rencontre avec l'autrice et chanteuse Augustine Hoffmann à Avignon

Augustine Hoffmann

Rencontre avec Augustine Hoffmann, jeune auteure, compositrice et interprète de chansons pleines d’émotions. Une artiste que j’ai découverte il y a quelques années sur scène et qui m’a touchée profondément par ses textes et sa présence.

Elle vient de sortir son deuxième album et continue son chemin pour essayer de vivre de cette passion ancrée au plus profond d’elle-même. Elle raconte son parcours, le choix du financement participatif pour financer la production de ses albums et les différentes étapes de la création musicale. Un échange tout en douceur, entrecoupé de plusieurs extraits de ses albums dont deux chansons en live enregistrées après l’interview.

Vous pouvez suivre Augustine Hoffmann ici : FacebookInstagram Youtube et acheter son nouvel album sur son site internet.

N’oubliez pas de partager, commenter chaque épisode que vous écoutez, cela permet de faire connaître le podcast et donc de développer notre audience.
Merci à l’équipe de la Péniche Althea de toujours me trouver un petit espace de tranquillité pour pouvoir enregistrer mes interviews.
À une prochaine, on l’espère-luette évidemment 🙂

Vous avez aimé cet épisode, vous aimerez aussi …

Marie-Cécile Drécourt - production de podcast à Avignon, Carpentras, Vaucluse, Monteux, Orange. Credit Photo : Audrey Papadopoulos

Produit par Marie-Cécile Drécourt

Productrice des podcasts Esperluette à l’écoute du Vaucluse & Esperluette en Mode Festival depuis 2018, je donne la parole aux acteur·ices locaux et aux initiatives culturelles et sociales de notre territoire.
Avec 20 ans d’expérience en communication, j’accompagne aussi les entreprises, associations et indépendant·es du Vaucluse et de la Région Sud dans la création de leur podcast.

👉 Plusieurs manières de travailler avec moi :
Acheter un épisode sur Esperluette à l’écoute du Vaucluse : mettez en lumière votre entreprise, votre association ou votre projet grâce à un épisode produit sur-mesure et diffusé dans le podcast.
Offrir un Podcast Suspendu® : un format solidaire qui permet à une association ou un acteur local de bénéficier d’un épisode offert, financé par votre mécénat.
Produire ensemble votre podcast en marque blanche : je crée avec vous votre podcast de A à Z
Vous faire accompagner dans votre projet podcast : je vous apprends à produire votre podcast en toute autonomie

Pour les malentendants, une version sous-titrée est disponible sur la chaîne Youtube Esperluette 

Marie-Cécile : « Cela fait maintenant onze mois qu’Esperluette existe. 16 interviews au total car certains épisodes en contiennent plus d’une, et toujours cette envie de donner la parole aux belles énergies de mon territoire, le Vaucluse, ou de ceux qui y passent.

L’envie également de faire évoluer le podcast, c’est donc le moment de lancer la saison 2. Il y aura toujours des porteurs de projets qui expliqueront comment ils sont partis d’une idée folle pour finir par les réaliser. Et, au fil des rencontres, il y aura également des portraits d’artistes comme celui que je vous propose aujourd’hui. Le format sera peut être plus long, et si l’envie se fait sentir, il pourra y avoir des performances en live ou des extraits de spectacles.

C’est donc avec une artiste vauclusienne que j’ai échangé pour ce premier portrait d’artiste de la saison 2. Augustine Hoffmann, une jeune auteure, compositrice, et interprète de chansons pleines d’émotions qui m’a touchée profondément la première fois que je l’ai vue sur scène. Elle a sorti il y a quelques semaines son deuxième album et continue son chemin pour essayer de vivre de cette passion ancrée au plus profond d’elle-même. Elle raconte son parcours, le choix du financement participatif pour financer la production de ses albums et les différentes étapes de la création musicale. Un échange tout en douceur entrecoupé de plusieurs extraits de ses albums, deux en live dont une chanson qu’elle venait tout juste d’écrire et qu’elle a souhaité interpréter car elle trouvait qu’elle allait bien avec l’interview. Je vous laisse donc en compagnie d’Augustine, bonne écoute ! »


Augustine Hoffmann : « Je m’appelle Augustine Hoffmann et je suis auteure, compositeur, interprète de chansons à textes que j’écris en français et je m’accompagne avec ma guitare. Je suis originaire du Vaucluse. Je suis née à Paris mais je suis arrivée à Cavaillon quand j’avais dix mois donc j’ai vraiment grandi là. Je me sens d’ici quand même. Qu’est ce qui m’a amené à la musique ?

