Amélie Fourreau, votre voix est
votre meilleur outil
Pour le 1er épisode, je tends le micro à Amélie Fourreau, comédienne, voix professionnelle et formatrice en prise de parole. Ensemble, on parle de ce métier où la voix est au centre de tout — et de la manière dont elle nous transmet ses clés pour mieux utiliser ce super pouvoir que nous avons toutes et tous.
Parce que parler, ce n’est pas seulement poser des mots. C’est transmettre une émotion, une intention, une énergie. Et quand on apprend à mieux apprivoiser sa voix, de nouvelles portes s’ouvrent — dans notre vie pro comme dans notre quotidien.
Moi la première : depuis quelque temps, Amélie m’aide à travailler ma voix pour mes podcasts Esperluette et mes voix off. Et je peux vous dire que ça change tout. 🎧
Dans l’épisode, elle nous raconte son parcours, sa passion pour la voix, et partage aussi quelques conseils concrets pour l’échauffer, la préserver, et surtout en faire une alliée.
👉 À écouter si vous avez envie de prendre la parole avec plus d’aisance… et surtout d’y prendre du plaisir.
Alexandra Furon, Soutenir
l’intelligence artistique avec lesvoix.fr
Ensuite, je vous invite à découvrir un échange que j’ai eu avec Alexandra Furon, comédienne et membre de l’association lesvoix.fr, que j’ai eu le plaisir de rencontrer lors d’un petit-déjeuner “Good Morning la Toile” organisé par Pénélope Boeuf et son équipe à Paris (enregistré en octobre 2024).
Pour Alexandra, la voix est son outil de travail puisqu’elle fait des voix off, du doublage, de la pub, des podcasts ou encore des narrations de documentaires. Un savoir-faire unique, une spécificité culturelle française aujourd’hui menacée par les progrès de l’intelligence artificielle. Alexandra m’a expliqué comment ces technologies commencent à reproduire des voix à partir d’extraits en ligne, sans réglementation claire pour protéger les professionnels du secteur.
Nous avons discuté de l’urgence de préserver la richesse émotionnelle que seul un être humain peut transmettre dans une performance vocale.
Avec les 249 membres de l’association Les Voix.fr et le mouvement Touche pas à ma VF, elle cherche à alerter le gouvernement et le grand public pour que ces métiers, si essentiels à la création, continuent d’exister.
👉 Elle parle aussi de son métier-passion, une « schizophrénie joyeuse » qui lui fait vivre 10 vies en une journée. C’est une profession qui, au-delà de la technique, fait appel à une vraie sensibilité artistique, “une intelligence artistique”, comme elle l’appelle.
Pour aller plus loin :
Retrouvez :
- Amélie sur Instagram @shake.your.voice & son site internet
- Alexandra sur Instagram @alexandra_furon_ et son site internet
Soutenir les initiatives de Les Voix.fr & signer la pétition en ligne
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Produit par Marie-Cécile Drécourt
Productrice des podcasts Esperluette à l’écoute du Vaucluse & Esperluette en Mode Festival depuis 2018, je donne la parole aux acteur·ices locaux et aux initiatives culturelles et sociales de notre territoire.
Avec 20 ans d’expérience en communication, j’accompagne aussi les entreprises, associations et indépendant·es du Vaucluse et de la Région Sud dans la création de leur podcast.
👉 Plusieurs manières de travailler avec moi :
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Retranscription de l’interview d’Alexandra
Marie-Cécile : Alors, aujourd’hui on est au petit-déj de l’agence La Toile, « Good Morning La Toile » et j’ai eu la joie de rencontrer Alexandra. Comme la voix c’est hyper important dans les podcasts, je me suis dit que c’était intéressant de parler de ton travail qui notamment. Tu fais, tu es comédienne mais tu fais du doublage. On parler de cette histoire de doublage qui est importante et qui est en train de changer un peu comme métier, à cause de l’IA notamment,…
Alexandra : Ce qui est bien regrettable !
Marie-Cécile : Est-ce que tu peux déjà te présenter, pour qu’on sache qui tu es et puis nous expliquer un peu cette association qui existe aujourd’hui pour parler de ce métier-là ?
Alexandra : Très bien, alors moi je suis Alexandra Furon. Je suis donc comédienne et je fais partie d’une association qui s’appelle lesvoix.fr qui regroupe aujourd’hui 249 professionnels de la voix qui font à la fois du doublage, de la pub, des podcasts, des narrations de documentaires, des voice-overs, etc.
