pour que les gens aillent dans un magasin ou une enseigne plutôt qu’une autre, il fallait être le moins cher. Ce qui est vrai, on ne va pas dire que ça n’est pas vrai. Aujourd’hui, c’est très difficile pour tout le monde.

La stratégie du toujours le moins cher n’est pas toujours la meilleure

Mais ce qu’on n’avait pas regardé, c’est combien il faut rajouter pour sauver des gens qui nous nourrissent. Combien ? Est-ce que c’est 100 euros ? 500 euros par an ? On se rend compte que c’est quelques centimes par produit.

Et avoir cette information-là, ça permet à ceux qui le souhaitent, qui estiment que c’est important, on est très nombreux. On l’a encore vu avec les manifestations des producteurs, alors qu’ils bloquaient les routes et les autoroutes, tout le monde était en soutien parce que, rendez-vous compte encore une fois, que c’est une famille de gens quand vous les voyez sur les marchés, quand vous ne les voyez pas dans les grands magasins parce que souvent, ils sont partis au moment où vous achetez les produits, mais derrière ces produits, il y a des gens qui travaillent dur, très dur, en se plaignant quand même assez peu et qui essayent juste de gagner leur vie pour nourrir leur famille.

Réparer une injustice avec quelques euros de plus par an

C’est cette prise de conscience-là qui est d’ailleurs deux choses, la réparation de cette injustice : Quel métier, aujourd’hui en France, fait que vous travaillez et qu’on vous dit à la fin du mois, écoute, ce mois-ci, tu ne gagneras que ça. Voilà, c’est comme ça. On ne peut pas te donner plus. Personne n’accepterait de travailler comme ça.

Et puis la deuxième injustice, elle nous touche directement. On va se créer un monde où les producteurs près de chez nous disparaissent. Vous avez des chiffres incroyables : 100 000 producteurs, 100 000 exploitations ont disparu en 10 ans. Il y avait 2,3 millions de producteurs en France, après-guerre, en 1950, il en reste 395 000. Il y a 27 exploitations qui, tous les jours, mettent l’acte sous la porte. C’est quoi ? Ce ne sont pas des gens qui font un métier décoratif ou anecdotique. Ce sont les gens qui nous nourrissent.

Sensibiliser aussi les enfants

Récemment, je parlais avec des enfants, on essaie de sensibiliser aussi à l’initiative, comment ça fonctionne.

Les consommateurs que je représente dans l’initiative, vont être parrains des trois journées nationales de l’agriculture. Et en fait, j’avais un peu du mal à… du mal, mais je me suis dit « Comment tu peux expliquer l’absurdité et l’injustice qu’on se doit de réparer, en donnant juste à ceux qui nous nourrissent de quoi se nourrir eux-mêmes et nourrir leur famille. »

Et en fait, je me rappelle, je leur ai dit, mais imaginez qu’il y ait un peuple qui vienne de loin, qui ne connaisse pas du tout notre planète, ses codes, qui découvre notre monde. Et la première chose qu’ils demanderaient, semble-t-il, c’est… Bon, tous ces gens sur Terre, ils ont besoin de quoi en priorité ? Se nourrir. S’ils ne se nourrissent pas, ils meurent. Bon, OK. Donc ça, c’est donc le plus important pour eux. Il n’y a rien de plus important que ça. Il y a beaucoup de choses importantes, bien sûr. Mais celle-là, si elle n’existe pas, il n’y a pas de vie.

Deuxième question, comment ils se nourrissent ? Il y a des gens qui travaillent tous les jours pour nourrir tous les autres. OK. Je pense que cette réflexion amènerait les gens qui découvriraient cette réalité à se dire, bon, je peux aisément imaginer que ceux qui nourrissent les autres sont ultra protégés. C’est la famille la plus protégée de l’ensemble du système !

Et là… Surprise. Ils découvriraient que ce sont des gens qui ont beaucoup de mal, parfois, ils gagnent 300 euros par mois en travaillant du lundi au dimanche. C’est absolument… Ce n’est pas une histoire d’injustice ou d’inacceptable, c’est en dehors de toute logique de la vie et de son point d’équilibre. Et c’est là qu’on découvre qu’en protégeant les producteurs à nos portes français, on se protège nous-mêmes.