Alors on en fait pas mal dans ma famille, enfin du côté de mon papa. C’est vrai que nos réunions de famille elles se sont passées en musique beaucoup. Mon oncle et mon père ils jouent de la guitare tous les deux. C’est assez fédérateur chez nous. On a toujours tous chanté ensemble, personne n’en a fait son métier du tout en fait. Il n’y a pas de chanteurs professionnels ni rien. Mais du coup que ce soit mes oncles, mes tantes, mes cousins, leurs enfants, c’est vraiment toutes les générations mélangées et ça c’est des instants précieux, enfin pour moi j’ai toujours adoré ça depuis toute petite. Je pense que ça a cultivé quand même le goût de la musique chez moi ça.

A l’âge de 4 ans je chantais dans un genre de groupe vocal à l’école de musique de Cavaillon et puis vers mes 7 ans j’ai commencé l’accordéon. J’ai entendu cet instrument et j’ai dit à ma mère : « mais qu’est ce que c’est que ça ? » Elle m’a dit de l’accordéon, j’ai dit : c’est ça que je veux faire. A 7 ans, très étonnant je n’en avais jamais vu de ma vie. C’est peut-être le fait de l’avoir sur soi, puis c’est un instrument à vent mais dans lequel on souffle pas. Et puis c’est deux mains différentes et oui j’adore. C’est vraiment un instrument qui me parle. C’est drôle et puis on peut jouer de tout. Ca peut être hyper mélancolique et en même temps hyper festif à faire danser les gens. C’est vraiment ce que j’aime. J’ai fait du saxophone aussi et puis voilà à 13 ans j’ai commencé la guitare mais là en revanche en autodidacte. Mon père m’a appris trois / quatre accords et puis c’est parti comme ça.

Je ne suis pas guitariste, je ne suis pas très instrumentiste c’est-à-dire le côté travailler des heures un instrument parce que ça demande vraiment énormément de boulot quand on veut bien jouer d’un instrument et moi j’ai pas cette euh, je ne sais pas si c’est de la volonté ou de l’endurance. Je n’ai pas l’endurance en fait à travailler des heures. Mais voilà du coup c’est vraiment plus un instrument qui m’accompagne. En revanche il nourrit mon inspiration fort. C’est vraiment un instrument qui m’appelle à écrire, ce qui n’est pas le cas de l’accordéon par exemple, parce que le côté guitare c’est-à-dire tu plaques des accords, c’est comme le piano quoi, après c’est vraiment à la voix que tu écris la mélodie. Ca ça me plaît. Mais j’aimerais bien quand même travailler plus pour écrire de nouvelles mélodie avec des couleurs un peu différentes.

J’ai commencé à écrire, petite, vers … 7 ou 8 ans mes premiers textes que j’ai retrouvé qui riment déjà en fait. C’est déjà de la poésie mais j’ai commencé à écrire des chansons l’âge de 13 ans avec la guitare. Là vraiment c’est devenu des chansons, parce que mélodie, parce que du coup une autre structure dans le texte. J’ai pas pris de cours d’écriture du tout non. Ca m’est venu je ne sais pas comment je me suis mise à écrire en fait. J’ai toujours aimé ça. En fait les rimes, j’ai vraiment une mémoire par exemple apprendre des poésies à l’école c’était évident pour moi c’est-à-dire que les rimes ça fait que je retiens, c’est un mémo technique pour moi. J’ai été touchée par ça, j’étais à l’école Steiner donc il y a quand même une place à l’art importante et on commençait souvent nos matinées par réciter un poème ou bien faire un chant. Donc je pense que ça, ça a nourrit ça chez moi, c’est sur. Et j’ai toujours aimé ça la poésie, ça m’a toujours fait du bien.

Du coup oui j’ai naturellement en fait… J’ai retrouvé dans mon petit journal intime genre quand j’avais 7 ans, j’ai trouvé déjà des petits des petites rimes. Le divorce de mes parents, là petit texte qui écrit comment je me sens, incroyable ! Voilà j’ai commencé tôt en fait et puis 13 ans, première chanson là ça a vraiment pris une autre tournure. Je suis plus mots que musique. Autant ça m’arrive d’écrire des textes sur lesquels je ne mets pas de musique, autant plus rarement des mélodies sur lesquelles n’y a pas de mots, c’est vrai. Je pense que s’il fallait choisir, bon j’ai pas envie de le faire, mais s’il fallait faire un choix je crois que ce serait les mots quand même. Aussi parce que je trouve qu’on peut les faire chanter. Mais j’ai beaucoup de mal à dissocier les deux camps, on demande très souvent : Alors par quoi tu commences ? Est-ce que c’est d’abord le texte, après tu mets la musique dessus ou l’ inverse ?