L’IA et le vol de voix
Et aujourd’hui, ça fait deux ans qu’on se bat un peu et qu’on essaye d’alerter le gouvernement sur le problème de l’intelligence artificielle non pas que l’on soit contre le progrès mais ce problème d’intelligence artificielle qui vient voler nos voix, notre travail qui traîne sur les réseaux sociaux parce que pour nous vendre il faut qu’on ait un peu des extraits qui traînent sur le net. Donc ces extraits peuvent nous vendre mais peuvent être volés par l’intelligence artificielle et être réutilisés pour dire n’importe quoi à n’importe qui, sans qu’on soit rémunéré ou sans qu’ils aient eu l’autorisation d’utiliser nos phonèmes.
Donc, ils vont dire qu’on a utilisé mon phonème avec quelqu’un d’autre et après il faut aller le prouver.
Marie-Cécile : Oui, parce qu’à la fois ils peuvent utiliser ta voix, reproduire ta voix et faire dire n’importe quoi à n’importe qui parce qu’avec un extrait d’une voix comme la mienne on peut refaire dire n’importe quoi. Mais aussi ils peuvent mixer plusieurs voix pour en créer une nouvelle et donc se dire que finalement il n’y a pas de problème.
Alexandra : Finalement, il n’y a pas de vol de voix puisqu’ils ont pris un peu de tes phonèmes, un peu de mes phonèmes et ils ont créé un nouveau phonème, pour faire une pub.
Donc il y a un problème de droit, il y a un problème en fait de personnalité, on viole un peu ta personnalité finalement. C’est comme une photo qu’on utiliserait… au même titre le phonème est une personnalité comme une photo, c’est quelque chose qui appartient à quelqu’un et qui ne peut pas être volé comme ça.
Le doublage, une spécificité culturelle française
Et puis on alerte aussi un peu le gouvernement et un peu tout le monde pour dire que l’humain c’est hyper important et qu’aujourd’hui en France il y a un vrai savoir-faire du doublage français. C’est quelque chose… il y a de l’émotion si tu veux quand on double un comédien américain il y a des subtilités en France qui ne sont pas les mêmes subtilités en Allemagne ou au Japon donc le travail de l’adaptateur est également hyper important et le problème de l’intelligence artificielle c’est qu’elle va aller juste reprendre la voix du comédien connu qui a tourné le film aux Etats-Unis ou dans un autre pays peu importe, va récupérer, et va juste traduire voilà propre, de façon un peu mécanique la même façon dont a joué je prends l’exemple de Robert De Niro mais ça pourrait être n’importe qui la façon dont il a joué son film aux Etats-Unis il va reprendre la même chose avec les mêmes intonations mais en français, en japonais, en allemand,…
Marie-Cécile : Mais ça ne fonctionne pas parce que culturellement on a aussi des intonations …
Alexandra : Culturellement, exactement ! Nous on n’a pas du tout une voix aussi chantée que les anglais par exemple souvent d’ailleurs moi en doublage et ce qu’on me reproche, j’ai toujours tendance un peu à chanter, je ne sais pas pourquoi, j’ai ce défaut depuis que je suis enfant !
Donc souvent on veut quelque chose un peu plus droit et parce que c’est dans notre culture française. Donc, ce qui est dommage, c’est que tout ça, ça peut être la mort d’un métier et donc c’est l’adaptateur…
L’impact de l’IA sur de multiples métiers
Marie-Cécile : Oui, c’est ça, c’est qu’en fait ce n’est pas un seul métier. Il y a toi, ton métier, tu défends ton métier, c’est normal, de comédienne, qui est déjà un sacré travail parce qu’en fait on se dit la voix tu n’as qu’à lire le texte mais non tu joues obligatoirement. Mais il y a plein d’autres métiers autour qui sont impactés et s’il n’y a plus cette spécificité-là, derrière il y a plein de gens qui vont perdre leur travail.
Alexandra : Mais plein ! Des milliers de postes. En fait, il y a le travail de l’adaptateur, celui qui va qui normalement récupère le film étranger et réadapte avec son pays d’origine, dans lequel on veut doubler etc. Ensuite tu as la voix, tu as le directeur artistique qui choisit ses comédiens. Tu as le studio. Et puis dans le studio tu as la personne qui fait l’affiche de paix, et puis tu as l’ingénieur du son et en fait c’est en cascade. C’est un peu comme la petite pub du sucre, tu sais ? Tu as un petit sucre qui tombe et tuc tuc tuc… Donc, c’est énormément de choses et c’est un savoir-faire français et qu’est-ce qu’on va devenir en fait. Et puis c’est triste. Et cette intelligence artificielle, elle se nourrit de quelque chose qui existe, on est bien d’accord, donc elle va se nourrir effectivement de Robert de Niro qui a fait son film. Mais je parle de pub, ils vont piquer dans tes phonèmes, piquer dans les miens, mais ils vont piquer des choses, des publicités qui existent déjà. Mais quid dans 10-15 ans en fait, si l’IA n’est jamais nourrie ?