Protéger la nourriture produite à nos portes

Rendez-vous compte, les prochaines années, avec le contexte qu’on voit compliqué, géopolitiquement, ce n’est pas simple. Je crois que c’est très rassurant d’imaginer qu’on espérera qu’il y ait de la nourriture qui vienne d’ailleurs. Cette nourriture à nos portes, il faut la protéger. On peut le faire. On l’a montré. C’est un grand succès, d’ailleurs. Ce n’est pas une utopie ou un rêve. Voilà, c’est devenu la brique de lait la plus vendue de France, la brique des consommateurs. Pareil pour le beurre bio. Pareil pour les œufs. Ils sont troisième alors que la marque est très récente.

C’est absolument fou ce qu’on vit. Là, on a vu un classement récemment d’un organisme qui s’appelle NielsenIQ :Depuis dix ans, toutes les grandes marques qu’on connaît, les grands groupes, Nestlé, Danone, sortent des marques avec des moyens, évidemment, extraordinaires, financièrement, les forces de vente. Puis, la marque, C’est qui le Patron ?!®, la marque des consommateurs, elle est deuxième. Deuxième de ce classement des plus fortes marques depuis dix ans, sans pub à la télé, sans commerciaux dans les magasins. Donc, ça prouve qu’il y a un autre chemin possible.

Des concassés de tomates produits dans le Vaucluse

Marie-Cécile :

Puisque mon podcast est autour du Vaucluse, il y a un producteur qui est dans le Vaucluse, qui produit des tomates.

Nicolas :

Oui, c’est Pierre. C’est une demande très forte, collective. C’est toujours pareil pour les produits qui vont naître. Il y a une petite zone où on peut s’exprimer et dire, moi, j’aimerais bien quand même qu’on puisse, nous, les consommateurs, se créer pour nous un emmental, par exemple. Et puis là, le concassé de tomates – on ne savait pas d’ailleurs que ça allait être un concassé. Ça pouvait être un concentré, ça pouvait être la pulpe de tomate, une sauce tomate – est arrivé très vite en tête.

Alors, on s’est dit, bon, ben voilà le principe de la création d’un produit. Là, les ingénieurs agro de l’équipe – ils sont quatre – se mettent en marche en disant, bon, on va faire un questionnaire, on se donne à nous tous. Vous comprenez la différence, on ne se dit pas, on va donner aux consommateurs comme si on était une grande marque avec du marketing.

Première question, c’est que déjà, nous, consommateurs qui bossons ici, qu’est-ce qu’on imagine possible ? Et voilà comment est né le questionnaire que vous pouvez retrouver, je pense, encore en ligne. Vous pouvez le refaire et vous voyez comment, avec des questions très simples sur la façon de produire, l’emballage, la rémunération évidemment des producteurs, vous arrivez à un prix transparent, puisque chaque critère est choisi par nous tous, consommateurs.

Et voilà comment, sans même que je puisse avoir la moindre influence, puisque moi j’ai découvert, et j’étais très heureux, que Pierre à Monteux était le producteur qui était à l’origine de ces tomates, qui permettait de faire concasser les tomates.

Donc, moi, ça me parle encore plus que je vois exactement où il est, comment il travaille. Je sais que c’est une famille qui travaille très bien, et c’est un bonheur. Mais en réalité,… Là, vous vous rendez compte, on a un concassé de tomates dont on connaît le producteur !

Connaître les agriculteurs dont on mange le produit

Ce qui, à l’échelle normalement de ces produits-là, n’est pas tout à fait vrai. Vous voyez, ça, c’est typiquement quelque chose qui est merveilleux. Je vous invite à aller sur le site, à regarder comment devenir sociétaire. Ce n’est pas obligatoire, parce que déjà, acheter les produits, c’est tellement important pour aider les producteurs.

