Souvenez-vous : Et si en suivant les traits d’un dessinateur de BD on redécouvrait notre ville ?
C’est la toute première phrase que j’ai prononcée sur Esperluette en 2018. Le dessinateur de BD c’était Jerlock. C’est avec lui que j’ai fait ma 1ère interview en ne sachant pas trop ce qu’Esperluette allait devenir. Il est bien plus que ma 1ère Rencontre sur Esperluette à l’écoute du Vaucluse, il a aussi créé le 1er logo du podcast.
Graphiste de métier, il s’est lancé un défi fou : créer sa première BD à propos du Festival d’Avignon. Sortie en 2017, ce fut une belle réussite. Il a réussi à vendre en quelques semaines toute la première édition.
En 2018, il décide d’aller plus loin en créant, avec Delphine, une maison d’édition : les Editions Carrément, défi rendu possible grâce à une opération de crowdfunding sur Kisskissbankbank avec 126 % récoltés. La BD « Mon Festival » a donc été rééditée et d’autres suivront avec de nouveaux auteurs.
« C’est l’idée de faire des livres qui m’intéresse vraiment (…) Pour moi une bibliothèque c’est un objet important et me dire que je peux contribuer à la remplir, je trouve ça hyper cool »
Et en 2021, j’ai eu envie de faire un épisode retrouvailles pour voir ce qu’il était devenu, comment son projet a évolué, si de nouvelles idées folles sont apparues.
L’épisode « Retrouvailles » est en deux parties :
– d’abord le nouvel enregistrement en mode interview où vous entendrez ma voix
– puis une rediffusion de l’épisode tel qu’il a été publié la 1ère fois. J’espère que cette nouvelle idée d’interview vous plaira. N’hésitez pas à m’envoyer vos commentaires sur les réseaux sociaux, j’adore échanger avec vous, avoir vos retours et c’est grâce à vous aussi qu’Esperluette est devenu ce média unique et positif ! (merci merci !!!!)
Bonne écoute !
Références citées dans l’interview
Les éditions Carrément sur le site internet ou Facebook / Instagram
Pensez à parler de cet épisode d’Esperluette autour de vous, partagez-le sur vos réseaux sociaux et pensez à mettre 5 étoiles sur votre appli d’écoute audio préférée, ça m’aide beaucoup à développer ce podcast et faire connaître les belles énergies du Vaucluse.
A une prochaine, je l’espère-luette évidemment !
Vous avez aimé cet épisode, vous aimerez aussi …

Produit par Marie-Cécile Drécourt
Productrice des podcasts Esperluette à l’écoute du Vaucluse & Esperluette en Mode Festival depuis 2018, je donne la parole aux acteur·ices locaux et aux initiatives culturelles et sociales de notre territoire.
Avec 20 ans d’expérience en communication, j’accompagne aussi les entreprises, associations et indépendant·es du Vaucluse et de la Région Sud dans la création de leur podcast.
👉 Plusieurs manières de travailler avec moi :
Acheter un épisode sur Esperluette à l’écoute du Vaucluse : mettez en lumière votre entreprise, votre association ou votre projet grâce à un épisode produit sur-mesure et diffusé dans le podcast.
Offrir un Podcast Suspendu® : un format solidaire qui permet à une association ou un acteur local de bénéficier d’un épisode offert, financé par votre mécénat.
Produire ensemble votre podcast en marque blanche : je crée avec vous votre podcast de A à Z
Vous faire accompagner dans votre projet podcast : je vous apprends à produire votre podcast en toute autonomie
Pour les malentendant·es, voici la retranscription complète de l’interview
Marie-Cécile : Et si en suivant le trait d’un dessinateur de BD on redécouvrait notre ville..? Pour en parler je vous emmène dans l’atelier de Jerlock, auteur, dessinateur de BD à Avignon.
Jerlock : « Bonjour ben moi c’est Jerlock, je suis blond aux yeux bleus, 1 mètre 80 et mon pseudo sur Meetic c’est Coco Jerlock. (rires) Non, plus sérieusement je suis Jerlock, auteur de bandes dessinées.
J’ai sorti une bande dessinée sur le festival d’Avignon, et je vais vous en parler.
Alors l’histoire de « Mon Festival » c’est… en fait, ça reprend une édition du festival de théâtre d’Avignon. C’est un peu comme si j’avais fait un carnet de voyage / bande dessinée… c’est entre les deux… sur le festival d’Avignon.
En fait ça commence avant que le festival ne commence, c’est à dire quand les techniciens commencent à arriver et les comédiens également.
Ensuite il y a le festival qui est officiellement lancé donc là il commence à avoir une espèce d’euphorie dans la ville et pendant trois semaines en fait on voit ce qui se passe dans les rues.