Donc, aujourd’hui on peut lui donner un peu des variations de sentiments mais ce sont des variations de sentiments qu’elle a l’IA parce qu’on la nourrit. Elle est nourrie de quelque chose d’humain qui y est derrière. Si on ne fait plus rien d’humain, il y a quoi comme créativité ?
Intelligence artistique vs Intelligence Artificielle
Marie-Cécile : Oui c’est ça et puis je suppose que des fois tu proposes des choses aussi. En tout cas, si c’est toi qui va doubler une voix ou une autre comédienne tout aussi expérimentée, vous allez proposer obligatoirement des choses différentes …
Alexandra : Exactement !
Marie-Cécile : …qui vont être acceptées ou pas par les producteurs, mais en tout cas voilà, et donc ça avec l’IA ça ne va pas plus être possible.
Alexandra : Non, ça ne va pas être possible. En fait ça ne pourra jamais aller au-dessus de ce qui existe, c’est ça le problème. Je reprends je crois Aladdin. Je crois qu’il y avait eu des études de fait comme quoi le dessin miné Aladdin avait été préféré en VF plutôt qu’en VO parce que c’est vrai que Richard Darbois avait apporté quelque chose, un grain de folie dans ce personnage du génie qui est incroyable. Et il ne faut pas oublier qu’il y a 80% quand même des films aujourd’hui en France qui sont regardés en VF. C’est bien que les gens, en France, aiment en fait ce qu’apportent les comédiens français dans le doublage, le petit grain, le petit truc. Et quand on va en séance ; donc on parle de doublage mais même que ce soit en pub ou en narration ; tu viens avec ton bagage. Donc peut-être un jour tu te réveilles, tu es un peu triste donc il y a quelque chose dans la voix qui se ressent et dans ta narration, il y a ce grain. Et puis, un jour, tu vas avoir un grain de folie et tu vas avoir la pêche et ta narration elle sera complètement différente !
Marie-Cécile : C’est clair, moi je le sens quand je fais mes montages de ma voix, je me rends compte qu’en fait il y a des moments où tu n’as pas du tout la même alors que tu as parlé de la même manière, ça ne ressort pas de la même manière.
Alexandra : Exactement ! C’est clair et bien l’IA tu lui demandes quoi ? Un peu plus d’émotion, un peu plus drôle, un peu moins, un peu plus triste, un peu moins, … mais dans l’humain il y a tellement de variations des milliers de variations de tons de timbres. Juste en discutant, rien que là, je pense que j’en ai utilisé je ne sais pas combien ! Est-ce que l’IA peut faire ça, je n’en suis pas sûre ? Elle peut repiquer, si, plus ou moins à l’identique mais transcrire.
L’importance du lien humain et des émotions
Marie-Cécile : C’est triste parce que la voix ça crée vraiment un lien, ça crée quelque chose d’intime, je pense que même si ça va s’améliorer l’IA évidemment, mais je pense qu’avec une machine on n’arrivera jamais à recréer ça. Il y aura toujours quelque chose de différent et je pense que le cerveau, même inconsciemment, va s’en rendre compte en fait parce qu’il y a quelque chose qui sera … On n’aura pas les mêmes sensations quand on verra un film ou quand on écoutera des voix. Faut espérer !
Alexandra : Oui moi aussi j’espère ! Parce que, qu’est-ce qu’on va laisser à nos enfants ? Ils écouteront des dessins animés qui seront entièrement faits avec de l’intelligence artificielle ? Donc il n’y a plus d’humain derrière, il n’y a plus celui qui dessine, il n’y a plus celui qui adapte, il n’y a plus celui qui parle. Moi, je vois ma fille qui fait en ce moment une création de dessin animé, elle crée la voix d’un dessin animé qui sortira en 2025, c’est incroyable tout ce qu’elle propose comme panel de jeux ! Et les trois réalisatrices redessinent de façon définitive le dessin animé en fonction du jeu qu’elle propose.
Marie-Cécile : Ah génial !