J’écris les deux en même temps donc ma mélodie peut complètement évoluer en même temps que j’écris les paroles. Ca naît vraiment en même temps, mais je reste très touchée par les mots quand même, c’est clair. Et puis des mots simples, c’est-à-dire je n’ai pas du tout une poésie avec des sens cachés, ce que je trouve très beau chez des gens, d’aller chercher le sens et tout mais moi ce qui me touche dans la musique… Enfin tu vois des artistes comme Lynda Lemay c’est très simplement dit et je trouve que les mots ils sont embellis parce qu’on les fait rimer avec d’autres et c’est ça qui les rend beaux. Là c’est des mots simples qui racontent la vie et les gens et puis juste je les embellies en les faisant rimer avec d’autres. C’est ma vie qui m’a inspirée au départ, c’est vrai ça a toujours été ce que je ressentais je pense que c’est une forme de transcender ça, c’est assez thérapeutique en fait chez moi à la base.

Je m’aperçois que c’est souvent une fois que j’ai réglé quelque chose, je m’aperçois souvent de ça parce que j’en écris une chanson et je là je me dis ah ok tu as franchi une étape là dedans. Donc à la base c’est ça, après je suis très empathique et du coup c’est pas toujours un cadeau parce que tu prends l’émotion des gens forts. Mais ça me permet en fait d’écrire des chansons de truc que je n’ai pas vécu comme si c’était le cas parce que j’écoute, je pense, attentivement les gens et mon empathie fait que j’arrive quand même à ressentir un peu ce qu’ils ressentent. Et voilà des fois ça sort de moi comme si je l’avais vécu, ça peut être hyper fort. Une chanson comme les avions en papier qui parle d’un homme alcoolique. C’est sorti de moi, c’était tellement puissant ce soir là ! Comme si, je sais pas je me soulageais d’un truc que j’aurais traversé alors que pas du tout. Je ne sais pas voilà ce que j’ai comme bagage ou est-ce que c’est que je me charge vraiment d’histoire des gens, est-ce que c’est des trucs que j’aurais vécus dans une autre vie, j’en sais rien ! Mais y’a pas toujours un contact avec quelqu’un, ou une rencontre, ou une histoire que j’ai entendue. Il ya des choses qui sortent de mon imaginaire. Après je pense que c’est quand même inspiré de gens. Une chanson comme Nino qui parle d’un petit garçon de cinq ans, je ne l’ai pas rencontré. Mais c’est certain que des enfants j’en ai côtoyé plein donc c’est le portrait d’un enfant qui en réunit plein je crois. Parce que voilà je pense que malgré tout les humains se ressemblent, dans notre évolution et on est beaucoup à traverser les mêmes trucs donc…

[Musique] Chanson en live : Augustine Hoffmann – ‘Nino’

Oui alors à 13 ans je commence à écrire et là ça me fait juste du bien. Il n’y a pas vraiment un moment où j’ai décidé que ça va être mon métier. Ca s’est un peu fait comme ça, c’est vraiment parce que les gens, et absolument pas parce que moi. Enfin j’ai pas ses sentiments là en tout cas. Parce que je me souviens les premières scènes un peu que j’ai faites plus sérieusement, j’avais genre 16 ans peut-être. Il y avait une scène très forte à Alès parce que je participais aux Fous chantants d’Alès à l’époque l’été ils ouvraient la scène de temps en temps à des talents. Il se trouve qu’il y avait donc les mille choristes devant moi + 2000 personnes qui étaient venues voir le petit concert des 1000 choristes. Et donc je me retrouve à chanter la chanson « Lettres à Dieu » devant 3000 personnes avec à la fin les gens qui se lèvent enfin un truc vraiment hyper fort.