Mais ceux qui veulent, quand vous vous retrouvez dans les coulisses, comme ça, de la création des produits, et qu’après, vous faites partie du voyage qui permet d’aller les yeux dans les yeux voir un producteur en disant, ce n’est pas du marketing, là, ce produit, ça vous aide vraiment, c’est le bon prix. C’est vous qui avez décidé de cette rémunération qu’on a votée ? Ça vous suffit cette rémunération ? Ce qui est merveilleux, c’est ça, c’est de pouvoir vérifier directement auprès des producteurs, que c’est une réalité, un vrai soutien pour eux.

Marie-Cécile :

Oui, on parle de manger en conscience, et au final, là, ça permet de manger en conscience vraiment du début de la graine jusqu’au moment où ça arrive dans l’assiette.

Manger en conscience sur tous les aspects de la production

Nicolas :

Il faut parler, en fait, d’une chose. C’est face à ce succès qui, de l’extérieur, peut sembler assez fou et incroyable : 100 millions de produits solidaires vendus par an, sans pub à la télé, sans commerciaux dans les magasins.

Et 100 millions de produits solidaires, ce n’est pas 100 millions de produits les moins chers à bas prix qui fracassent la planète et ceux qui les font. Quand je dis ça, c’est que ce soit une fierté pour tous ceux qui les achètent et nous tous qui les achetons.

Quand tu regardes les choses dans cette dimension-là, tu te dis, ça veut dire que nous, consommateurs, on a créé une famille de produits, on sait où vont chaque centime, chaque centime répare des petites fractures. Évidemment, on protège les producteurs, mais pas que. C’est incroyable, ça serait trop long, vous allez voir sur le site internet, mais le nombre de choses qui sont possibles quand on rajoute quelques centimes. On le dit toujours, mais l’équité, ça a une petite sœur, c’est la qualité.

L’équité a une petite sœur : la qualité.


Et ça a une immense famille de petits frères et de petites sœurs. Le bien-être animal, quand vous mettez un producteur de quoi vivre décemment, il peut, d’un seul coup, dans son étable aérer, faire que les vaches aient moins chaud. Il peut investir, il peut aussi avoir un fils qui ne va pas faire un autre métier parce qu’il voit son père ne pas s’en sortir et va pouvoir reprendre la ferme.

C’est phénoménal de voir, quand on a la transparence, à quel point ces quelques centimes redessinent le monde qui nous entoure. Là, j’ai l’impression de faire une phrase de politicien, mais pour une fois, c’est vraiment vrai. Vous pouvez le mesurer. Vous pouvez aller sur le site internet, vous avez tout l’argent généré, et vous voyez où il va.

Un fond pour protéger les abeilles

Il y a un fonds qui protège les abeilles, parce que s’il n’y a pas d’abeilles, les copines des abeilles ont un peu du mal à s’en sortir, elles ont une santé fragile à cause de beaucoup de choses. On a fait un fonds pour les aider, pour créer des prairies fleuries qui leur donnent de quoi être en meilleure forme. Tout ça, c’est des centimes cachés derrière les achats.

Et comme on n’a pas de dividendes, on ne reverse pas l’argent, on n’a pas d’actionnaire de fonds, de banque qui vient de nous dire qu’il faut faire de la rentabilité, eh bien on… et ce ‘on’ il est collectif. Quand vous êtes un consommateur d’un de ces produits, vous êtes inclus dans cette immense famille, naturellement. Eh bien, comme on n’a pas cette pression-là, on fait de notre argent commun des choses utiles.

Et plus on rend utiles ces conséquences positives, plus on a envie d’acheter les produits, et voilà, c’est un cercle vertueux assez évident, assez naturel.

Il ne faut plus qu’on se passe de l’idée que le monde peut fonctionner comme ça. Vous vous levez un matin, vous vous dites, la vie n’est pas facile, qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que je peux faire ? C’est quand même vertigineux.