Alexandra : Donc ils choisissent… Ils dessinent un peu, ensuite elles proposent plusieurs voix et en fonction de ce qu’ils valident, ils dessinent de façon définitive le dessin animé. Il y a un vrai travail et il y a un DA (Directrice Artistique) et je vois ce qu’elle fait et ce qu’elle propose, les heures qu’il lui faut pour faire ça, un tout petit dessin animé. C’est énorme ! Et l’adaptation, et les gens qui font les dialogues et l’ingénieur du son. Bon, ben demain, c’est tout fait par l’IA c’est hyper triste ! Et puis les rapports humains, c’est-à-dire que nous tous les soirs du matin, on se lève, on va en studio pour qu’elle bosse et on voit toute une équipe. C’est génial ! Et on crée un truc en équipe. Qu’est-ce qu’on fait demain ? Il y a juste quelqu’un qui est … on s’assoit, on regarde un écran et donc il n’y a plus quoi ? Il n’y a plus qu’une seule personne qui fait du pouce-bouton. Et donc on lui demande : qu’est-ce que tu as fait dans ta journée ? J’ai poussé des boutons. J’ai créé un dessin animé en poussant des boutons et en me servant de logiciels, mais quelle tristesse ! Mais quelle tristesse !
Que peut faire le public ?
Marie-Cécile : Et alors en tant que personne qui regarde des films, qui commence à découvrir ce sujet parce que je pense que c’est des métiers qui sont connus maintenant un peu plus peut-être avec les réseaux sociaux mais qui ne sont pas encore très, très connus qu’est-ce qu’on peut faire pour vous soutenir ? Je sais que vous avez sorti le clip.
Alexandra : Oui, il y avait le clip. Il y avait une pétition qui a été signée à plus de 150 000 personnes je crois, ça fait longtemps que je n’ai pas regardé, mais on avait commencé jusqu’à 20 000 et maintenant je vois qu’on est à 150 000. Cette vidéo qui a été relayée donc il faut continuer de relayer cette vidéo et puis en discutant, montrer aux gens que c’est un vrai savoir-faire en France et que derrière ce n’est pas juste une voix, c’est plein de postes derrière qui dépendent de tout ça. Et au moins demander, si jamais il y a une pub qui est faite en IA ou un doublage, d’avoir cette … que le spectateur ait le choix en fait. Aujourd’hui, je regarde une pub qui est entièrement réalisée avec de l’IA ou je regarde une pub avec de l’intelligence artistique.
Marie-Cécile : Oui parce que c’est ça, vous vous battez aussi pour qu’il y ait des lois qui soient votées, parce qu’il y a zéro législation, on a l’outil mais en fait il n’y a pas de législation derrière. Et donc c’est aussi la mission de l’association c’est de dire : on essaye de travailler pour que derrière il y ait des lois et que tout le monde soit au courant de ce qui se passe et que aussi le consommateur, en tout cas le spectateur, soit conscient de la réalité.
Alexandra : Exactement, il sait : ou cette pub est faite avec de l’IA, ou cette pub est faite avec de l’intelligence ce que j’appelle artistique en fait, avec de l’humain, qu’il ait le choix. Qu’est-ce qu’il préfère ?
Marie-Cécile : On préfère l’humain !
Alexandra : Bah, on est bien d’accord !
Comédienne voix, un métier sans routine
Marie-Cécile : Et alors, juste comme ça qu’est-ce que toi t’aimes dans ce métier. Parce que tu me disais que depuis toute petite tu voulais faire ça ? Qu’est-ce qui te plaît depuis toutes ces années que tu le fais, parce qu’on ne te voit pas !
Alexandra : Non
Marie-Cécile : Alors t’as la partie comédienne où on te voit.
Alexandra : Ouais, j’ai quand même la partie comédienne parce qu’avant d’être une voix on est comédien avant tout, donc on a fait des cours de théâtre et puis on a travaillé un jeu, un panel de jeux. ,Donc sans ce cours de théâtre tu ne travailles pas d’émotions et ces émotions sont importantes en studio. Donc, je fais ma partie théâtre où effectivement on me voit sur scène et ce que j’aime en studio, c’est justement faire passer des émotions par une voix, un jeu, sans qu’on te voit. Et je trouve que c’est balèze !
Et puis j’aime bien ,j’aime bien être un peu cachée dans ma petite bulle derrière mon micro et à faire passer des choses, même si c’est pour une publicité à la radio. Je pense à toutes ces pubs Distinguo où je fais à la fois la femme, la copine médisante, la copine qui veut repartir en vacances. Finalement c’est génial, dans une journée, je suis une copine qui a acheté des chaussures et qui a ouvert un livret Distinguo, ensuite je vais faire une narration sur la disparition du vol de la Malaysia Airline, ensuite tu fais des bandes annonces et on me demande de faire des voix de requins pour National Geographic Wild… Et donc je deviens un peu ’schizophrène’, c’est-à-dire que dans une journée j’ai eu 10 vies et c’est extraordinaire quoi ! Donc là ce soir je vais en doublage je ne sais pas ce que je fais !…
Marie-Cécile : Oui en plus c’est ça, tu m’as appris qu’en fait tu arrivais avant, tu ne sais même pas quel personnage tu vas jouer.