Et moi j’étais au lycée à l’époque en seconde, pas du tout à me dire je vais me lancer là-dedans. J’ai toujours su que ça ferait partie de ma vie, ça c’est pas une option, parce que ça fait partie de moi c’est-à-dire j’écris des chansons comme je mange, c’est vital ! Mais je me souviens être descendu de scène et de gens qui me disaient : « Alors vous commencez une carrière et où est-ce qu’on peut trouver votre ? » Et j’étais mais tellement loin de ça genre : « Ah non non pas du tout, enfin je, non, je suis au lycée, je sais pas si je vais en faire un truc ou pas … » Donc là ça a un peu fait tilt en même temps ça avait été très fort, j’avais fini je pleurais. Je m’en souviens dans la salle de bain avec ma sœur et je lui disais : « Moi je peux pas gérer tant d’émotions ! » Parce que voilà des adultes de 40 balais qui viennent pleurer dans tes bras quand tu as 15 ans c’est… émotionnellement là c’était fort. Je me dis « Mon dieu mais qu’est-ce que je leur fais à ces gens ? qu’est ce qui se passe ? » Très très fort à une chanson « Lettre à Dieu » qui est forte parce que ça pose des questions un peu existentielle donc c’est évident que c’était particulièrement fort je pense à recevoir pour les gens.

Et puis j’arrivais avec cette espèce d’authenticité, vulnérabilité, qui je pense touche. Je pense c’est ça aussi en fait qui fait que ma musique elle voyage et finalement que j’en suis là où j’en suis. C’est que j’ai pas d’ambition vraiment … enfin évidemment que j’aimerais en vivre et que j’aimerais en vivre, faire quelque chose. C’est certain que si je pouvais vivre de mes concerts, de la musique et de projets de musique je suis très heureuse, si je peux faire ça, c’est sûr. Mais en même temps c’est pas une condition. Je sais que la musique ça fera toujours partie de ma vie et je peux être très heureuse à faire autre chose. J’ai fait plein de métiers dans ma vie, j’aime ça. Donc j’ai pas décidé ça un jour. Et après j’ai commencé quand même à faire des concerts.

En premier c’était un peu incroyable, c’est un monsieur du Sonograf au Thor, qui est venu, qui m’a dit : « Ben voilà, j’ai une salle et j’aimerais que tu donnes un concert dedans », alors ça c’était un truc… j’en ai pas dormi pendant un moment. De me dire : mais qui va venir voir un concert d’Augustine Hoffmann ??, enfin voyons quoi ! Et puis finalement je l’ai fait et puis on a quand même du réseau, beaucoup d’amis, de la famille… J’ai rempli cette salle là, c’était un peu incroyable. Du coup on a décidé de faire un CD parce que c’est vrai que les gens viennent en fait et disent : « Est-ce qu’on peut ramener un bout de ce qu’on a entendu chez nous ? J’aimerais bien t’avoir avec moi… » Alors moi j’étais hyper touchée de ça, c’est pareil tu te dis jamais je vais faire un CD parce que tu vas pas t’écouter toi-même en fait (rires) Ca te vient pas de te dire voilà je fais un CD de moi, voyez-vous ! (rires) Mais tellement touchée que les gens aient envie de ramener ça chez eux.

Et puis d’essayer de me mettre à leur place, c’est de dire mais attends quand je sors d’un concert je n’ai qu’une envie c’est ramener ça chez moi et le mettre dans ma voiture, et me remettre dans cette petite bulle que j’ai vécue. Donc en fait si les gens ressentent ça en sortant du concert je vais le faire. Donc ce premier concert au Sonograf, on a sorti des pré-ventes d’albums et c’est pareil je me suis dit OK, bon l’idée de faire un CD, de me dire les gens l’achètent, allez, d’accord … L’idée que les gens puissent acheter un CD qui n’existe pas là c’était encore un autre concept et pourtant ça c’est fait, incroyable et du coup j’ai réussi à sortir ce premier album en juillet 2015.

Aussi parce que je suis bien entourée. C’est Joël Gombert, Laurence Meffre qui m’ont accompagnée dans ce projet là, avec qui j’ai commencé la musique à 12 ans en solo. Avant j’ai toujours fait de du chant en chorale. Avec Laurence j’ai vraiment fait du chant seule. Et puis je leur ai chanté ma chanson et là Joël particulièrement et Laurence aussi m’ont dit : « il faut que tu continues ça en fait, ouais c’est beau d’écrire, de composer, il faut vraiment le faire plus sérieusement.  » Et donc voilà en grandissant ce son eux qui m’ont accompagnée. Faire un album, c’est possible, nous on l’a fait donc on va t’aider à le faire. Et puis ils avaient eux un peu de réseau, ils connaissaient un studio et tout parce que quand tu débarques que personne dans ta famille fait ça, c’est un concept quand même ! C’est aussi des grosses sommes d’argent… Enfin à cet âge là, moi 6000 euros c’était un truc, ça l’est toujours un du reste mais enfin je sais pas c’est inconcevable. On n’a pas vraiment de moyens dans ma famille. On vit très simplement, à se serrer la ceinture pour finir la fin du mois à zéro, il n’y a pas de … donc trouver 6000 euros pour faire un CD c’était un concept ! Et puis finalement, voilà à coup de préventes. Et puis cet engouement là il est hyper touchant en fait. C’est précieux ! Et ça donne la force de faire les choses. Moi si c’était que de moi je n’aurai pas fait un cinquième de tout ça, c’est clair quoi !