C’est essentiellement dans les rues. En fait, ça ne parle pas de théâtre, ça parle de ce qui se passe dans la rue pendant le festival.
En fait y’a cette euphorie pendant une semaine, deux semaines, et puis au bout de deux semaines c’est plus de l’agacement,
de l’énervement, les gens commencent à être un peu plus sanguin, etc…
Pour finir après il y a une petite pointe de nostalgie quand le festival se termine. On a tous envie que ça recommence l’année prochaine. Ca raconte un peu ça voilà.
Et c est ma première BD !
En fait, j’ai toujours aimé dessiner et j’aime aussi raconter des histoires quand même.
Mais c’est surtout le dessin qui m’intéresse.
En fait à côté je suis aussi illustrateur et je m’étais dis … Bon, c’est un peu un fonctionnement un peu bizarre mais je m’étais dit
avant 30 ans je ferai une bande dessinée et du coup fallait vraiment que je me dépêche.
(rires)
Et… quand je suis arrivé à Avignon, il y a quelques années je me suis dit mais y’a un truc à faire avec le festival, il y a vraiment des histoires qui se créent dans le festival sans que j’ai vraiment besoin de les créer, j’ai juste à aller les chercher en fait.
Du coup, je me suis dit pas ben ça va peut-être être un peu plus facile pour pour faire une bande dessinée.
J’ai toujours plus ou moins un carnet sur moi, un carnet de croquis dans lequel je dessine ce qui se passe dans ma vie.
Je dois en avoir maintenant une vingtaine depuis que j’en fais quoi.
Quand je suis arrivé à Avignon, c’était en juin donc un mois plus tard le festival commençait, même deux semaines après que je sois arrivé il y avait déjà les techniciens qui arrivaient et franchement quand on regarde bien on les voit arriver.
Et donc je commençais à dessiner ça dans mon carnet en me disant tiens voilà l’arrivée des comédiens, l’arrivée des techniciens.
Du coup j’ai fait les théâtres sans aller voir les spectacles toujours pour en fait écouter un maximum de ce que se disaient les gens.Je me suis baladé dans la rue.
Tout ce que… tout ce qui s’y passait, tout ce que les gens pouvaient dire, ben quand c’était un minimum drôle, ou cocasse, ou parfois même poétique, je le retranscrivais sur mon carnet après.
J’ai fait ça trois ans de suite. J’ai fait un mix de tout ça pour faire cette bande dessinée.
Du coup, des fois, j’ai vraiment remis tout en page et ça fait des vraies planches de bandes dessinées et des fois, c’est vraiment juste, juste une illustration à l’aquarelle, comme dans un carnet de voyages.
Alors ça m’a pris trois ans mais en réalité ça aurait pu me prendre qu’une seule année parce que comme c’est un nouveau médium pour moi j’ai dû me chercher, parce qu’en fait quand on est illustrateur on doit répondre à des codes,
et du coup on doit vachement formater son trait et son dessin. Là, pour le coup, il fallait pas du tout faire ça il fallait faire quelque chose de plus sensible.
J’ai dû travailler là dessus.Il y a des planches que j’ai fait, sans mentir vraiment, une bonne trentaine de fois, avec des traits très légèrement différents mais c’était hyper important pour moi. C’est pour ça que ça a pris autant de temps.
Quand on passe du métier d’illustrateur à celui d’auteur de BD … c’est que quand on est illustrateur on répond à des commandes
que du coup on doit répondre à des tendances, à des styles actuels, enfin aujourd’hui ce qui marche bien, ce qui se fait beaucoup c’est les choses vectorielle donc c’est-à-dire faites sur Illustrator et hyper épurées.
Alors que mon dessin en réalité, il n’est pas comme ça. Et c’est ça qui a été difficile, c’est de devoir dessiner autrement en fait.
Créer une histoire c’est pas…
c’est pas évident.
C’est pour ça aussi que bon parler du festival d’Avignon c’était plus facile pour moi parce qu’en fait l’histoire, enfin du moins quand j’en parle, elle est dans la rue, c’est pas vraiment moi qui l’écrit.Moi je fais que retranscrire ce que
je vois. Je sublime on va dire,
mais j’invente pas une histoire de A à Z.
En fait elle est déjà là. Y’a juste à aller choper le truc qui fait que « Ah oui avec ça on peut faire une histoire, avec ça on peut raconter un truc ».
Alors sur trois années, on peut croire qu’il va y avoir des choses différentes, mais en réalité non, en fait un festival d’Avignon c’est toujours plus ou moins la même chose en fait.
Il y a toujours les mêmes temps forts, les mêmes temps calmes, les mêmes ambiances au même moment, comme je disais tout à l’heure, l’euphorie au début, la nostalgie à la fin, l’énervement etc du coup c’est ça aussi, c’est qu’en fait au bout de trois ans, je me suis rendu compte que ça n’apportait pas grand chose de plus, d’une année sur l’autre.