Alexandra : Non, alors pour les gros rôles le plus. Quand c’est un petit rôle plus, des ambiances tu ne sais pas.
Marie-Cécile : C’est impressionnant :
Alexandra : On te book, tu es dispo ou pas dispo tu es dispo, tu viens. *
Marie-Cécile : Et en même temps c’est plein d’adrénaline, tu n’as jamais de routine !
Alexandra : Complètement ! Alors jamais et puis en plus c’est assez dur finalement les ambiances parce que, à la fois on va te dire tiens il y a la voix d’une journaliste dans la télé tu vas me la faire, donc tout de suite tu vas prendre une voix journalistique. « Aujourd’hui, machin, il s’est passé tel truc… » C’est hyper grave. Voilà, tu fais ça ou après tu fais une hôtesse de l’air : « Lle vol machin est retardé… le vol machin ! » Ou alors tu fais : « Le docteur truc est demandé en salle machin ! » Voilà et tu fais une infirmière, tu fais une voix dans un un micro, tu fais une flic : « à toutes les unités, à toutes les unités !!! » Et voilà et il faut être réactif tout seul, et pour être réactif et ouvrir ses petits tiroirs des émotions il faut avoir fait du théâtre et voir travaillé son jeu.
Marie-Cécile : Oui bien sûr. Y’a du travail de jeu derrière, énormément d’autant plus, qu’en plus comme on ne te voit pas, il faut que ça sorte juste dans tes cordes vocales.
Alexandra : Ah oui et puis maintenant, il y a les budgets aussi, donc ils n’ont plus beaucoup le temps les gars donc il faut être rapide ! Si c’est pas rapide, allez on va prendre quelqu’un de plus rapide !
Conclusion et rappel des ressources
Marie-Cécile : Génial ! Et bien écoute, merci beaucoup d’avoir accepté mon invitation comme ça à la volée et puis on se retrouve peut-être sur scène, si tu viens sur Avignon pour faire un spectacle et on aura plaisir à écouter ta voix .
On rappelle, le site internet lesvoix.fr.
Alexandra : lesvoix.fr voilà pour tout casting de qualité, pour choisir vos voix n’hésitez pas !
Marie-Cécile : Et puis aussi pour se battre pour ce métier et tous les métiers qui sont autour, pour que la spécialité française reste et qu’on puisse continuer à entendre des belles vraies voix off, faites par des humains.
Alexandra : Exactement ! Et donc, il y a aussi sur les réseaux sociaux lesvoix.fr donc n’hésitez pas Instagram, LinkedIn, Facebook et tout ça. Et il y a aussi le Touche pas à ma VF qui a été créé par beaucoup de comédiens qui ont cette spécificité de doublage vraiment pur. Il ne faut pas hésiter, il faut soutenir, il faut liker, il faut y aller !
Marie-Cécile : Oui, partageons, on peut faire au moins ça.
Alexandra : Exactement !
Marie-Cécile : Merci beaucoup Alexandra.
Alexandra : Merci beaucoup de m’avoir invitée !
Retranscription de l’interview d’Amélie
Marie-Cécile : Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode d’Esperluette en mode festival. Alors, ce n’est pas encore le festival d’Avignon, il approche à grand pas et je vous prépare quelques belles interviews d’artistes mais puisque le but de ce podcast c’est de parler de spectacle vivant, de culture au sens large du terme, toute l’année et pas que sur Avignon, dans l’épisode précédent avec Alexandra Furon on a parlé de la menace de l’Intelligence Artificielle sur les métiers de la voix, aujourd’hui j’ai eu envie de vous faire rencontrer Amélie Fourreau, celle qui m’aide à travailler ma voix pour améliorer mes enregistrements sur Esperluette, et ceux que je fais en dehors de mes podcasts. Bonjour Amélie !
Amélie : Salut, merci de m’accueillir !
Marie-Cécile : Avec plaisir, depuis temps qu’on échange, il était temps que tu passes sur mon podcast !
Amélie : Je suis là !
MC : Alors, tu es comédienne et professionnelle de la voix, tu accompagnes aussi les professionnels dans leur prise de parole en public ou leurs enregistrements, on en parlera. Et ton objectif c’est un peu de montrer que au final tout le monde peut utiliser sa voix peu importe son métier. Ça peut être un outil qui est plus accessible qu’on ne le croit.
A : Exactement et surtout on s’en sert tellement souvent, dans plein de métiers que je trouve que c’est important de savoir la manier, de savoir véhiculer des émotions, de … Enfin voilà moi mon but c’est justement de rendre ça beaucoup plus agréable pour tout le monde parce que c’est souvent malheureusement une notion de stress de devoir parler en public, face caméra, au micro.