Alors je ne mets pas de discipline, je ne me dis pas tous les jours, il faut que tu écrives mettons une chanson par semaine ou genre en telle année il faut sortir un album, j’ai pas du tout ça. Il se trouve que j’écris tous les jours mais parce que j’en ai envie. Il y a vraiment peu de jours où je ne prends pas ma guitare, même si c’est quinze minutes, tous les jours je chante et j’écris. C’est à peu près insaisissable l’inspiration. C’est d’ailleurs… je pense que c’est aussi ce qui fait la force de la chose. Mais c’est clairement un truc qui vient d’ailleurs, qui vient du plus profond de moi mais qui est insaisissable. Et il y a la peur aussi, clairement. Il y a des moments où je n’écris. Là il y a eu un laps de temps où je n’ai pas écrit alors, aussi parce que j’étais dans la sortie d’album. J’étais dans cette espèce d’accouchement là pendant un an et où du coup tu as moyennement la force euh … Mais c’est évident en fait, dit comme ça c’est ça. C’est forcé que tu n’attends pas un autre enfant tant que tu accouches quoi !

Ouais j’ai eu un laps de temps où je n’ai pas trop écrits. Et là tu flippes. C’est pas comme une recette de gâteau, c’est pas tu te poses avec des ingrédients, paf paf clac t’as un gâteau. Il y a une part d’insaisissable et du coup il y a un flippe de te dire : mais si je ne sais plus faire, si ça n’arrive plus jamais ? Parce qu’il y a quand même une inspiration, enfin un truc qui vient quoi je sais pas. Après bien sûr qu’il y a du travail, mais ça vient après.


Le financement participatif : bien plus qu’une question financière

Deuxième album avec choix de prévente, de financement participatif. Alors à la fois question financière c’est certain. C’est-à-dire que là en plus autant le premier album c’était un budget de 6000€, autant là de 13 000€, parce qu’on a mis des musiciens, forcément faut les rémunérer. Et puis c’est des gros arrangements. Au début c’était guitare / voix donc là c’est des plus gros arrangements. Joël Gombert toujours. Et puis donc plus de studios et … Il ya forcément une question financière parce que 13 000 € ça n’existe pas sur mon compte.

Mais en fait c’est bien plus que ça ce choix. C’est que ça donne une autre valeur à l’album. J’ai trop aimé me rendre compte de ça durant le premier c’est-à-dire que l’album ça devient un condensé de petits bouts de gens que j’aime. J’ai cette chance là en fait d’être entourée de gens, ouais de beaucoup de monde en fait de beaucoup de gens biens, et puis aussi de ce bel accueil. Il y a beaucoup de gens qui aiment et qui ont envie d’un deuxième album. Et du coup j’adore en fait le financement participatif parce que ça donne vraiment une autre valeur à l’objet. C’est quand même un métier où on est beaucoup seul, même dans la confection, la réalisation de l’album. Le fait de l’auto-produire, toutes les décisions te reviennent. Il y a des choses tu ne te sens pas trop légitime, c’est vraiment un apprentissage. Donc d’être portée par ces gens qui l’attende, qui le commande, c’est extraordinaire, ça donne une force incroyable ! Et encore une fois moi seule mais jamais en fait je… je ne trouverais pas la force, puis c’est quand même difficile, à la fois c’est une joie et c’est une chance immense. C’est un grand bonheur mais c’est aussi vraiment dur. Ouais ouais c’est dur. C’est dur, c’est long, et donc c’est tellement précieux d’avoir tous ces gens qui me portent ! Donc c’est vraiment un choix ce financement participatif. Et puis je pense que dans le monde d’aujourd’hui on a besoin de ça aussi enfin moi ça me plaît, l’idée que ça crée du lien quand même et puis ça unit. Je trouve ça chouette. Je pense qu’on a besoin ça, c’est vrai que la société tend pas vraiment à ça j’ai l’impression. Sans faire vieux discours… oui c’est hyper individualiste, sans tomber là dedans mais je trouve que c’est quand même une réalité et du coup de pouvoir s’unir sur des causes comme ça, je trouve ça beau parce que voilà c’est juste du beau, c’est de la musique, et puis ça parle à l’âme alors je trouve ça chouette de se réunir pour ça.