Du coup, c’était bon là j’avais fait le tour et fallait que ça sorte maintenant cette BD, et un mix des trois éditions en fait on ne pouvait en faire qu’une seule, parce que dans une seule édition on peut vraiment rencontrer tout ce qu’il y a dans la BD quoi. En fait ce que j’ai vécu en trois ans, on peut l’on peut vivre en un an…
…enfin en une édition.
Au cours de ces trois ans mon trait s’est affiné et s’est affirmé et donc ça a aussi servi à ça.
Alors quand tu reçois ta bande dessinée au début t’es content même si c’est un peu bizarre parce qu’en fait c’est un camion polonais qui vient te la livrer et tu te dis tiens c’est bizarre qu’est-ce qui … pourquoi ça vient de Pologne ?
En fait ce sont des stratégies commerciales, pour dépenser moins d’argent enfin bref…
je ne cautionne pas forcément tout ça mais bon bref c’est ce que ça m’a fait quand même, voilà !
On était quand même content parce que tu as un objet en fait.
C’est comme la première fois que tu fais une affiche tu es hyper content.
Bah là t’as une BD donc c’est comme si tu avais fait soixante dix affiches en fait.
Et puis tu as la couv qui est…
Ca fait vraiment un objet, tu l’as entre les mains, tu peux le manipuler c’est super sympa.Tu as l’odeur aussi du papier et tout, puis tu te dis : mes parents ils vont la lire !
T’es content quoi !
Puis après tu l’ouvres et tu peux pas t’empêcher de voir ce qui ne va pas. (rires)
Parce que c’est toi qui l’as fait et que ça rendra jamais pareil …
dans une bande dessinée que dans ton carnet de croquis et t’es toujours un peu déçu par rapport à ça.
Mais j’en ai parlé à plein de gens, plein d’auteurs, qui m’ont dit de toute façon tu ne seras jamais 100% satisfait de ta bande dessinée parce que forcément l’impression ça rend jamais la même chose qu’un original. Mais je suis quand même très content !
Concernant l’impression en Pologne en fait, en tant qu’auteur, t’as pas grand chose à dire c’est ton éditeur qui gère cette partie là.
C’est un peu la surprise, tu ne le sais pas au départ, et c’est comme ça, il faut que tu l’acceptes sinon elle ne sortira pas ta BD, du moins pas avec cette maison d’édition.
Alors quand tu es auteur de BD ben oui forcément tu as un investissement de temps,
mais t’as aucun investissement financier en fait parce que c’est ça le rôle de l’éditeur. L’éditeur lui il est là pour parier sur ton projet, donc c’est lui qui va normalement mettre l’argent sur la table pour imprimer le bouquin et ensuite espérer qu’ils se vendent et récolter de l’argent dessus.Et toi en tant qu’auteur tu vas toucher 8 % sur le prix de vente d’un album en fait.
Ce qui, au final, est quand même très peu.
Ben je suis très contente parce qu’elle a eu un petit succès quand même enfin, au bout de six mois les stocks ont été épuisés.
Du coup moi j’ai envie d’en refaire.
Déjà de rééditer « Mon Festival », enfin cette bande dessinée et surtout d’en faire d’autres bandes dessinées.. et c’est en cours !
Aujourd’hui j’ai vachement envie de faire de la bande dessinée d’humour.
Là je suis sur un projet avec un scénariste qui s’appelle Gael Roux, qui habite Avignon également.
Un projet qui s’appelle « Rien ne sert de courir ? »
Ca traite… c’est un comic strip donc il y’a une chute à chaque planche.
C’est de l’humour noir, très très noir, et ça traite de la dépression, qui est un mal qui touche pas mal de gens quand on regarde bien.
Mais là c’est vraiment avec un ton très humoristique comme je disais.
C’est un mec qui fait une dépression, qui est symbolisé par un nuage et pour s’en débarrasser il va se mettre à courir, à faire du sport et ils vont entrer en dialogue tous les deux jusqu’à ce qu’il trouve son bonheur et qu’il puisse vivre avec à la fois sa dépression et son bonheur… et … faire avec en fait comme tout le monde.
Ce qui a été difficile, ça a été pour moi de trouver un style comme je disais tout à l’heure.
Après euh …
Trouver un éditeur finalement ça n’a pas été si difficile que ça.
J’ai fait aussi un truc par rapport à ça c’est que j’ai suivi un conseil de Joann Sfar enfin je l’ai entendu dire ça une fois la radio. Il disait que 0 % ça n’existait pas, le noir et le blanc en gros ça n’existe pas, il y a toujours du gris en fait.