Mais ça arrive à tout le monde et même moi à la première, donc c’est normal justement de dédramatiser aussi là-dessus c’est il y a pas de souci quoi.
MC : Alors, justement comment tu en es arrivée à ces métiers-là ? Est-ce que tu as commencé par être comédienne ? Est-ce que ça a toujours été quelque chose qui t’a plu le fait de travailler ta voix ou pas du tout ? Est-ce que tu étais peut-être timide avant, comment tu en es arrivé là ?
A : Alors, je crois que je n’ai jamais été timide. (rires) C’est vraiment pas ce qu’on peut dire de moi. J’ai toujours aimé la scène, que ce soit dans la danse ou le théâtre que j’ai découvert quand j’avais 10 ans. Et ça a été pour moi une évidence qu’il fallait que je sois devant un public. Il y a une espèce de magie du spectacle vivant qui fait que dès que je suis sur scène, que les projecteurs s’allument, je suis à la fois tout à fait moi et tout à fait quelqu’un d’autre, enfin je trouve ça fabuleux ! Donc au départ, effectivement, je suis comédienne, c’est vraiment mon parcours de vie : comédienne de théâtre, professeure de théâtre aussi, assez rapidement. Et d’ailleurs l’enseignement ça a aussi été un coup de cœur pour moi, je me suis rendu compte que c’était facile, que c’était évident pour moi de transmettre ma passion et mes connaissances, et aussi que ça m’apportait beaucoup en tant que comédienne d’avoir des élèves, même des amateurs. Donc ça a vraiment une super découverte pour moi, j’ai donné les cours de théâtre pendant 12 ans à peu près sur Lyon principalement. Et à tous types d’élèves, de tous âges, tous milieux, toutes origines. Donc ça c’était chouette. Et la voix, j’ai découvert en fait un peu sur le tard on va dire, j’ai découvert ça en 2015.
J’ai fait une première formation de voix off dans une école qui s’appelle L’école de la voix, qui est dans l’Ouest Lyonnais. Et ça a été aussi pareil révélation : être derrière un micro je me suis dit mais « Waouh !! » En fait, je peux faire la même chose que ce que je fais sur scène mais différemment, y prendre autant de plaisir, même si le public n’est pas là tout de suite devant moi. On peut faire tellement de choses avec sa voix. Je me suis dit : « OK ça c’est un truc que je veux continuer. » Et du coup, j’ai continué à faire des formations, à m’entraîner, et à m’équiper pour pouvoir m’enregistrer directement depuis chez moi. Et ben je me suis pas arrêtée quoi ! Et en fait même après la tendance c’est inversée, c’est que je fais maintenant beaucoup plus de voix que de théâtre. Il y a aussi eu le Covid qui est passé par là qui a fait que forcément la voix pour moi c’était beaucoup plus facile de travailler dans ce secteur-là. Et du coup, j’ai un petit peu laissé le théâtre de côté mais j’y reviens là tranquillement.
MC : On te retrouvera au Festival d’Avignon un de ses jours.
A : Je ne sais pas parce que c’est quand même un sacré, un sacré truc mais peut-être. On ne dit jamais, jamais hein !
MC : Écoute, tu seras la bienvenue en tout cas. Donc, aujourd’hui, tu fais des voix off. Quand on entend voix off on se dit souvent que c’est plutôt des voix off dans des films, toi tu fais aussi des livres audio, tu fais plein de choses en fait avec ta voix, tu peux nous expliquer ?
A : Alors, je fais du doublage ce que tu dis enfin dans les films tout ça, c’est plutôt du doublage. Il y a aussi ce qu’on appelle le voice over, c’est par exemple quand tu vas regarder un documentaire qui a été traduit de l’anglais au français, on entend la voix de la personne originale derrière en fond et par-dessus on entend une voix en français, donc ça c’est du voice over. J’en fais aussi de temps en temps et je fais aussi beaucoup de voix off. Et alors comme tu le disais c’est très, très vaste. Il peut y avoir autant de la publicité sur internet, sur la radio, à la télé ; il peut y avoir aussi des podcasts ; il peut y avoir ; il peut y avoir des attentes téléphoniques, du e-learning donc tout ce qui est contenu pédagogique pour des entreprises, aussi pour apprendre des fois des process. Donc ça c’est quand même aussi une grosse part de mon métier. Et depuis peu, enfin depuis janvier, j’ai commencé le livre audio. Et c’est en plein boom, c’est vraiment un secteur qui est en pleine expansion. Il y a de plus en plus de gens qui écoutent du livre.