La création musicale : entre défi et passion

On voulait vraiment que le 2ème album soit différent du premier, c’est quand même important d’avoir une évolution et puis d’étoffer ces chansons en même temps en restant très acoustique et en respectant mon univers. Le choix des cordes pour ça, c’était … le violoncelle, violon ce sont des instruments qui sont proches de la voix humaine. C’est aussi ça qu’on voulait et puis on n’a pas mis de rythmique, de percussions, etc. La base qui amenait un côté un peu moderne parce qu’on peut aussi tomber dans un truc de chanson française, ça a un côté un peu vieillot quand même. enfin on me le reproche beaucoup du reste plus que ce que je pensais mais bon. Soit, je prends. Je suis entre deux, c’est-à-dire c’est un peu trop moderne pour des puristes de la chanson française et un peu trop vieillot pour ce qu’on écoute à la radio. Donc c’est un équilibre à trouver.

En même temps, c’est ce qui fait la force aussi, c’est un créneau où il ya peut-être moins de gens et puis au contraire ça réunit les deux, c’est-à-dire que ça plait autant à l’un et à l’autre parce que bon s’il y a une partie qui leur déplaît y’en a quand même une partie qui leur plaît donc c’est rigolo, d’être entre deux. Ce choix d’instruments c’est pour donner une autre couleur, une autre force. Je trouve ça embellit quand même les chansons, que ça les porte. J’ai fait la sortie d’album au théâtre Artefil, c’était la toute première fois que je jouais mes chansons sans guitare, moi quoi. C’est-à-dire jouer avec des musiciens je ne l’avais jamais fait de ma vie. C’était assez incroyable, je ne savais pas quoi faire de mon corps. J’étais là debout avec mon micro, à n’avoir rien d’autre à faire que de chanter. C’est super agréable parce que tu as juste à te concentrer sur incarner ce que tu es en train de dire. C’est absolument divin parce que faut gérer quand même la guitare, deux mains différentes, paf la voix. Etre dans ce que tu dis mais pas jouer n’importe quoi, enfin bref… En même temps avoir sa guitare sur soi il y a quand même quelque chose qui me protège, c’est comme un peu un vêtement. Parce que c’est beaucoup d’émotions aussi et d’échanges avec le public donc je pense que ça te protège après que t’es clouées là à ton micro. Donc c’était une grande première, une grande première et j’ai vraiment aimé ça, j’ai aimé aussi partager sur scène quelque chose parce que c’est pareil, encore une fois je suis assez seule avant de monter sur scène.

Whaou t’es toute seule avec ta peur et puis voilà sur scène t’es nue, au sens figuré on entend (rires), mais devant un paquet de monde qui ressent plein de trucs donc c’est fort. Donc là de partager ça, c’était extraordinaire et puis il y a quand même une magie sur scène donc l’échange de regards et tout … C’est des liens tellement forts. Et puis c’est des amis d’enfance donc on a partagé plein de trucs donc c’était très fort comme moment et j’ai aimé partager ça partager la scène.

[musique] chanson Augustine Hoffmann « Les couples » [musique]

En revanche, j’aime la formule en solo, les gens aussi en fait, beaucoup, c’est-à-dire ils m’ont dit : « ouais ouais c’est bien là les musiciens, c’est cool mais bon la magie de toi seule en scène quand même ! » Parce que voilà il se passe autre chose, mais j’aime ça vraiment être seule en scène, un peu à nu. J’ai l’impression d’avoir comme plus de temps. Et puis c’est toi qui définis quand tu démarres et qu’est-ce que tu dis. Ouais c’est une magie et puis je pense que c’est… Je suis assez comme ça dans la vie en fait. Je suis assez simple, je crois, assez authentique, je ne suis pas très fioritures et compagnie. Je suis moi quoi et du coup ben être seule en scène avec ma guitare, c’est être au plus proche de moi parce que c’est comme ça que mes chansons elles naissent et qu’elles arrivent sur scène. Je crois que c’est un peu là la façon dont je les transmets le mieux, parce qu’au plus proche de moi et au plus authentique.