Nos actes d’achat peuvent vraiment changer les choses

On a quand même, finalement, des gens à qui on a confié un peu notre destin, puis on attend, on attend que les choses s’améliorent. Il y a une chose immédiate qu’on peut faire, qui change le monde 100 fois plus vite que tout, et d’ailleurs que n’importe quelle action, même politique, c’est nos actes d’achat. Si demain, on oriente nos achats vers des produits qui réparent toutes ces petites blessures sociales, environnementales, franchement on peut changer le monde pour quelques dizaines d’euros par an. Et quand on sait qu’on est aujourd’hui capable de mettre, sans trop regarder, plusieurs centaines d’euros dans des produits, peut-être parfois, dont on pourrait se passer, notamment, protéger les gens qui nous nourrissent, c’est indispensable. Voilà.

On sait que dès que quelqu’un rentre dans l’histoire, c’est extraordinaire !

Donc, il ne faut pas culpabiliser, il ne faut pas mettre de pression. Moi, j’ai toujours été un peu contre ça. Je dis simplement, ben, regardez, allez faire un tour. On sait que dès que quelqu’un rentre dans l’histoire, c’est extraordinaire. À la fin, tu te dis, OK, waouh, j’ai une marque à moi, je connais les produits, les producteurs sont heureux, je peux les appeler à n’importe quel moment, je peux vérifier auprès d’eux que mes efforts, les rendent heureux, leur permettent de vivre de leur métier, leur permettent de faire des choses bien.

Et quand tu as cette dimension-là, ben, tu retrouves une force, une…

En fait, on a tous, à ce moment-là, le pouvoir de changer réellement les choses. Alors que c’est dur d’avoir ce pouvoir-là. Et même pour quelqu’un qui, moi, je connaissais une maman qui me disait, j’achète un produit par mois, un seul, parce que je ne peux pas tellement, même mettre quelques centimes de plus. Mais elle sait, à ce moment-là, que quand on publie le chiffre de 413 282 428 litres de lait solidaire qui redonnent le sourire au producteur, eh bien, le chiffre de la fin, c’est sa brique de lait.

Marie-Cécile : Alors vous, vous vous réveillez tous les matins, vous êtes heureux d’aller travailler.

Après 8 ans, C’est qui le Patron ?!® une aventure encore plus forte !

Nicolas : Ah ouais, ah ben c’est… c’est… ouais, c’est assez inimaginable. Huit ans après, je me demande si ce n’est pas plus fort qu’au début, quoi. Parce que la différence avec le début, c’est qu’on espérait de tout cœur, face à ces premières familles en immense difficulté, qui allaient s’arrêter. Les producteurs de lait, il leur restait deux mois avant de mettre la clé sous la porte dans la région de la Bresse. Un petit bonjour à Martial Darbon et Martine. Tu te dis, mais attends, c’est quand même pas possible, cette réalité. Mais est-ce que ça va marcher ?

Et puis, huit ans après, tu vois que les chiffres n’arrêtent pas de grandir, d’accélérer. Et derrière ces chiffres, ces podiums, c’est des vies de gens heureux qui sont sur ces podiums. On publie des fois la brique de lait des consommateurs devant toutes les grandes marques. Mais il faut imaginer que c’est des familles entières sur cette première marche. C’est des gens heureux qui retrouvent de l’espoir, qui se disent OK, je ne bosse pas pour rien.

Protéger ces gens qui nous nourrissent, c’est nous protéger nous-mêmes. Parce que leur destin, c’est le nôtre.

Franchement, quand vous rentrez dans cette dimension-là, c’est… Vous voyez, même en vous le disant, ça me met les poils sur les bras. Parce que tu as un producteur qui, d’un seul coup, bosse dur, a bossé tellement dur. Et puis un jour, sur la facture de lait, sur sa facture quand il vend des œufs, il y a le juste prix de son travail. C’est quand même extraordinaire que ce soit pour lui une émotion alors que ça devrait être une évidence. Et voilà comment on répare cette injustice. On le fait collectivement. Et au final, ne l’oublions pas, protéger ces gens qui nous nourrissent, c’est nous protéger nous-mêmes. Parce que leur destin, c’est le nôtre. C’est absolument le nôtre.

Marie-Cécile :

Super. J’arrive à ma dernière question. On a bien senti votre passion. Si on revient dans le Vaucluse, est-ce qu’il y a un lieu que vous aimez particulièrement visiter, regarder ? Qu’est-ce qu’il nous fait sur ce territoire ?