Si tu envoyais ton projet à cent maisons d’édition t’allais forcément avoir un pour cent de bonnes réponses.
Donc c’est ce que j’ai fait et ça s’est avéré vrai. Ça c’est quand même un truc que je retiens,
que je trouve assez intéressant.
Après ce que j’ai beaucoup aimé aussi, je ne pensais pas aimé, c’est les séances de dédicaces où
en fait on rencontre des gens…
… la dédicace c’est presque juste un prétexte pour parler avec quelqu’un.
T’as vraiment l’impression que la personne qui vient se faire dédicacer son bouquin, c’est juste parce qu’elle veut te parler en fait
et ça c’est super agréable parce que même toi tu découvres des gens.
Quand tu dessines tu es souvent seul en fait. Du coup quand tu arrives à faire des journées où tu rencontres 50 personnes, ça fait un autre quotidien et ça c’est intéressant. Ça c’était assez plaisant et ça c’est vraiment un truc que j’aime bien dans cette aventure.Je ne pense pas que le trait va évoluer avec ça je pense plutôt qu’il va évaluer parce que
je prends confiance en mon trait dans ce domaine là tout simplement, parce que j’y passe plus de temps qu’avant aussi.
Ouais ouais ça m’a fait vraiment heu …
ça m’a fait …
On va dire que mon projet professionnel n’est plus le même…
Enfin je cherchais à évoluer professionnellement c’est vrai que la bande dessinée
ça peut être une voie.
Je pense que quand on pense que c’est c’est ce qu’il nous faut il faut le faire, et que forcément… enfin pour moi, si on y croit vraiment et qu’au fond de nous c’est hyper hyper ancré, je pense qu’on devrait y arriver normalement. Enfin du moins si on n’arrive pas au but on va sen approcher.
Du moins on va avancer, donc il faut se lancer.
Mon esperluette dans le monde de la bande dessinée alors comme ça à brûle-pourpoint comme ça c’est un peu difficile à dire, mais ce qui me vient en tête c’est peut-être parce que j’y ai pensé aujourd’hui déjà, c’est Fabien Toulmé … enfin j’ai pensé à lui aujourd’hui enfin bref. C’est un auteur de bande dessinée qui habite Aix-en-Provence, qui est pas du tout auteur de bandes dessinées à la base.
Il est ingénieur, il me semble. Et en fait il se trouve que dans sa vie y’a eu une espèce d’aventure, il a eu une fille trisomique et c’est quelqu’un qui a toujours aimé dessiner et qui avait envie de faire ça quelque part et il a profité de…enfin profiter je ne sais pas si c’est le mot, mais du moins… le fait que cet enfant arrive dans sa vie, il a eu envie de d’écrire une bande dessinée et ça a été un succès fou et depuis il est devenu auteur de bandes dessinées.
Ca je trouve ça pas mal et je me… moi je me retrouve là dedans dans le sens où je ne suis pas auteurs de bande dessinée…
je ne suis pas auteur de bandes dessinées à la base.
Et même si j’ai un métier qui s’en rapproche plus que lui bah, je me dis que tout est possible quand même. Tout est possible, on peut arriver à faire de la bande dessinée même si on n’a pas fait d’études pour ça et qu’on n’est pas dedans à la base quoi. Sinon donc j’ai deux esperluettes aussi à Avignon.
La première, ça serait le fanzine Maudit Tintin, donc un fanzine avignonnais dans lequel il ya un peu de tout et n’importe quoi mais…
enfin c’est un joyeux bordel mais ça vaut, ça vaut vraiment le coup de le découvrir.
donc y’a de la BD, des nouvelles, des articles sur des groupes de musique etc…
Voilà, donc à découvrir et puis l’autre chose c’est l’association Arts up qui est dirigée par Delphine Bardet qui développe et promeut les arts visuels.
En fait elle place des artistes dans des ateliers qui ont lieu dans des maisons de retraite, dans des écoles dans des hostos, ou elle fait des expositions.
Et elle aide du coup les artistes à vivre de leur art, d’une manière un peu commerciale mais,
mais il faut bien qu’ils vivent un petit peu donc. Du coup voilà c’est une manière de
de faire pour que les artistes gagnent de l’argent tout en pratiquant leur art.
Ben merci à vous Esperluette et à une prochaine !
Marie-Cécile : « Merci à toi Jerlock d’avoir partagé avec nous ton expérience de créateurs de BD. Puisque c’est l’heure des remerciements, j’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont aidé dans ce projet, car un épisode ça ne peut se réaliser seule.
Merci notamment à Jean-Philippe Drécourt et à Jerlock qui ont eu la gentillesse de faire notre identité sonore et visuelle.
Merci également à Julie pour tes idées et tous tes conseils. A une prochaine, on l’espère- luette évidemment ! 😉