Je ne sais pas si c’est lié aussi au rythme de vie des gens et tout ça, ils n’ont peut-être plus le temps de se poser devant un livre.
MC : Trop d’écran.
A : C’est ça, c’est vraiment quelque chose qui est une grosse tendance. Pour te dire, l’an dernier le studio avec lequel je travaille enregistrait à peu près 8 livres audio par mois, actuellement on est sur 40 par mois à peu près.
MC : C’est énorme !
A : Oui, donc il y a vraiment une tendance qui se dessine et qui se confirme. Donc là, je fais beaucoup de livres audio et là c’est aussi encore une fois un travail différent parce que c’est des journées entières dans un studio, dans une cabine à faire de la narration et aussi à jouer les personnages de temps en temps quand il y a des dialogues.
MC : Oui parce que c’est ça le livre audio, c’est pas juste lire le livre, il y a quand même une interprétation et là ton métier de comédienne il est hyper important.
A : Exactement, c’est vraiment pour moi c’est deux métiers en un de faire du livre audio. C’est parce que comme tu le dis, il faut savoir jouer interpréter des personnages et puis des fois, j’ai des personnages d’homme à interpréter donc faut que je rende ma voix un peu plus grave, que je donne un côté un peu plus macho, virile, … Et puis, il y a aussi tout l’aspect lecture qui est très important parce qu’il y a des passages de narration et donc là il faut avoir une bonne diction, une bonne élocution. Il faut avoir ce qu’on appelle une lecture anticipée, c’est-à-dire que je peux pas commencer ma phrase sans avoir déjà mon œil droit qui lit la fin de la phrase pour pas me retrouver surprise. Donc ça demande une concentration qui est qui est dingue et en même temps c’est hyper intéressant.
MC : Et on t’envoie les textes avant comment ça se passe ?
A : On peut me les envoyer, mais tu sais j’ai pas forcément le temps de lire enfin voilà il y a aussi mon rythme de lecture personnel . Après, si on m’envoie le texte, je peux un petit peu y jeter un œil mais j’aurais pas forcément lu tout le livre avant. Après ça va être aussi le travail de l’ingénieur du son qui est en collaboration avec moi sur le livre audio de me dire attention, à ce moment-là, il faut faire plus comme ci, comme ça ou si je me trompe par exemple de me reprendre et de me dire attention là tu n’as pas dit le bon mot, c’est un travail vraiment d’équipe.
MC : Ça veut dire qu’avant l’ingénieur du son il a travaillé sur le texte pour se dire là faut mettre telle intonation ?
A : Alors ça c’est plutôt les chargés de projet qui vont le faire en amont qui vont essayer de déceler si dans le texte il y a des subtilités ou des choses particulières, qui vont nous faire une ce qu’on appelle une fiche réal’ où on va avoir des indications sur les personnages sur l’histoire de manière générale. L’ingénieur du son, il est comme moi, il découvre le jour J en général le texte.
MC : Mais ça ne doit pas être évident au final ! Parce que là je voyais, des fois tu partages sur ton compte Instagram des petits bouts de tes expériences de lecture : une fois tu fais l’otarie, le lendemain tu parles allemand… Enfin ça t’oblige à avoir une capacité, des compétences assez larges.
A : C’est , d’adaptation, exactement, mais c’est pour ça je dis avec la voix on peut faire tellement de choses en fait. Et puis après ça fait travailler son oreille, on écoute par exemple quand c’est des termes étrangers, on va écouter pour essayer d’être le plus proche possible de la prononciation dans la langue définie. Donc c’est vraiment un travail d’écoute et de restitution au plus fidèle.
MC : Ça doit être passionnant ! Et alors en combien de temps tu enregistres un livre, tu as une pression sur un timing ?
A : De manière générale dans la voix off on a une pression constante sur les timings mais ça je pense que c’est dans beaucoup de métiers hein. Il faut rendre les choses la veille comme on dit voilà c’est un peu ça. Mais pour les livres , en tout cas, pour le temps d’enregistrement on dit en général que pour 1 heure d’écoute de la personne qui va télécharger le livre, il faut à peu près 2 heures d’enregistrement.
Voilà, donc sur un livre audio qui va être durer 10 heures d’écoute pour le lecteur / l’auditeur, ça va être 20h d’enregistrement pour moi. Et là sur le livre dont tu parlais où j’ai beaucoup de termes polonais, allemand, informatiques et cetera, on est encore sur le triple.
MC : Ça veut dire que tu as un casting ? Et donc on t’envoie un extrait, enfin que tu fais un casting comme une comédienne pour une pièce de théâtre ou pour un film ?