Le Ventoux et les producteurs, les deux pépites du Vaucluse

Nicolas :

Il y en a énormément, évidemment en étant vauclusien. On entend beaucoup de gens dire que la région est la plus belle. Je crois qu’on peut le dire. Ça peut être tout à fait vrai. Au-delà d’un chauvinisme ou d’une passion personnelle.

Alors, c’est pas le plus original, mais j’en parlais encore il n’y a pas longtemps, notre phare, comme si on était au bord de l’océan, c’est quand même le Mont Ventoux, pour ceux qui habitent là. Je connais plein de copains, agriculteurs ou pas, qui disent, moi j’ai besoin de le voir, quoi, tous les jours.

C’est un point d’ancrage fort. Il y a une chose à faire, qu’on ne fait peut-être pas tous, c’est un matin, par le chalet Reynard, monter jusqu’au moment où normalement la route est barrée – je crois que ça s’appelle « la source » – prendre le travers, retrouver la ligne de crête, et puis attendre que le jour se lève. C’est quand même un moment où tu comprends que ce géant de Provence, qui est vraiment à nos portes, quand on est à Carpentras ou à Avignon, c’est une merveille absolue.

Et souvent les choses comme ça, près de nous et devant nous, on ne les voit plus dans la dimension qu’elles ont. C’est valable aussi dans la vie. Et redécouvrir ça, à chaque fois, c’est un immense bonheur. Il y a bien d’autres endroits, évidemment et de lieux, il y a des restaurateurs incroyables.

Marie-Cécile :

On mange bien, on produit beaucoup de beaux produits.

Nicolas :

Les producteurs ! Je me forcer de vous parler d’autres choses pour éviter de parler que des producteurs. Mais il y a des producteurs. Et allez chez les producteurs quand ils vendent directement, c’est la façon la plus directe aussi de les protéger. Et ils font un travail extraordinaire. Ils bossent tellement que c’est un bonheur de pouvoir simplement les aider à nous nourrir en retour.

Marie-Cécile :

Super, c’est une belle conclusion !

Nicolas : Oui, merci ! C’était touchant de reparler du beau client. Je vous remercie beaucoup d’avoir participé à ce programme-là.

Toutes les infos pour retrouver la marque C’est qui le Patron ?!®

Marie-Cécile : Voilà, j’aurais bien continué nos échanges encore longtemps, mais je pense qu’après cet épisode, vous avez compris ce qui anime Nicolas et les 15 000 sociétaires de C’est qui le Patron ?!® . Tout simplement, protéger les agriculteurs et agricultrices qui nous nourrissent, pour qu’ils et elles vivent dignement et qu’ils puissent continuer à faire leur métier avec passion.

Pour retrouver tous les cahiers des charges des produits C’est qui le Patron ?!, avec le détail des prix en toute transparence, vous pouvez aller visiter leur site cestquilepatron.com.

Vous pourrez participer au prochain questionnaire sur les produits à venir, découvrir les 3000 producteurs et productrices déjà soutenus par la marque, les supermarchés où vous pourrez retrouver les 27 produits créés collectivement, et bien sûr, devenir à votre tour sociétaire.

Et si vous ne trouvez pas les produits dans votre magasin préféré, il y a aussi des outils pour vous aider à leur faire la demande en direct. La mobilisation des agriculteurs début 2024 nous a bien montré qu’il y a urgence, et C’est qui le Patron ?!® propose une solution pour qu’il y ait plus d’équité pour les producteurs, et plus de transparence pour les consommateurs.

Dernière action que vous pouvez faire pour soutenir C’est qui le Patron ?!® , partagez cet épisode au maximum pour que la marque soit encore plus connue.

Un grand merci à Nicolas d’avoir accepté mon invitation. Pour la première fois sur Esperluette, l’interview a été enregistrée à distance, mais vous avez compris que je ne pouvais pas louper cette belle opportunité.

En attendant vos commentaires, je retourne travailler sur le montage de mon prochain épisode, et je vous dis à bientôt, je l’espère-luette évidemment !