L’artiste et la communication

Le côté diffusion, communication moi c’est un peu mon angoisse. Déjà parce que c’est dur, enfin moi je trouve ça très dur. C’est peut-être pas du tout dans mon tempérament et j’ai à gagner là-dedans mais le côté se vendre, c’est un exercice très difficile, vraiment. Aussi parce que c’est certainement thérapeutique hein (rires), mais là c’est moi, moi, moi ! C’est moi qui écris, c’est moi qui compose, c’est moi qui chante, c’est moi qui joue de la guitare. Du coup vendre un truc comme ça c’est un peu l’enfer. ‘Bonjour venez me voir chanter c’est fabuleux ce que je fais ! ‘ C’est pas dans mon tempérament. Encore une fois je pense que thérapeutique de faire ce choix là, c’est que là t’as pas le choix. Sur le cd c’est à tête en mille, et donc allons-y quoi !

C’est pas évident après effectivement il y a plein de moyens quand même. Les radios du coin, c’est toujours bien d’avoir accès ça et puis internet il existe vraiment des trucs chouettes. C’est pas évident d’aller trouver les contacts des labels et puis on est douze mille a envoyer des trucs donc pour sortir du lot c’est vachement dur. Il y a quand même vraiment des moyens après ça demande du temps c’est-à-dire que c’est toujours pareil, c’est des choix aussi financier, c’est encore de l’investissement de temps, d’argent. Vous passez des heures a envoyé des trucs. Ca demande de maîtriser des outils c’est-à-dire c’est un métier de monter un dossier de presse, d’envoyer les bonnes présentations qui vont bien aux médias qui vont bien. Ca parait stupide mais rien que transformer tes fichiers audio pour que ce soit dans le bon format, c’est des trucs qui s’apprennent.

Donc côté diffusion je trouve ça dur. Moi je rêve de quelqu’un qui le fasse pour moi. Mais c’est clair je rêve de ça. Aussi parce que je pense que… je vois rien que mes amis comme il me vendent. C’est aussi beau de voir les gens qui sont pris d’un truc, c’est fort pour eux du coup ils ont envie de le faire partager. Donc moi je rêve de quelqu’un qui aurait que ça à faire. C’est un métier, il n’y a pas de secret. J’ai pas choisi moi de faire communication diffusion. Je me retrouve à le faire parce que c’est le seul moyen que j’ai pour me faire connaître et essayer de vivre de ma musique. Mais moi la base, c’est pas ça que j’ai fait comme choix d’études quoi !

On a l’impression que c’est un truc d’artistes mais c’est vrai tu crées ton entreprise c’est pareil cette demande des compétences. En même temps, il y a un côté que j’aime aussi moi, enfin c’est- à-dire… Je trouve que confier une tâche à quelqu’un, j’aime ça avoir conscience de ce que je confie. Donc là me rendre compte du travail que c’est et tout ça. J’aime bien les patrons qui vont dans leur entreprise pour essayer un peu le boulot de leurs employés et des fois ils sont un peu « ah oui oui d’accord en fait pardon, je vais t’en demander moins ou plus ou bref mais je trouve que je me sens plus légitime de confier une tâche à quelqu’un et d’exiger quelque chose si j’y suis passé parce que voilà une fois que tu en a conscience tu sais ce que tu confies aux gens c’est pas pareil.


La création, un don précieux

Moi je crois qu’on peut pas lutter contre l’envie de créer. Pour moi c’est sacré en fait, vraiment, sacré au sens large et grand du terme. Je trouve ça hyper précieux. Pour moi c’est vraiment ça qui rend le monde beau, c’est vraiment la beauté du monde. La création et tout c’est tellement le lien entre les gens donc… Si on recense ça, il faut déjà être hyper reconnaissant. parce que c’est cadeau et puis après faut essayer d’en faire quelque chose et de le véhiculer.

Comment ? Je pense qu’il faut s’entourer c’est-à-dire en parler, enfin en tout cas moi c’est ça ma richesse. Ma mère elle est comme ça, elle crée du lien entre les gens. J’ai peut-être hérité ça d’elle. Moi je demande. J’ai envie de faire la musique, j’ai envie de faire un album, tout ce que je ne sais pas faire pour y arriver, je vais voir des gens qui sont compétents pour. Untel il joue de la musique je vais aller le voir, je vais lui dire mais comment tu fais ? Par où t’es passé ? Il faut oser, c’est clair qu’il faut oser, il faut oser se lancer. Ca demande quand même du courage c’est vrai. C’est aussi des moments où on est seul. Ce premier souffle là je crois qu’il se fait seul, comme la première respiration et après ça il faut se tourner vers des gens et demander de l’aide, il ne faut pas se sentir gêné de ça je crois.