A : Exactement ! Mais de manière générale, pour la voix off, il y a souvent un casting à faire, un petit extrait à enregistrer puis envoyer, d’où l’intérêt d’avoir mon home studio pour pouvoir le faire parce que sinon je serais obligée de me déplacer tout le temps en studio juste pour les castings.
Et puis après effectivement, c’est soit le client final soit la boîte de prod’ qui va choisir la comédienne entre les différentes possibilités.
MC : Et alors quel type de texte tu aimes faire toi ?
A : J’aime faire vraiment plein de choses. En fait, je crois que travailler avec ma voix c’est ma passion donc j’aime vraiment tout faire. Mais même du e-learning, du médical ça me passionne aussi je trouve ça hyper intéressant. J’essaie de m’amuser sur tout, voilà c’est ça j’essaie de m’amuser sur tout en fait. C’est vraiment mon objectif, c’est que même quand c’est un peu désagréable ça devienne quand même agréable pour moi et pour l’auditeur après, parce que je me dis la personne qui va devoir s’écouter le texte, j’ai envie qu’il y prenne du plaisir, ou que ça soit facile ou que ça soit clair.
MC : Oui, parce qu’on l’entend obligatoirement, si toi tu ne prends pas de plaisir ça va s’entendre et ça ne va pas le faire quoi.
A : Tout à fait ! Moi, je mets toujours du sourire dans ma voix au maximum pour tous les projets .
MC : Et alors ta voix, tu l’entraînes, tu la travailles, tu fais des exercices tous les jours comme un sportif de haut niveau, comment ça se passe ?
A : Alors, je fais pas tous les jours des exercices, mais tous les jours quasiment je vais prendre la parole que ce soit au micro, ou face caméra, ou sur scène ou autre, donc je fais toujours un petit échauffement, au moins des étirements un peu tu vois des maxillaire, tout ça… Je bois aussi beaucoup, je m’hydrate parce qu’il faut vraiment éviter les bruits de bouche quand on travaille au micro, donc je bois beaucoup. Quand j’enregistre par exemple de 9h jusqu’à 18h, j’ai une gourde d’un litre, que je remplis je crois six fois dans la journée. Ça paraît dingue !
MC : Toi, sur les nombres de litres qu’il faut boire par jour, pour toi c’est bon !
A : Je suis même au-delà, c’est même voilà (rires) Mais c’est nécessaire pour pouvoir éviter tous ces bruits de bouche et pour pouvoir tenir le rythme aussi et ne s’abîmer la bouche, la gorge, la voix.
MC : Et alors justement, si tu as des conseils à donner, comment on peut si on doit prendre la parole en public, par exemple on est président d’association, quand on fait une AG, pas forcément en étant comédienne, même dans la vie de tous les jours quand on présente des choses, comment on fait pour ne pas trop forcer sa voix et réussir à la garder un peu dans la longueur si on parle longtemps ?
A : Alors le conseil principal, c’est déjà de travailler sa respiration. Donc avant d’entrer sur scène, ou de prendre la parole au micro face caméra, ça va être de respirer en faisant rentrer de l’air dans le bas du ventre au niveau des abdos et de souffler tranquillement de le faire plusieurs fois. Et quand on prend la parole justement, d’avoir cette sensation que la voix n’est pas dans la gorge, figée dans la gorge, mais qu’elle est plus bas. Donc peut-être descendre d’un ton sa voix, de parler un peu plus grave et que vraiment on a l’impression que c’est le ventre qui travaille, normalement on est censé avoir mal aux abdos à la fin et pas à la gorge. Donc ça c’est vraiment le conseil principal, c’est le souffle. Ensuite, dans les conseils un peu plus anecdotiques, mais qui quand même peuvent servir, c’est donc de s’hydrater comme je le disais, éviter le café parce que le café va avoir tendance à assécher un peu la bouche ,à provoquer des bruits de bouche, éviter aussi tout ce qui est alcool bien évidemment, ça c’est pareil ça déshydrate.
MC : Pourtant ça détend ! A : Oui, c’est ça !! (rires) Ou alors il faut le faire assez longtemps avant pour éviter justement que ça soit encore trop dans la bouche. Les fromages aussi : se faire une raclette avant un enregistrement c’est une très mauvaise idée parce que tout ce qui est gras dans la bouche, ça ne va pas aider. Et dans les choses qui peuvent aider : Croquer dans une pomme, une pomme verte par exemple ça peut faire saliver, et bien hydrater la bouche donc ça c’est dans les choses qui fonctionnent bien.
MC : Oui parce que le stress créer justement cette sensation de bouche un peu sèche, pâteuse et de plus avoir de voix et d’être un peu à court quoi.