Mais c’est beau, faut avant tout respecter ça, d’avoir envie de créer c’est trop chouette quoi … et s’entourer. Parce qu’on est plein en fait c’est ça aussi dont on s’aperçoit. A n’importe quelle échelle, que tu en fasses ton métier ou pas. Il y a plein de gens qui créent, même si c’est pour le plaisir de dessiner dans sa chambre, c’est très bien pour moi ça n’a pas moins de valeur, d’en faire son métier ou pas quoi. C’est vraiment à même échelle pour moi. Quelqu’un qui est hyper connu a autant de mérite que mérite pour moi que si tu fais un dessin et que tu as 5 ans. Pour moi c’est de la même essence. Après qu’est ce que t’en fais, comment est-ce que tu arrives à le véhiculer,… Il n’y a pas de prétention à oser son art. Tu vois ça vient de toi en fait et juste oui tu le laisses s’exprimer. Il n’y a pas de… mais ça arrive, qu’on me le dise tu vois : « Alors, toi tu t’es dis je vais remplir une salle de spectacle ! » J’ai pas de prétention en fait. Faire un album il n’y a pas de prétention, c’est juste… ça se passe et les rencontres se font … Mais faut pas être gêné, dire non je veux pas montrer mes dessins ou non je peux chanter ma chanson, ça fait trop le mec qui … mais ça fait pas le mec qui fait en fait. Si ça fait partie de toi tu l’exprimes et c’est très bien.

[musique] Augustine Hoffmann – « Elle doute » [musique]

[musique] Esperluette [musique]


L’esperluette du moment : le silence et la nature

Alors mon esperluette du moment. Je pense que c’est tous les jours différent, enfin il doit y avoir des semaines où j’ai un peu la même inspiration. Mais là je suis un peu dans une phase … silence et nature. Je suis un peu là dedans en ce moment. Je sais pas si c’est le l’hiver qui amène à ça ou quoi mais je te dis ça peut être très différent. Il ya des moment où mon esperluette c’est d’être entourée par plein de gens et de me nourrir d’un tas d’histoire, et j’ai des moments comme ça où je ne peux pas écrire parce qu’il faut que je me nourrissant en fait donc c’est vraiment comme aller manger et c’est …. J’écoute plein de gens, et je rencontre plein de gens et j’ai envie de voyager, et je suis dans un truc comme ça.

Et des moments de retour, retour à soi ou du coup j’ai envie de silence, de nature, La nature ça m’émerveille assez, dans des moments de doute. C’est un truc heu … Je me dis : ouah le soleil il va se lever là tous les jours, il va se coucher et ça me rassure un point. Des moments où les gens tu ne sais jamais trop, tu ne sais pas ce qu’ils pensent, tu peux être sûr d’une relation et d’un seul coup pas du tout en fait et donc ça tac je vais chercher dans la nature, je me dis : hey là il y a un cycle… Et en même temps il y a aussi de l’éphémère dans la nature mais ça me rassure. Donc en ce moment oui je dirai ça, mon esperluette du moment c’est ça : silence et nature.

Mais je veux bien te remercier, vraiment, pour un ce beau moment là, parce que j’ai passé un agréable moment et pour ta démarche. Parce que je trouve ça hyper précieux en fait, de gens qui ont à cœur de consacrer du temps à ouvrir la parole à des gens qui ont des initiatives quelles qu’elles soient. Je trouve ça beau d’oser dans la vie et de tomber sur des gens comme toi qui ouvrent un espace à ça c’est très précieux. « 


Le mot de la fin

Marie-Cécile : « Que rajouter de plus après de si belles paroles qui me vont droit au cœur. J’espère que ce nouveau format d’interview sur Esperluette vous plaît et que vous vous êtes régalés autant que moi à écouter Augustine parler et chanter. Vous pouvez la suivre et lui envoyer vos commentaires sur son site, sa page Facebook et son compte Instagram dont vous trouverez les liens sur le site du podcast : esperluette-podcast.fr

Si ce premier épisode de la saison 2 vous a plu, commentez, partagez, envoyez-moi plein de cœurs ou d’étoiles sur vos applications de podcasts. Pour les malentendants cet épisode existe également en version sous titrée sur notre chaîne Youtube. Dans le prochain épisode, diffusé dans un mois, nous parlerons de l’apprentissage et de la place de la langue des signes en France. Pas de jingle de fin cette fois pour terminer cet épisode mais plutôt une dernière chanson d’Augustine Hoffman pour vous laisser repartir avec le sourire, et l’envie de croquer la vie à pleines dents. A une prochaine on l’espère-luette évidemment !

[musique] Augustine Hoffmann – « la vie croustille » [musique]

Partagez cet épisode sur Pinterest avec ce visuel :

augustine hoffmann chanteuse compositrice musicienne pleine d'émotions